Dossier collectif IA00132138 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, Inventaire des patrimoines maritimes et estuariens du Pays de Morlaix
Balisage de la Baie de Morlaix
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  • (c) Pays de Morlaix

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    phare, tourelle, amer
  • Aires d'études
    Pays de Morlaix

Le balisage est l'ensemble des marques disposées au voisinage des côtes. Il se compose de l'ensemble des dispositifs d'aides à la navigation maritime. Ils sont en majorité visuels, lumineux, sonores ou radioélectriques. Ils sont constitués par les phares, les feux, les bouées, les tourelles, les amers et les espars. (Direction Interrégionale de la Mer Nord Atlantique -Manche Ouest. Signalisation maritimes - phares & balises[en ligne], Disponible sur : https://lc.cx/JT5f).

Dans le cadre de cette étude seuls les éléments fixes ont été étudiés. De plus, l'ère d'étude se cantonne à l'espace balisé par Charles Cornic-Duchêne en 1776, entre l'île Callot et Primel, donnant accès au port de Morlaix.

Avant la fin du XVIIIe siècle, les navigateurs se repéraient grâce à des amers, parfois blanchis, indiqués sur des cartes. Les chenaux étaient alors identifiés par alignement. Parmi ces rochers, clochers, églises, moulins, le château du Taureau, construit à proximité du Grand chenal, constitue un amer de belle dimension. Toutefois ce système posait problème la nuit, lors de tempêtes ou d'attaques ennemies.

Afin de sécuriser la navigation, le corsaire morlaisien Charles Cornic-Duchêne entreprend une opération de balisage de la Baie de Morlaix en 1776. Les travaux débutent à la fin du mois de juillet par la mise en place des éléments suivants : deux tours (Duons et la Lande), deux tourelles (au nord de l'Île Callot et sur l'Île Louët), dix balises (Petit Aremen, Manou, Île Blanche, Ricard, Calhic, Le Taureau, Vran, La Vieille, balise du Bassin…) et cinq organeaux* (au Taureau, sur l'Île Ricard, Le Vran, l'Île Noire, le Béclem). Ch. Cornic s'occupe de l'entretient du balisage jusqu'en 1802, qui restera à ses frais jusqu'en 1782, date à laquelle le Département de la marine de Brest prendra le relais. La Direction interrégionale de la mer Nord Atlantique-Manche Ouest a désormais la charge de la signalisation maritime. En parallèle des travaux de balisage, Cornic réalise une carte de la Baie. La version finale comporte des instructions pour entrer dans la rade. Publiée en 1795, les produits de la vente iront à la rénovation du balisage et à l'aide de familles de marins dans le besoin, conformément aux souhaits de Charles Cornic.

Suite à cette opération d'ampleur, la signalisation a été améliorée progressivement, que ce soit par la construction de nouveaux éléments ou la réparations d'éléments défectueux (voir annexes). En 1827, l'ingénieur G.Goury aîné fait état du balisage en Baie de Morlaix dans l'un de ses recueils : "cinq tours et tourelles servant d'amers, dix balises, douze organeaux et une borne d'amarrage, savoir : sur la plus élevée des roches du Duons. [… ]" **. Il note également deux tours sur l'île Callot et non plus une. L'une au nord et l'autre au Nord-Ouest (6m de haut sur 2.60m de diamètre), servant à indiquer l'entrée de la rade par la passe Callot. La tourelle de l'île Louët indique le Grand Chenal en alignement avec la tourelle construite sur terre au Frout (9.41m de haut). Le nombre de balises reste inchangé par rapport à l'opération Cornic. En revanche, Goury dénombre sept organeaux autour du Fort du Taureau, cinq autres dans le cours de la rivière de Morlaix, complétés par des poteaux d'amarrage.

Dans une dynamique nationale d'amélioration de l'éclairage des côtes de France, la signalisation de la Baie est complétée par la mise en place de feux au milieu du XIXe siècle. Sur le territoire national, une cinquantaine de feux, dont le phare de la Lande en 1845, ont été établis ou rénovés suite à un programme national adopté par la Commission des phares en 1825. Les phares de l'Île Noire et de l'Île Louët ont également été élevés à cette époque, respectivement en 1845 et en 1859.

*Éléments scellés dans les rochers pour l'amarrage des navires.

