Marine Devillers a réalisé le recensement du bâti et l'étude des communes de Lanmérin et Trézény (22) dans le cadre de son stage de Master 2 restauration et réhabilitation du patrimoine bâti à l'Université Rennes 2 en 2017 (9 mai - 9 novembre).
- inventaire topographique
- inventaire topographique, Lannion-Trégor Communauté
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Lézardrieux
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Commune
Pleudaniel
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Lieu-dit
Kernec'h Riou
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Cadastre
1952
E1
88
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Dénominationsmanoir
Le manoir de Kernec’h Riou est la propriété de la seigneurie de Kernec’h Riou dont les armoiries sont « écartelé d'argent et de sable ».
Il arrive de trouver l’appellation du manoir et de la famille orthographiée de différentes manières au cours des âges : Kernechriou, Kernec’h Riou, Kernec’hriou, Kernéchriou, etc.
Cette seigneurie dépendait, à l’instar des autres familles nobles de Pleudaniel, de la seigneurie de Botloy-Lézardré.
La seigneurie de Kernerc’h Riou possède un droit de moyenne et basse justice qui s’exerce à Pouldouran.
Lors de la Réformation des fouages de 1426, Rolland de Kernech’riou est mentionné parmi les nobles de la commune. Il est également fait mention du manoir de Knech Riou (appartenant à Rolland Knechriou, exploité par Alain Toullic), de Pos Sabaz (appartenant à Rolland de Knechriou, exploité par Merian le Métaier) et de Ker Rezquant (appartenant à Olivier de Knechriou, exploité par Allen Collic).
A la "montre" (réunion de tous les hommes d'armes) de Tréguier de 1481, on comptabilise la présence de 4 nobles de Pleudaniel dont : - Raoul de KERNECHRIOU de Kernéchriou (160 livres de revenu) : porteur d’une brigandine et comparaît en archer.
En 1553, la branche aînée des Kernec’h Riou se fond dans Cosquer.
En 1829, selon les états de section du cadastre ancien, le propriétaire de Kernec’h Riou est Yves-Marie Huerou.
Le manoir de Kernec’h Riou, aujourd’hui détruit, est datable du début du 15e siècle. Selon une analyse dendrochronologique effectuée en 1985 sur la charpente du logis par le professeur Meirion Jones, ce bâtiment daterait précisément de 1432.
Les ouvertures de l’étage de la façade sud du logis ainsi que son pignon ouest subissent des remaniements en 1742 (date portée à l’angle sud-ouest de l’élévation sud et au centre du pignon ouest).
La travée centrale du porche d’entrée à porte piétonne et porte charretière date certainement du 15e siècle tandis que les parties latérales du bâtiment ont, elles aussi, subi des modifications importantes au 18e siècle (certainement une reconstruction au vue des matériaux utilisés et de la forme des encadrements employés).
Le manoir est certainement déclassé en ferme, à la fin du 18e ou au début du 19e siècle.
En 1990, le manoir est décrit comme étant la dépendance en mauvais état d’une ferme.
Selon la tradition orale, le manoir et son porche d'entrée ont été détruits au début des années 2000.
Actuellement, l'ensemble se compose d'un bâtiment d'habitation construit durant le milieu du 20e siècle, de deux dépendances du 19e siècle accolées à ce dernier et de deux dépendances du 19e siècle isolées.
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Période(s)
- Principale : 15e siècle , datation par dendrochronologie
- Principale : 18e siècle , porte la date
- Secondaire : 19e siècle
- Secondaire : milieu 20e siècle
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Dates
- 1742, porte la date
Le manoir de Kernec’h Riou est situé en hauteur, à 53 mètres d’altitude. Cela fait écho à la toponymie du lieu ; Krec’h signifiant « côte, colline » en breton.
