LE HAMEAU
L’habitat de Confort-Meilars est dispersé, en écarts plus ou moins importants implantés de façon régulière sur l’ensemble du territoire communal. Hormis les moulins à eaux, peu villages ne possédait qu’un seul feu en 1837 (Kerheu, Lichouarn, Guizec). Le groupement de deux ou trois fermes est le plus fréquent (un peu plus de la moitié des écarts de Confort-Meilars). Les écarts plus importants, qui comportaient une dizaine de foyers, sont peu nombreux : Kervoal, Meilars et Kerc’houanton. Ce dernier était le plus important de la commune avec 13 feux en 1837.
Notons que le rôle habituellement structurant et fédérateur qu’ont les puits et les fours à pains dans d’autres territoires de la région est absent du Cap-Sizun car chaque ferme possède généralement l’un ou l’autre (voire l’un et l’autre). Ici, c’est plutôt le lavoir maçonné à usage communautaire qui remplit ce rôle, bien qu’il soit souvent éloigné du centre du village.
MATÉRIAUX
Le sous-sol de Confort-Meilars est presqu’entièrement granitique. Ce matériau d’extraction locale est utilisé dans la construction des bâtiments.
On se sert du moellon pour le gros œuvre (pignons, élévation postérieure, dépendances) alors que l’usage de la pierre de taille est généralement limité aux chainages d’angles, bandeaux, corniche du toit, souches de cheminées et encadrement des baies. Le moellon enduit est majoritaire sur les façades antérieures des logis.
La pierre de taille, dont l’usage en façade de certains logis et dépendances (puits, crèches à cochon) est assez développé dans les communes de l’ouest du territoire, est ici quasiment absente. Quelques habitations présentent tout de même ce type d’appareillage. Elles ont été étudiées à Lesmeilars et Tromillou.
Le moellon non enduit est de plus en plus visible en façade. En plus des rares maisons élevées en moellons sans volonté d’y poser un enduit, ces dernières décennies ont vu les propriétaires de maisons traditionnelles ôter l’enduit de leur façade dans un but esthétique, motivés par un effet de mode.
LA FERME ET SES BÂTIMENTS
Commune rurale, Confort-Meilars est composée principalement d’anciennes fermes. Elles présentent un ensemble de dépendances variées, aux fonctions spécifiques organisé autour d’un logis à étage. La cour est généralement close de bâtiments agricoles, parfois de murs.
L’écurie
Hormis l’écurie isolée au sud de la cour observée à Lichouarn, ce bâtiment est dans la majorité des cas en enfilade du logis. Une porte intérieure sur le pignon qui sépare les deux bâtiments permet d’y accéder rapidement. Cette profonde connexion entre le logis et l’écurie est accentuée par le fait que leur façade présente souvent le même décor.
On peut encore observer à l’intérieur des anciennes écuries non rénovées un pavage en légère pente vers la porte. Ce système permettait une bonne évacuation des purins. Quelques pierres ont été observés sortant de la maçonnerie, à l’intérieur de la dépendance. Ces derniers servaient à suspendre le collier et les éléments du harnachement du cheval.
L’étable
Moins soignée que l’écurie, cette dépendance indispensable pour abriter les vaches et produire le fumier est en moellons et ne porte pas de décor particulier. Elle peut se trouver dans l’alignement principal ou isolée dans la cour formant parfois clôture. Certaines fermes en possèdent plusieurs.
De taille variable, elles ne peuvent pas accueillir plus de deux ou trois vaches dans leur version la plus simple. Leur façade la plus courante présente trois baies : une porte au centre entourée de deux petites fenêtres plus larges que hautes. Elle est rarement enduite. A l’intérieur, très peu d’aménagements sont visibles sinon les quelques trous d’attaches qui étaient disposées dans la maçonnerie. Ces trous sont de petites cavités aménagées dans le mur où l’on coince une pierre allongée.
Les crèches à cochons
Les crèches à cochons de Confort-Meilars, comme celles de tout le Cap-Sizun, sont de petits bâtiments, généralement composés d'un niveau et isolés du logis.
Chaque cochon possède sa propre cellule présentant une porte basse associée à une mangeoire. Elles sont séparées, à l’intérieur du bâtiment, par des cloisons en bois ou faites de pierres dressées. La longueur du bâtiment est déterminée par le nombre de ces cellules. Elles en possèdent généralement 2 ou 3.
