Dossier d’œuvre architecture IA00004744 | Réalisé par ; ; ;
Dupont Flavie (Rédacteur)
Dupont Flavie

Etudiante à l'Université Rennes 2, master 2 Histoire, civilisations et patrimoine double parcours Histoire et Sciences-sociales et parcours Médiation du Patrimoine de l'Histoire et des Territoires.

Dans le cadre d'une étude sur les châteaux parlementaires costarmoricains pour la réalisation d'un mémoire de recherche historique sur les châteaux habités par des parlementaires bretons. En partenariat avec l'association VMF et la Région Bretagne.

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  • inventaire topographique
  • inventaire topographique, Communauté de communes de Caulnes
  • enquête thématique régionale, Inventaire des demeures parlementaires en Bretagne
Château de Couëllan (Guitté)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Parc naturel régional de la Vallée de la Rance - Côte d'Emeraude - Caulnes
  • Hydrographies Rance (la)
  • Commune Guitté
  • Lieu-dit Couellan
  • Cadastre 1951 A3 790
  • Dénominations
    château
  • Parties constituantes non étudiées
    chapelle, communs, orangerie, puits, parc, pressoir

Le logis est bâti d´ouest en est sur un glacis : le pavillon ouest conçu au bas de la pente avec un niveau de soubassement à l´origine isolé : une terrasse, au devant de sa façade sud, soutenue par un mur en pierre de taille permettant de racheter la pente du terrain a été ajoutée probablement dans la seconde moitié du 17e siècle. On y accède par un escalier en fer à cheval, établi dans l´axe de l´entrée principale du logis. Les communs, et la chapelle s´intégraient dans une enceinte à caractère défensif. Dans les parties du logis remontant au 17e, toutes les fenêtres, y compris les lucarnes présentent des gonds pour accrocher des grilles de fer.

Le prolongement du 18e siècle reprend du parti originel la répartition des matériaux, la corniche à modillons cubiques, et les lucarnes à frontons curvilignes, du moins pour la façade principale, tous éléments qui contribuent à rendre homogène la perception d´ensemble. Il s´en distingue toutefois sensiblement par le rapprochement des travées, un avant-corps plus étroit mais plus ouvert, et l´adoption de fenêtres en arc segmentaire dont l´appui est légèrement surbaissé (pour faire entrer davantage la lumière à l´intérieur des pièces) et de lucarnes à linteau en arc segmentaire. Le soulignement des angles par des chaînes de refends est également à mettre au compte des traits de style de l´architecture des ingénieurs au 18e siècle.

(Véronique Orain/Jean-Jacques Rioult, inventaire topographique, 2009)

Château construit vers 1620. 2e campagne au milieu du 18e siècle. Le pavillon nord-est du corps principal porte la date 1748. L'orangerie porte la date 1753. La chapelle date de 1762. L'aile de communs est remaniée. Le portail d'entrée nord-est provient du château de Latay en Guenroc (déplacement vers 1929).

(Jean-Pierre Ducouret, inventaire topographique, 1966)

Un manoir est mentionné au 15e siècle à Couellan, appartenant à une famille de l´Hermine, transmis à une famille Boisjean ou du Boisjean. Il est fortement endommagé pendant les guerres de la Ligue. Le château actuel est construit vers 1620, pour Simon Hay des Nétumières, qui épouse en 1603 Madeleine du Boisjean, dame héritière de Couellan. La première campagne de travaux concerne le pavillon sud ouest du logis, la chapelle, un pavillon construit au nord-est, dans l´alignement de celle-ci, pour loger le chapelain, un mur d´enceinte au sud (aujourd´hui disparu) comprenant un portail à pont-levis ainsi que d´importants communs édifiés en contrebas sur le bord ouest de l´enceinte. Une terrasse est ajoutée devant le logis probablement à la fin du 17e siècle ; des jardins en terrasses sont aménagés à cette époque à l´est. Le pavillon du chapelain est doublé en 1748. Une orangerie, à l´est de ce pavillon est édifiée en 1753 (date portée). Le corps principal du logis, resté inachevé, est terminé au sud et prolongé vers le nord par une grande aile en retour d´équerre entre 1775 et 1777 pour la famille de Saint-Pern. A la fin du 19e siècle, les abords immédiats du château sont transformés et l´ancienne cour principale transformée en parc paysager : le mur d´enceinte au sud est détruit, et le portail déplacé remonté le long de la route menant à Caulnes. L´ancienne grille provenant du château du Lattay à Guenroc, autre propriété de la famille de Saint-Pern, est remontée à l´entrée du bois de Couellan en 1929.