** G.Goury, Souvenirs Polytechniques, ou recueil d'observations, mémoires et projets, Paris, Garilian-Goeur, 1827, tome premier, p347., Consulté le 03/01/2016) Disponible sur : https://lc.cx/JS9s

Plusieurs passages sont possibles entre l'île de Batz et Primel pour accéder au port de Morlaix. Les principaux sont le "Grand Chenal ", à l'ouest, souligné par l'alignement des phares de la Lande et de l'île Louët et, à l'est, le "Chenal de Tréguier" marqué par l'alignement des phares de la Lande et de l'Île Noire. Plus à l'ouest un passage est possible par le "Chenal Ouest de Ricard".

La Baie de Morlaix présente de nombreux rochers, îlots et hauts-fonds qui rendent la navigation difficile et périlleuse. Au regard de ces difficultés et particularités géographiques, la présence de balises, d'amers, de phares et de feux facilite et sécurise l'accès en Baie de Morlaix, aux ports qui y sont implantés. Les balises fonctionnent sur un système de couleurs. On distingue les balises latérales, qui permettent de délimiter les chenaux (rouge : bâbord / vert : tribord), des balises cardinales, indiquant un danger (jaune et noir). Ces balises peuvent prendre des formes variées : simple tige métallique (balise-perche de Mesclick), forme massive en maçonnerie grossière (tourelle Mazarin, extrémité nord-ouest de l'île Callot) ou le plus souvent tourelles-balises de forme tronconique (Tourelle de La Vieille, Tourelle de la Chambre, Tourelle Ricard…). Ces balises portent généralement le nom de la roche sur laquelle elles ont été érigées, parfois déformés lors du passage du breton au français. Dans le secteur il s'agit de noms d'animaux, (Taureau, Grand Cochon, Corbeau…), de qualificatifs morphologiques (Trébunnec : roche aux trois bras, Petit Aremen : petite pierre..), des anthroponymes (Mazarin, Caspari, La Vieille..). Lorsqu'il y a suffisamment de place le nom est indiqué en grandes lettres sur les tourelles-balises.

Les amers, utilisés pour prendre des relèvements optiques ou des alignements, doivent être repérables sans ambiguïté. Ils sont donc généralement peints en blanc et repérés sur une carte marine. On dénombre des amers naturels, tel l'amer Mazarin à Carantec, des amers construits par l'homme, comme le phare de l'Île Noire de Plouezoc'h.

À ces éléments s'ajoute les phares et feux qui, au moyen d'un système d'éclairage, permettent de signaler les zones dangereuses se trouvant près des côtes et de guider la navigation. À l'ouest de la rade, l'alignement des phares de la Lande [IA29001790] et de l'Île Louët [IA29132161] indique le Grand chenal. À l'est, le Chenal de Tréguier est marqué par l'alignement des phares de la Lande et de l'Île Noire [IA29132159]. Il existe également un feu au Château du Taureau.

  • Toits
  • Murs

Bibliographie

  • Phares : histoire du balisage et de l'éclairage des côtes de France, de Jean-Christophe Fichou, Noël Le Hénaff, Xavier Mével, Douarnenez, ed. Le Chasse-Marée, 1999.

    Archives départementales du Finistère
  • Olivier LEVASSEUR, Charles Cornic (1731-1809), un mythe corsaire, Editions Apogée, 2003.

  • Alain LOZAC'H, Ports de Bretagne nord / Histoire d'un patrimoine maritime : de Cancale au Conquet, Coop Breizh, 2006, 317p.

Périodiques

  • Louis CHAURIS, "Les phares de la Baie de Morlaix _ II-Le phare de l'Île Louët", Progrès/courrier, samedi 13 mai 1995, p23

  • Louis CHAURIS, "Amers et Balises en Baie de Morlaix - I.Morlaix : un port d'accès difficile", Progrès/courrier, samedi 1er octobre 1994, p5.

    Louis CHAURIS, "Amers et Balises en Baie de Morlaix - II.Sous le choc des lames...", Progrès/courrier, samedi 8 octobre 1994, p5.

    Louis CHAURIS, "Amers et Balises en Baie de Morlaix - III.Constructions neuves...transformations...réparations...disparitions...",Progrès/courrier, samedi 5 novembre 1994, p7.

    Louis CHAURIS, "Amers et Balises en Baie de Morlaix - IV.Abordages...", Progrès/courrier, samedi 26 novembre 1994, p5.

Annexes

  • Balises et amers
Date(s) d'enquête : 2016; Date(s) de rédaction : 2016