L’utilisation systématique d’une mangeoire, dite louarn dans le Cap-Sizun, est caractéristique du pays. L’ouverture, surmontée d’un linteau droit ou en arc surbaissé, permet de verser directement la bouillie au cochon dans sa crèche sans avoir à y rentrer. La nourriture est guidée par une pierre inclinée parfois percée à sa base (Kervevan) et se déverse dans une auge en pierre incorporée à la maçonnerie et accessible de l’intérieur.
La grange
Ce bâtiment servait à ranger la charrette, le char à banc, divers engins agricoles et éventuellement le pressoir à cidre. Bâti en moellons de granite, il possède une porte charretière rectangulaire dont l’ouverture est en plein cintre pour les plus anciens, puis en arc surbaissé pour finir en arc segmentaire (Toscer, Douard, 1979). On observe également quelques linteaux droits en bois.
La grange peut être intégrée à l’alignement principal (Kervevan) mais elle est généralement indépendante et la porte charretière se trouve soit sur le pignon (Moulin de Lesvoyen) soit en façade (Kervoal, Guizec).
Le fournil, la maison à four. (Ti forn)
Seuls les vestiges de deux d’entre eux ont été observés à Kerhoz et Tromillou, mais en comparant avec les autres communes du territoire, on peut aisément imaginer leur architecture :
Il s’agit généralement d’un bâtiment aux murs en moellons et toit à longs pans qui accueille un cul-de-four sur l’un de ses pignons. Ce dernier montre un intérieur soigneusement vouté en pierres de tailles et un extérieur en moellon avec dans certains cas une couverture en mottes de terre sur laquelle pousse la végétation. La gueule du four peut présenter plusieurs formes d’ouverture et se trouve au fond de l’âtre d’une cheminée dans lequel est aménagé une niche qui permettait de récupérer la cendre qui sera réutilisée pour la lessive.
Le puits
Associé généralement à une ferme, le puits est soit accolé au logis (Lesmeilars, Tromillou), soit isolé dans la cour (Meilars), soit à l’intérieur d’un bâtiment (Confort, Tromillou).
Dans les deux premiers cas, il s’agit majoritairement d’un édicule en granite (moellon ou pierre de taille) de section carrée protégé par un toit pyramidal surmonté d’une sorte de boule plus ou moins ronde ou une croix. Généralement le puits extérieur est associé à une auge monolithe utilisée comme abreuvoir posée contre lui ou à proximité. Le cas observé à Kervevan est assez inédit : Le puits est également relié à un évier mural aménagé dans le pignon d’une dépendance par un chemin d’eau maçonné courant le long de la façade postérieure, à l’extérieur du bâtiment.
La troisième configuration est plus rare. Deux puits de ce type ont été observés dans la commune au bourg de Confort dans un bâtiment dépendant d’une maison de 1758 et dans le logis d’une ferme de Tromillou (ce dernier a depuis été comblé). Ces puits consistent de profonds trous circulaires maçonnés en moellons de granite sans décors ou aménagements particulier.
LES LOGIS
Malgré de nombreuses petites variations, ce qui frappe quand on observe les habitations de la commune, c’est la grande uniformité aussi bien dans l’architecture que dans l’aménagement intérieur.
Exceptés un certain nombre d’exemples observés entre autres à Kerhoz ou Kervoad, le logis est majoritairement exposé au sud. Dans tous les cas, sa fonction d’habitat est bien séparée de la fonction agricole des autres bâtiments.
Les élévations postérieures des logis sont rarement percées sauf si une dépendance en appentis s’y trouve accolée. Il s’agit du « ti lez », la maison du lait ou crèmerie, aménagée au nord pour plus de fraicheur (Kervevan, Kervoal).
Les façades antérieures des logis sont très stéréotypées : on peut déterminer trois schémas principaux qui peuvent s’assortir de quelques variantes : la maison en rez-de-chaussée, la maison en rez-de-chaussée avec comble à surcroit et la maison à étage.
La maison en rez-de-chaussée. (14% des maisons recensées)
A Penguel ou Pennesquin, on peut observer de petites maisons sans étage appelées penti, soit « maison à un bout ». Même s’il est peu représentatif de l’habitat traditionnel de Confort-Meilars, il s’agit ici du plus petit type d’habitation présent sur la commune
Ce « bout » est en fait la pièce commune que l’on retrouve dans toutes les maisons du territoire datant du 19e siècle. La famille y mange, se réchauffe et dort. Son élévation, soit l’élévation de la salle commune du Cap-Sizun à cette époque est la suivante : Une porte, une fenêtre qui éclaire la table et un jour qui éclaire l’arrière cuisine. Cette succession de trois baies de taille décroissante se retrouve dans la plupart des logis traditionnels de cette époque de la commune.