(Véronique Orain/Jean-Jacques Rioult, inventaire topographique, 2009)

Les origines du château de Couëllan remontent au 15e siècle, comme le mentionne une enquête de 1447, qui indique que Guillaume l'Hermine possède un « hostel » de Couëllan. Ce manoir fortifié, doté d'un pont-levis, d'un mur d'enceinte percé de meurtrières et de tours à chaque angle, conserve aujourd'hui très peu de ses éléments. Le château du 17e siècle de Couëllan incarne un modèle de demeure à la fois défensive et résidentielle, qui conserve ou reconstruit les fortifications du manoir primitif tout en offrant un vaste logis confortable, éclairé par de grandes baies protégées par des grilles défensives.

La toponymie du lieu demeure incertaine. Plusieurs hypothèses existent, dont l'une en lien avec la langue bretonne, où "Couëllan" serait la contraction du breton Coët (le bois) et Lan (l’ermite ou l’ermitage). Le lieu pourrait alors être associé à l'abbaye de Saint-Méen-le-Grand, un centre de rassemblement pour ceux cherchant la vie monastique en pleine forêt, située à moins de dix kilomètres du château. Toutefois, aucune source ne confirme cette hypothèse.

Les différents propriétaires du château de Couëllan

Les Boisjean (1503-1597)

Vers 1503, le domaine de Couëllan passe de la famille de l'Hermine à celle des Boisjean, grâce au mariage de Jeanne de l'Hermine et Allain du Boisjean, un archer ayant participé à la guerre de Succession de Bretagne. Ce mariage permet aux Boisjean d’étendre leur domaine, annexant terres, bois, métairies, moulins, et renforçant les fortifications du manoir, notamment par la construction d’un donjon.

Jean du Boisjean, arrière-petit-fils d’Allain, doit faire face à de nombreuses crises : épidémies de peste en 1583 à Caulnes, troubles liés aux guerres de la Ligue (1572-1595), et son château est même incendié en 1591 par les troupes du duc de Mercœur, meneur des ligueurs catholiques. N'ayant pas les moyens de reconstruire son manoir, la demeure ne renaît qu'au début du 17e siècle, grâce au mariage de Magdeleine du Boisjean, fille de Jean, avec Simon Hay des Nétumières en 1595. Ce mariage améliore la situation financière des Boisjean et rapproche les Hay des Nétumières du Parlement de Bretagne, jusque-là inaccessible du fait de leur attachement à la foi protestante. Le trumeau de la cheminée du deuxième étage, décoré d’une peinture représentant une chasse à la licorne et portant la date de 1620, pourrait indiquer la fin des travaux.

La famille Hay (1597-1703)

Simon Hay fonde une dynastie parlementaire, succédant à son père Jean Hay des Nétumières, conseiller au Parlement. Il transmet à son fils, Paul Hay, la charge de conseiller non-originaire, qu’il transmet ensuite à son propre fils, Siméon Hay. La charge de conseiller non-originaire diffère de celle de conseiller originaire par l’origine du magistrat : bretonne ou française. Ainsi, la charge non-originaire correspond à l’origine française. Cette différenciation est très importante au 16e siècle mais n’est plus qu’une distinction nominale au 18e siècle. Les trois générations de Hay siègent au Parlement de Bretagne pendant 89 ans (1594-1683). La famille Hay est le principal commanditaire du château de Couëllan et réalise les travaux majeurs de la demeure. Le château témoigne ainsi de l'ascension sociale de cette famille parlementaire et reflète son statut nobiliaire.

