Historique rédigé à partir des recherches menées par Marcel Hodebert
La Jannière ou Jehannière, nom transformé aujourd’hui en Genière, était un grand fief dépendant de la seigneurie de la Marche.
L'ancien manoir est aujourd'hui transformé en dépendance.
La terre de la Jannière fut longtemps la propriété de la famille Binel, commerçants de Fougères, originaire d’Angers, qui s’installèrent au 18e siècle. Cette famille prit le nom du lieu : « Binel de la Jannière ».
Ces commerçants assez prospères eurent une certaine influence au 18e siècle et, le 9 thermidor an 9 (28 juillet 1801), M. Binel de la Jannière, surnommé « Bonaparte », fut élu maire de Fougères. Il rétablit le collège de Fougères et fut maire jusqu’à son décès en 1808.
Outre leur manoir de la Jannière, les Binel de la Jannière possédaient un hôtel particulier dans le haut de la rue Pinterie, face au théâtre à Fougères ainsi qu’une maison au 26 de la rue des Vallées. Ce fut dans cette maison que M. Binel de la Jannière obtint la permission de recueillir quelques religieuses urbanistes de Fougères chassées de leur couvent par la Révolution parmi lesquelles se trouvaient ses deux sœurs religieuses et Jeanne Royer, dite sœur de la Nativité, la mystique de Fougères. Elle mourut dans cette maison le 15 août 1798.
La Jannière fut également la propriété de la famille de la Tuollaye comme le démontre encore un document trouvé dans les fonds de La Haye-Saint-Hilaire conservé aux archives municipales de Fougères. En effet, en 1778, les tuteurs des enfants mineurs de M. et Mme de La Tuollaye récemment décédés, Messieurs de Montfié et Desdets, visitèrent les propriétés des enfants et dressèrent l’état des réparations et des réfections à faire aux maisons et métairies de leurs pupilles. La Genière en faisait alors partie, à cette époque, les bâtiments sont décrits de la manière suivante : « Sur la closerie de la Gennière en la paroisse de Javené, les terrasses de l’étable sont en majeure partie pourries, la porte de l’étable est de nulle valeur. Il y a très peu de bois sur cette closerie à laquelle il faut six barrières. Il n’y a point presque d’entes (arbres fruitiers), il en serait nécessaire : un demi-cent. Suivant l’avis dudit tuteur est que cette maison, étable et le refuge à porcs soient désormais couverts de paille gleu (chaume), n’ayant presque ni châtaigniers, ni chênes sur la dite closerie qui est occupée par Jean Morin ».
Cette description ne correspond pas à ce bâtiment (ancien manoir) mais probablement à l'un des bâtiments plus modestes qui existaient dans cet écart.
Les caractéristiques architecturales de ce bâtiment, fenêtre à encadrement mouluré et appui saillant de l'étage, cheminée monumentale en granite à hotte pyramidale, poutraison de forte section... permettent de faire remonter sa construction au 16e siècle. Toutefois, les nombreux remaniements subis, dont témoignent en particulier les baies de la façade, rendent son interprétation difficile. De plus, le bâtiment a été déclassé en dépendance et a servi d'étable au 20e siècle, ce qui a lourdement transformé la distribution intérieure (disparition de l'escalier desservant l'étage...).