Dans la commune, ces maisons ont généralement deux pièces. En effet, une autre baie de la taille de la fenêtre qui éclaire la table est ouverte de l’autre côté de la porte (parfois même, comme à Penguel, un second jour a été ouvert pour obtenir une symétrie parfaite.) Cette deuxième pièce servait le plus souvent de cellier ou de petit débarras.
La maison à deux pièces en rez-de-chaussée avec comble à surcroit éclairé par des jours ou des lucarnes. (24% des maisons recensées)
Un quart des maisons d’habitation recensées à Confort-Meilars présente cette élévation. Ce type de logis ressemble beaucoup au penti vu précédemment. La différence majeure réside dans le fait que le plancher des combles est ici situé en-dessous du faîte des murs et le volume de comble utilisable est ainsi plus important. Il nécessite donc d’être éclairé soit par de petits jours, soit par des lucarnes.
Quand des jours sont ouverts, ils le sont généralement au-dessus des ouvertures du rez-de-chaussée, formant ainsi des travées régulières. Ils peuvent être rectangulaires (Meilars, Kerc’houanton…) ou en plein cintre (Kernaouéret). Les lucarnes, quant à elles, sont pendantes et passantes comme à Penguel, Kervoal ou Confort. (Cette dernière maison datée 1886 présente deux lucarnes à linteau curviligne plutôt caractéristique du pays Bigouden voisin).
La maison à étage carré et généralement deux pièces par étage. (62% des maisons recensées)
Ce type d’habitat est de loin le plus représentatif des fermes du 19e siècle de la commune de Confort-Meilars. Le rez-de-chaussée est composé de quatre ou cinq ouvertures : la porte d’entrée au milieu, deux fenêtres qui l’encadrent et un ou deux jours entre celles-ci et les pignons. L’étage, lui, est ouvert en façade par trois à cinq fenêtres. Généralement, dans le Cap-Sizun, il existe deux types d’élévation pour les maisons à étage : les élévations à travées (trois ou cinq) et les élévations en quinconce. Ce deuxième type consiste en une alternance de pleins et de vides : cinq baies au rez-de-chaussée pour quatre fenêtres à l’étage comme à Kerbiquet par exemple.
A Confort-Meilars, l’élévation à trois travées est le type le plus fréquent, trois maisons à étage sur quatre présentent cette façade : trois fenêtres sont ouvertes à l’étage au-dessus de la porte d’entrée et des deux fenêtres qui l’encadrent. L’élévation à cinq travées est plus rare et semble être réservée aux fermes les plus importantes (Castellien, Kervevan…). Sur les logis à étage des fermes de Custang et Lichouarn, tous deux à trois travées, on remarque la présence de lucarnes aux linteaux curvilignes disposées dans l’alignement des baies des niveaux inférieurs. Cette aménagement inhabituel est-il le fruit de transformations postérieures ? Notons également la façade particulière de la ferme de Guizec qui présente une travée centrale mais dont le positionnement des deux autres fenêtres de l’étage rappelle l’élévation en quinconce.
Le rythme horizontal des maisons à étage est parfois accentué par la présence d’un bandeau saillant en pierres de taille situé entre les deux niveaux d’habitation, souvent répété sous la corniche du toit (Kerhoz, Kerbiquet, Tromillou...) Les chainages d’angles et encadrements des baies, toujours harpés et en pierres de taille renforcent cette impression de géométrie parfois austère surtout lorsque la façade est enduite.
Les décors
Bien que régularité et fonctionnalisme semblent être les principes qui régissent l’architecture rurale du 19e siècle, certains éléments ornementaux viennent parfois compléter les compositions décrites plus haut.
Les inscriptions gravées au-dessus des ouvertures (nom des bâtisseurs, de leurs enfants ou sigles religieux) en sont l’élément le plus caractéristique. Celles-ci, très présentes sur les maisons à étage du 19e siècle sont plutôt rares sur les petites maisons en rez-de-chaussée et les habitations plus anciennes.
On peut aussi considérer comme éléments de décor les corniches du toit et les souches de cheminées toutes deux bien appareillées en pierres de taille et moulurées selon différents motifs.