La famille de Saint-Pern (1715-1789)

Au décès de Siméon Hay et de sa femme Catherine Doisseau, leur fille unique, Renée-Catherine Hay, hérite du domaine en 1703. Elle épouse Jean-Baptiste de Derval, seigneur de Brondineuf. Le château de Couëllan passe ainsi par alliance aux Derval, mais seulement pour une génération.

En 1715, Marie-Françoise-Angélique de Derval, petite-fille de Siméon et Catherine, hérite du château et se marie avec Pierre Mathurin Bertrand de Saint-Pern, conseiller originaire au Parlement de Bretagne de 1714 à 1730. Ce dernier déclare auprès des notaires que le château de Couëllan est sa résidence principale. Cependant, il réside principalement dans son hôtel particulier à Rennes, près du Parlement, ainsi qu'au château de Brondineuf (Sévignac). Son fils René-Célestin de Saint-Pern, qui poursuit une carrière militaire, fait de Couëllan sa résidence principale lors de sa retraite et poursuit les travaux commencés par Siméon Hay. Il ajoute de grandes dépendances, prolonge le manoir Louis XIII à l’est avec une aile en équerre, aménage des jardins paysagers et détruit la clôture primitive à l’est. En 1753, il termine l’aménagement d’une orangerie et refait la chapelle en 1762.

Le domaine de Couëllan au XVIIIe siècle

Un aveu de Renée Catherine Hay, daté de 1703, permet d'estimer l'étendue du domaine à l’époque. Celui-ci comprend une chapelle (probablement présente dès le 15e siècle et refaite vers 1762), un colombier situé au centre de l’avenue menant au château depuis Caulnes, ainsi qu’une cour, des jardins, des bois, des taillis, des avenues, un vivier et quatre moulins. Le domaine s’étend également sur 147 pièces de terre et une rabine de 30 journaux, soit environ 10 hectares.

Le château est saisi pendant la Révolution et vendu comme bien national à Jourdain de Coutance. En 1805, Jean-Louis-Bertrand de Saint-Pern rachète le domaine.

(Flavie Dupont, Inventaire thématique des demeures parlementaires, 2025)

  • Remplois
    • Remploi provenant de Commune : Caulnes
    • Remploi provenant de Commune : Guenroc
  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 17e siècle
    • Secondaire : milieu 18e siècle
    • Secondaire : 3e quart 18e siècle
    • Secondaire
    • Secondaire : 2e moitié 17e siècle
  • Dates
    • 1620, daté par source
    • 1748, porte la date, daté par source
    • 1753, daté par source, porte la date
    • 1762, daté par source
  • Auteur(s)
    • Personnalité :
      Hay Simon
      Hay Simon

      Simon Hay est le fils de Jean Hay, seigneur du Plessis et des Nétumières, conseiller originaire au Parlement de Bretagne. Son frère aîné, Paul, baron des Nétumières, était également conseiller au Parlement. N'étant pas l'aîné, Simon fonde une branche cadette des Hay de Couëllan. Né en 1565, il épouse vers 1603 Magdeleine du Boisjean, dame de Couëllan. En 1594, il devient conseiller non-originaire au Parlement de Bretagne, fonction qu'il occupe jusqu’en 1629. Avant sa carrière de magistrat, il sert pendant six ans dans l'armée d'Henri IV. Simon Hay joue un rôle essentiel dans la reconstruction du château de Couëllan, dont il commence les travaux en 1595, mais qui ne sont véritablement achevés qu’en 1620. Il décède le 3 juillet 1635 et est inhumé à Couëllan.