Les états de section du cadastre signalent en 1829, au lieu-dit Kernec’h Riou, en plus du logis (parcelle 110), la présence de :
- l’entrée de Kernec’h Riou, qui est un chemin prenant naissance plusieurs centaines de mètres au nord-ouest du manoir pour aboutir devant le porche d’entrée se trouvant à l’ouest du logis (parcelle 108),
- une chapelle, sous le patronage de Saint-Symphorien, qui semble signifiée en ruines et qui se trouve au bord du chemin d’entrée (parcelle 103),
- le bois dans lequel prend place la chapelle (coat ar chapelle parcelle 102),
- le parc près duquel la chapelle est positionnée (parc ar chapelle),
- ce qui semble être une place publique au sud-est du manoir (parcelle 115 nommée placen Kernec’h Riou),
- un colombier signifiée en ruines à l’ouest du logis (parcelle 107),
- un(e) mazière (parcelle 111, signification inconnue) signifié(e) dans la continuité sud du manoir,
- quatre parcs (parcelles 101, 106, 118 et 119), en plus de celui de la chapelle, tous situés au nord-est du manoir. Deux d’entre eux sont nommés parco babelan (parcelles 118 et 119, toponyme à la signification inconnue),
- un pré (prat Kernec’h Riou, parcelle 104),
- deux bois (parcelles 113 et 114), en plus de celui de la chapelle, situés au sud du logis,
- un jardin accolé au porche et à la dépendance sud du logis (parcelle 109),
- un verger (parcelle 112) accolé à l’est du logis,
- une parcelle réservée, semblerait-il, à la culture de chênes (ar Mezec parcelle 105. Mezec signifie fruit du chêne en breton).
En 1829 et en 1977, l'ensemble de plan carré forme une cour quasi fermée ; seul un passage subsiste au sud-est (en plus du passage permis par le porche présent à l’ouest).
En 1829, le manoir se compose d’un logis à priori de plan rectangulaire avec une tour demi hors-œuvre sur sa façade est, d’un porche d’entrée et d’une dépendance isolée.
En 1977, le manoir se compose d’un logis de plan rectangulaire (perte de l’aile est remplacée par une maison construite durant le milieu du 20e siècle), du porche d’entrée, de deux dépendances accolées à la maison (une grange et ce qui est certainement un ancien logis de ferme avec un escalier extérieur sur le pignon sud) et de deux dépendance isolées et en ruines (dont une grange à pilier monolithe en granite). Aujourd’hui, le porche d’entrée et le manoir ont disparu tandis que les autres bâtiments subsistent.
Au vue des photographies réalisées en 1977, les bâtiments (exceptée la maison réalisée au 20e siècle) sont édifiés en moellons équarris ou non de grès, de schiste et de granite. Seule la travée centrale du porche et une partie du pignon ouest du logis sont réalisés en pierre de taille de granite. Les encadrements des ouvertures de cet ensemble sont en bois et/ou pierre de taille de granite.
Le logis se compose d’un rez-de-chaussée suivi d’un étage carré puis d’un étage de comble. La façade principale orientée sud-est présente une élévation non ordonnancée à huit travées irrégulières (deux d’entre elles sont signifiées par la présence discrète de jours permettant l’éclairage des deux escaliers dans-œuvre). Les ouvertures du bâtiment possèdent des proportions et encadrements hétéroclites ; celles du rez-de-chaussée sont à priori les originelles (fenêtres chanfreinées à meneau et traverse, porte à arc plein brisé chanfreiné) exceptée la porte ouest (porte à arc plein cintre chanfreiné) certainement modifiée à la même période que les ouvertures de l’étage (linteau droit à claveaux).
Le logis est couvert en ardoise et est à pignons découverts. Il possède quatre souches de cheminée doubles et polygonales réalisées en schiste et décorées de plaques d’ardoise, en leur sommet, fichées dans l’enduit. Ces souches sont caractéristiques du Trégor du 15e siècle tout comme celles du château de la Roche-Jagu à Ploëzal et celles du manoir du Carpont à Trédarzec.
Le logis présente un plan rectangulaire simple (29 mètres de long contre 39 mètres au manoir de Kerdeozer) et simple en profondeur (7 mètres à l’instar du manoir de Kerdéozer). L'intérieur est accessible seulement par le rez-de-chaussée de la façade sud-est ; par trois portes d’entrée. Deux portes d’entrée ont été murées au rez-de-chaussée de la façade nord.
