La chapelle Saint-Golven constitue un témoignage remarquable de l'architecture religieuse pour trois raisons. D'abord, l'arc diaphragme ou arc triomphal du XIIe siècle est un exemple unique en milieu rural en Bretagne ; celui de la cathédrale de Vannes est à une échelle plus monumentale. Cet élément caractéristique des églises de l'Anjou, du Maine et du Berry, étudié jadis par R. Crozet et récemment par Jacques Mallet, a conservé ici son passage latéral au nord ; le petit accès extérieur à la chapelle sud est probablement le souvenir du passage latéral sud ; l'utilisation de ces passages latéraux reste encore problématique et est vraisemblablement lié à des pratiques liturgiques particulières.
J. Mallet a montré que nombre d'églises priorales rurales d'Anjou présentaient une inégalité de taille de ces passages, qui se manifeste ici par l'apparent désaxement de l'arc par rapport à la nef. Il convient de restituer, au-delà de cet arc, une croisée, un transept, aujourd'hui transformé en chapelles, et une abside semi-circulaire dont la profondeur est à peu près celle du chevet plat du XIe siècle. Le second élément remarquable est la façade occidentale du second quart du XVIe siècle, qu'il faut attribuer à l'atelier qui construisit Saint-Armel de Ploërmel ; le trumeau présente ici, comme le portail nord de Ploërmel, quelques éléments décoratifs de la Renaissance. Enfin, la chapelle seigneuriale au nord-est, construite au cours de la seconde moitié du XVIe siècle, présente une disposition originale que l'on retrouve d'ailleurs à Ploërmel dans la chapelle Saint-Armel au nord ; à l'origine, cette chapelle, dont le sol était à un niveau nettement plus bas que l'actuel plancher, comportait un rez-de-chaussée et un étage faisant fonction de chapelle funéraire et d'oratoire, chaque pièce ouvrant sur le chœur par une baie en plein cintre.
(Roger Barrié)
Photographe à l'Inventaire