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    • Personnalité :
      Hay Paul
      Hay Paul

      Paul Hay est le fils de Simon Hay et Magdeleine du Boisjean, né probablement vers 1600, à la fin du XVIe siècle. Il est l'unique héritier du domaine après le décès de son frère aîné Jean. Vers 1636, il épouse Françoise Fouquet, fille de Christophe Fouquet et cousine de François Fouquet, qui donnera naissance au futur ministre de Louis XIV : Nicolas Fouquet. Le couple a un fils, Siméon Hay, né le 12 mai 1637. Paul hérite de son père la charge de conseiller non-originaire vers 1628, mais reçoit ses lettres d'honorariat qu'en 1632. Il décède en 1647 et est inhumé à Rennes. Le château de Couëllan n'était pas sa résidence principale, il résidait principalement dans son hôtel particulier à Rennes.

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    • Personnalité :
      Hay Siméon
      Hay Siméon

      Siméon Hay, comte de Couëllan.

      Né le 12 mai 1637 de François Fouquet et Paul Hay de Couëllan. Il est le fils aîné du couple et héritera alors de la seigneurie de Couëllan dont il arrive à l'érigé au rang de Comté. Il épouse Catherine Doisseau en 1662 à Guichen. Ils auront ensemble plusieurs enfants dont Siméon Jacques en 1664 qui sera baptisé dans la chapelle de Couëllan tout juste rénovée et dédiée à Saint-Nicolas, François Hay et Renée-Catherine. Membre du Parlement de Bretagne en tant que conseiller non-originaire de 1663 à 1683 Il joue un rôle clef au château de Couëllan (Guitté) où il réalise une campagne de travaux majeurs et onéreuse. Par un arrêt de 1668, à sa famille d'être déclaré noble d'ancienne extraction et d'obtenir la qualité de chevalier et d'écuyer. , ce qui éteint alors la branche cadette des Hay de Couëllan. L'ensemble des héritiers masculins décèdent, c'est alors Renée-Catherine qui hérite des biens de son père et qui transmet l'ensemble à son époux : Jean-Baptiste de Derval, seigneur de Brondineuf.

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    • Personnalité :
      Saint-Pern Pierre-Mathurin-Bertrand
      Saint-Pern Pierre-Mathurin-Bertrand

      Pierre-Mathurin-Bertrand, seigneur de Brondineuf et de Couëllan.

      Il est né en 1687 au château de Ligouyer (Saint-Pern). Il épouse Marie-Françoise-Angélique de Derval, dame de Couëllan, en 1715 au château de Brondineuf à Sévignac. Il décède à Rennes en 1725, mais est inhumé au château de Ligouyer, à Saint-Pern. Bien qu'il déclare vivre principalement au château de Couëllan, il réside en réalité surtout à Rennes dans son hôtel particulier et à Saint-Pern dans son château. Sa présence à Rennes étant sûrement liée à sa charge de conseiller originaire au Parlement de Bretagne qu'il exerce de 1714-1730. C'est son fils, René-Bertrand-Célestin de Saint-Pern, marquis de Couëllan, qui hérite du domaine et engage une campagne majeure de travaux.

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    • Personnalité :
      Saint-Pern René-Célestin-Bertrand
      Saint-Pern René-Célestin-Bertrand

      René-Celestin-Bertrand de Saint-Pern, marquis de Couëllan.

      Né vers 1716, René-Bertrand-Célestin de Saint-Pern est le fils aîné de Pierre-Mathurin Bertrand de Saint-Pern et Angélique de Derval, dame de Couëllan. Après une carrière militaire, il prend sa retraite vers 1750 et s’installe avec sa femme, Marie-Philippe de l'Ollivier de Saint-Maur, au château de Couëllan (Guitté), qu'il a épousée le 13 février 1741. Il entreprend alors des travaux majeurs au château et fait dessiner des plans par l'architecte Marion vers 1750.

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    • Auteur :
      Marion
      Marion

      XVIIIe siècle.

      Il a notamment réalisé un plan d'avant projet en 1750 pour le château de Couëllan (Guitté).