Les corniches du toit du logis peuvent se prolonger aux dépendances attenantes. Bien qu’ayant la fonction d’empêcher les infiltrations d’eau dans les murs, elles sont également très décoratives qu’elles soient moulurées en cavet (une grande majorité), en doucine ou en quart de rond.
Les souches de cheminées observées sur la commune, quant à elles, proposent plusieurs décors. Sur les maisons du début du 19e siècle, les souches de cheminées sont coiffées par une corniche moulurée en « talon renversé » (Tromillou, Custang) alors qu’à partir de la seconde moitié de ce même siècle, celles-ci sont chanfreinées (Guizec, Lichouarn, Kervoad). A Tromillou, une ferme portait autrefois un cadran solaire sur sa souche de cheminée ouest.
On peut également remarquer la présence d’une niche à saint au-dessus de la porte d’entrée de certaines fermes de la commune (Kerbiquet, Kerheu, Kerhos…).
ÉVOLUTION DE L'HABITAT TRADITIONNEL ENTRE 1984 ET 2023
Les quarante années d’écart entre les deux enquêtes d’inventaire permettent de mettre en relief certaines tendances concernant l’évolution de l’habitat rural sur la commune.
Outre les restaurations ou les destructions (peu nombreuses) observées en 2020, on remarque que la façon d’habiter une maison traditionnelle a évolué ces dernières décennies - surtout à partir des années 1970 - apportant lumière et augmentation de la surface habitable et ce à des fins de confort.
Amener de la lumière
Même si l’on remarque une tendance à l’agrandissement au courant du 19e siècle, les ouvertures des maisons traditionnelles de Confort-Meilars sont de dimensions plutôt réduites. Ajoutons à cela que pour se préserver de l’humidité et du fait de l’absence de soleil, la façade nord est aveugle.
Le premier constat est que les baies de la façade antérieure ont été de parfois largement agrandies. Le jour ouvert au niveau de l’arrière-cuisine montre maintenant sur certaines maisons des dimensions égales à celles de la fenêtre qui éclairait la table quand ils n’ont pas été transformés en porte. La fenêtre de la table a également pu être agrandie dans certains cas, ainsi que les fenêtres de l’étage.
Dans le modèle architectural traditionnel, les combles sont aveugles, même si l’on peut remarquer de temps en temps deux jours en pignon pour l’aération. Aujourd’hui, ceux-ci sont habités pour la plupart, surtout dans le cas des penti. La tendance actuelle est donc d’y percer des ouvertures pour apporter un maximum de lumière. Aujourd’hui, la création de lucarnes et de vasistas est devenue courante.
La plupart des maisons ont également vu leurs speurn disparaitre (cloisons en bois délimitant les pièces). Le décloisonnement permet en effet une meilleure circulation de la lumière et donne par la même occasion une impression de volume plus important.
Gagner en volume
La maison traditionnelle du Cap-Sizun a été conçue autour d’une pièce commune destinée à abriter toute la famille qui servait de cuisine, de chambre à coucher, de salle à manger, de salle de bain, etc… Les pratiques ainsi que le mobilier ont évolué et les pièces des maisons se sont spécialisées. L’enjeu depuis des décennies est de trouver dans ces maisons la place pour toutes ces « nouvelles » pièces et nouveaux meubles. Cet enjeu est d’autant plus important lorsqu’il s’agit de maisons élémentaires.
Une première solution consiste à surélever la maison en y ajoutant un étage. Une autre consiste à gagner de la hauteur sous plafond en surélevant le plancher de l’étage (ou l’enlever dans certains cas) ou en décaissant le sol du rez-de-chaussée.
Mais la manière la plus courante et la plus efficace pour gagner du volume et aménager de nouvelles pièces à vivre est de remanier les dépendances agricoles, notamment l’écurie attenante. En effet, lorsqu’elle a été remaniée, cette dépendance est aujourd’hui majoritairement transformée en cuisine. Placards, éviers, table à manger, lave-vaisselle ont remplacé ici les stalles, auges à piler la lande et animaux.
Les crèches à cochons, du fait de leur petite taille, peuvent servir de débarras ou d’atelier. Les granges et étables sont plus volumineux. Certains d’entre eux sont même devenus des habitations à part entière : résidences principales secondaires ou gîtes ruraux.
Chargée d'études à l'Inventaire