Selon un plan du logis consultable au sein de la fiche de pré-inventaire réalisée en 1977 sur ce bâtiment, le rez-de-chaussée de ce dernier se compose de trois pièces séparées par deux murs de refend.
La pièce ouest est une étable, la centrale un cellier et celle qui se trouve à l’est n’a pas de fonction définie.
L'accès à l’étage et aux combles se fait par deux escaliers en vis dans œuvre logés au sein du mur de façade sud-est et positionnés aux deux extrémités de la pièce centrale. Celui qui se trouve à l’ouest du cellier est en bois tandis que celui qui se trouve à l’est est en granite. Leur positionnement est lisible depuis l’extérieur de par la présence de petits jours.
Le premier étage se composait, à l’origine, de trois pièces chacune chauffée par une cheminée engagée dans le mur de refend ou pignon.
Le second et dernier niveau est occupé par les combles, certainement habitables, dans lesquels se trouve une charpente à entraits retroussés et des cheminées.
Certains historiens avancent l’hypothèse selon laquelle, le logis de Kernec’h Riou se composait, au vue de son architecture, de trois habitations séparées. Ainsi, il est fort probable que ce bâtiment ait été construit comme un ensemble de logements à destination d’invités. L’absence de cuisine, cave ou pièce de service conforte cette idée de même que le nombre important de latrines pour les chambres.
Ce manoir est à rapprocher de celui de Kerdéozer à Pleudaniel (souches de cheminées polygonales) ainsi que du château de la Roche-Jagu à Ploëzal (souches de cheminées polygonales).
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Murs
- granite moellon
- schiste moellon
- granite pierre de taille
- grès moellon
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Toitsardoise
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Étages1 étage carré
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Élévations extérieuresélévation à travées
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Couvertures
- toit à longs pans
- pignon
- ruellée
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Escaliers
- escalier dans-oeuvre
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État de conservationdétruit
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Statut de la propriétépropriété privée
- (c) Archives départementales des Côtes-d'Armor
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Lannion-Trégor Communauté
- (c) Lannion-Trégor Communauté
- (c) Lannion-Trégor Communauté
Documents d'archives
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Série 3 P. Fonds du cadastre ancien. Tableau d'assemblage et plans parcellaires de la commune de Pleudaniel, 1829.
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Série 3 P. Fonds du cadastre ancien. Tableau d'assemblage et plans parcellaires de la commune de Pleudaniel, 1829.
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Canton de Lézardrieux (22). Pré-inventaire de la commune de Pleudaniel par Catherine Toscer et Christelle Douard assistées de Arthur Guy pour les photographies, 1977. Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel).
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Canton de Lézardrieux (22). Pré-inventaire de la commune de Pleudaniel par Jean-Pierre Ducouret, 1986. Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel).
Bibliographie
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Le patrimoine des Communes des Côtes d'Armor. Paris : Flohic éditions, 1998.
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COLLECTIF. Le manoir en Bretagne : 1380-1600. Paris, Monum, Cahiers de l´Inventaire, Imprimerie nationale Editions, Inventaire général, 1993, 348 p.
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DESHAYES, Albert. Dictionnaire des noms de lieux bretons, Le Chasse-marée - Ar Men. Douarnenez, 1999, 605 pages.
Périodiques
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Cercle d'Histoire et d'Archéologie de la Presqu'île (C.H.A.P.), Les cahiers de la Presqu'île, N°2, C.H.A.P. et Imprimerie Henry, Pédernec, 1997.
Chargée d'études à l'Inventaire
Marine Devillers a réalisé le recensement du bâti et l'étude des communes de Lanmérin et Trézény (22) dans le cadre de son stage de Master 2 restauration et réhabilitation du patrimoine bâti à l'Université Rennes 2 en 2017 (9 mai - 9 novembre).
Chargée d'études à l'Inventaire