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Le logis est bâti en granite pierre de taille et en petit appareil de moellons de schiste. Sur la façade principale, l´opposition entre moellons et pierre de taille était destinée à être atténuée par un enduit dont il subsiste des vestiges dans le pignon ouest. Cette mise en œuvre particulière des matériaux a été reprise dans l´extension du 18e siècle. Les communs sont bâtis en moellons de schiste et pierre de taille de granite pour les baies. Le cadastre de 1836 représente le château précédé d´une grande cour au sud ; cette dernière est précédée d´une avant cour ouverte sur le grand chemin de Caulnes, dans laquelle se trouve un bâtiment assez long aujourd´hui disparu, qui possédait sa propre cour. La cour principale du château est représentée fermée au niveau de l´extrémité sud des communs par un mur qui rejoint à l´est la chapelle, aujourd´hui isolée. Au nord du château, une vaste arrière-cour dispose d´un accès direct par son angle nord-ouest sur la route de Caulnes. Les travaux de la seconde moitié du 19e siècle ont transformé en un vaste parterre l´ancienne cour principale. Le logis renferme deux escaliers remarquables qui correspondent aux deux principales campagnes de construction du château. Celui du 17e siècle, rampe sur rampe, de part et d´autre d´un mur d´échiffre plein, est constitué de volées droites portées par des berceaux voûtés rampants. Celui du 18e siècle, suspendu dans une large cage occupe les deux dernières travées et toute la profondeur de l´aile en retour d´équerre : il est éclairé sur trois de ses côtés.. Curieusement construit en bois, il conserve sa belle rampe d´origine en fer forgé avec ornements de tôle repoussée, caractéristique du début du règne de Louis XVI."

(Inventaire topographique, Communauté de communes de Caulnes, 2009)

Le château de Couëllan, situé à Guitté, bénéficie d'un emplacement privilégié près de la rivière de La Rance. Au 15ᵉ siècle, un manoir fortifié existe sur ce site, dont il reste aujourd'hui deux tours intégrées dans les communs et des pierres dans les murs du château actuel. Au fil des siècles, le château subit plusieurs agrandissements. Le premier, vers 1620, est entrepris par Simon Hay des Nétumières, suivi d'une autre phase en 1650 avec Siméon Hay, petit fils du précédent et enfin une troisième campagne au milieu du 18ᵉ siècle par René Célestin de Saint-Pern, neveu du précédent. Le domaine comprend aujourd'hui le château (1620-1750), une orangerie (1753), une chapelle (1762) et un parc paysager en terrasses.

L’évolution architecturale au gré des campagnes de travaux

À travers les siècles et les différentes campagnes menées par Simon Hay (vers 1620), son petit-fils Siméon Hay (vers 1650) et le militaire René-Célestin de Saint-Pern (vers 1750), le château évolue avec les modes de l'époque. La partie ouest, Louis XIII, est construite vers 1620 et la partie est, construite vers 1750, est dans un style classique, symétrique et solennel. Le château est édifié en pierre de taille en granite pour le rez-de-chaussée et moellons de schiste pour le premier étage avec des baies encadrées de granite. L’ensemble devait être recouvert d’un enduit, conforme aux tendances de l’époque.

Le château est à l'origine entouré de murs et de fossés, avec quatre pavillons à chaque angle : la chapelle (reconstruite en 1762, aujourd’hui isolée), deux tours (intégrées dans les communs) et un pavillon dit du chapelain, relié à l’aile nord du château du 18ᵉ siècle. L'accès à la cour se fait par un pont-levis, aujourd’hui disparu.

Vers 1650, Siméon Hay des Nétumières initie une seconde campagne de travaux de grande envergure. Les fortifications sont abandonnées, et le château se transforme en une demeure classique, plus spacieuse, reflétant la grandeur sociale de ses habitants. Le logis est agrandi à l’est et prend de la hauteur, avec l’ajout d’une terrasse en granite accessible par un majestueux escalier en fer à cheval, orné de ses armoiries (endommagées sous la Révolution). Il reconstruit le pavillon sud-ouest et aménage des terrasses paysagères avec une charmille à l’est du domaine. Il commence l’agrandissement du pavillon du chapelain et entreprend la construction d’une orangerie.

René-Célestin-Bertrand de Saint-Pern, qui fait du château de Couëllan sa résidence principale, termine les travaux entrepris par son oncle, Simon Hay des Nétumières. Il achève la construction de l’orangerie (1753) et du pavillon du chapelain (1748), et prolonge le château vers l’est. Il rénove la chapelle en 1762 et ajoute un corps de bâtiment qui relie le pavillon nord, formant ainsi une aile en retour d’équerre.

L’appareillage du château et des dépendances est principalement en petit appareil de moellon de schiste avec des pierres de taille de granite pour les encadrements de baies et de portes. Quelques décors sont en pierre de calcaire, probablement du falun, comme les souches de cheminées de l’orangerie et du pavillon du chapelain. Les toitures sont couvertes d’ardoises provenant de la carrière de Caulnes.

L’intérieur du château

L’intérieur suit les goûts de l’époque, alliant élégance et fonctionnalité, adapté à la noblesse parlementaire à laquelle appartiennent les Hay des Nétumières. Le château devient plus moderne et confortable au fil des travaux, notamment dans l'aile est du 18ᵉ siècle. Chaque pièce de cette partie possède une cheminée, des boiseries ornées de guirlandes de fleurs, un parquet de type « Versailles » et un plafond mouluré. Les pièces du 17ᵉ siècle sont plus sobres, mais disposent également d'un parquet à chevrons, d'une cheminée et de boiseries, reflétant le prestige et le confort. Cette modernité se manifeste aussi par la présence de grandes baies apportant lumière et confort, contrastant avec les résidences plus anciennes, plus orientées vers la défense. Le château combine ainsi des éléments fortifiés (murs, tours, grilles, pont-levis) et des caractéristiques résidentielles. Cette dualité s'inspire des théories de l'époque, notamment celles de Jacques-Androuet du Cerceau, qui démontre comment un château fortifié peut allier défense et confort. Ses travaux influencent l'architecture du 17ᵉ siècle.

Couëllan reste un château breton, construit avec des matériaux locaux et de taille modeste. Il ne suit pas totalement les dernières tendances architecturales de ses époques de construction. On note notamment l'absence de sous-sol, une innovation importante du 18ᵉ siècle. Cette absence limite l’espace au rez-de-chaussée. La distribution des pièces engendre un ou deux espaces, sans spécialisation précise. Le château est desservi par un escalier en fer à cheval menant à un vestibule et une cage d’escalier Renaissance en maçonnerie, plus simple que l’escalier orné d’une rampe en fer forgé que l’on retrouve dans les grandes demeures de l'époque. Toutefois, des plans réalisés par l'architecte Marion, vers 1750, montrent que René-Célestin-Bertrand de Saint-Pern envisageait un projet de transformation important : agrandir le château, réduire la grande salle pour créer des espaces plus intimes, et spécialiser les pièces pour une plus grande praticité. Le projet incluait aussi la création d’un bâtiment annexe pour la cuisine, relié au château par une galerie. Cependant, ce projet n’a jamais été réalisé, pour des raisons inconnues.

(Flavie Dupont, Inventaire thématique Les châteaux de parlementaires d’Ancien Régime, 2025)

  • Murs
    • granite pierre de taille
    • schiste moellon
    • calcaire
    • enduit (incertitude)
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan régulier
  • Étages
    sous-sol, en rez-de-chaussée, 1 étage carré, étage de comble
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit à longs pans brisés
    • croupe
    • noue
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours sans jour
    • escalier de distribution extérieur : escalier en fer-à-cheval
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour, escalier en équerre en charpente
  • Techniques
    • ferronnerie
  • Représentations
    • armoiries
    • fleur de lys
  • Précision représentations

    L'armoirie sur le puits et le portail d'entrée sont celles de la famille d'Orange.

  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    portail
  • Protections
    inscrit MH partiellement, 1976/02/24
  • Précisions sur la protection

    Façades et toitures du château et du pavillon qui lui est accolé, de la chapelle et du bâtiment des communs transformé en serres (cad. A 790) : inscription par arrêté du 24 février 1976.

Le château possède des jardins paysagers, avec une charmille remarquable, et exploite habilement les dénivelés du terrain, permettant ainsi d'obtenir plusieurs points de vue, tant depuis le haut des jardins que depuis le bas du château. Il convient également de mentionner un portail orné, provenant de l'ancienne propriété du Lattay (château aujourd'hui rasé).

Documents d'archives

  • Archives Départementales des Côtes-d'Armor. 3 P 76. Tableau d'assemblage. 1836.

    Archives départementales des Côtes-d'Armor : 3 P 76
  • Archives Départementales des Côtes-d'Armor. 3 P 76. Guitté : Plan de section A, feuille 3. 1836.

  • AD Côtes-d'Armor. 2E : 345. Fonds Hay. 1390-1900.

    Archives départementales des Côtes-d'Armor : 2 E 345
    AD Côtes-d'Armor. 2E : 345. Fonds Hay. 1390-1900.

Bibliographie

  • DORANGE-POUPINEL, Caroline. Dans le calme et les tempêtes. Marie-Philippe de l'Ollivier de Saint-Maur. Marquise de Saint-Pern et Dame de Couellan..Saint-Suliac : Yellow Concept, 2007.

    DORANGE-POUPINEL, Caroline. Dans le calme et les tempêtes. Marie-Philippe de l'Ollivier de Saint-Maur. Marquise de Saint-Pern et Dame de Couellan..Saint-Suliac : Yellow Concept, 2007.
  • LA MOTTE -ROUGE, Daniel. Chatellenie de Lamballe : Vieilles demeures et vieilles gens. Imprimerie de Châtelaudren. Châtelaudren, 1977. 636 p.

    Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel) : 22 G
    LA MOTTE -ROUGE, Daniel. Chatellenie de Lamballe : Vieilles demeures et vieilles gens. Imprimerie de Châtelaudren. Châtelaudren, 1977. 636 p.
  • D'ORANGE, Caroline. Le château de Couellan et ses seigneurs.

    Collection privée
    D'ORANGE, Caroline. Le château de Couellan et ses seigneurs.
  • POTIER DE COURCY, Pol. Nobiliaire et armorial de Bretagne. Joseph Floch. 1970. 3 vol.

    Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel) : USU sur pl.
    POTIER DE COURCY, Pol. Nobiliaire et armorial de Bretagne. Joseph Floch. 1970. 3 vol.
  • SAULNIER, Frédéric. Le Parlement de Bretagne, 1554-1790. Imprimerie de la Manutention. 1991. 2 vol.

    ISBN : 2-8554-047-X

    Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel) : 35 REN hist
    SAULNIER, Frédéric. Le Parlement de Bretagne, 1554-1790. Imprimerie de la Manutention. 1991. 2 vol.

Annexes

  • Etude d’inventaire sur le canton de Caulnes, 1966 :
Date(s) d'enquête : 1966; Date(s) de rédaction : 1966, 2009, 2025
(c) Inventaire général
(c) Région Bretagne
(c) Université de Rennes 2
(c) Vieilles Maisons Françaises (VMF)
Dupont Flavie
Dupont Flavie

Etudiante à l'Université Rennes 2, master 2 Histoire, civilisations et patrimoine double parcours Histoire et Sciences-sociales et parcours Médiation du Patrimoine de l'Histoire et des Territoires.

Dans le cadre d'une étude sur les châteaux parlementaires costarmoricains pour la réalisation d'un mémoire de recherche historique sur les châteaux habités par des parlementaires bretons. En partenariat avec l'association VMF et la Région Bretagne.

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