Le chantier naval Landouar :

L'ancien douanier du Yaudet Yves Landouar a commencé la construction navale dans les années 1934-1935, après avoir pris sa retraite. Il a d'abord construit des bateaux à l'extérieur avant de construire un hangar à la pointe de Séhar, au lieu dit "Le Gouffre", devant l'ancienne crêperie "Au goûter breton", qui deviendra son chantier, appelé "le Château", une maison recouverte de tuiles rouges, reconnaissable par les navires qui rentraient au port, par la pointe de Quignard.

L'une de ses premières constructions fut le bateau "Marcel-Micheline" pour le compte de François Le Pierres, pilote de la rivière de Lannion en 1935-3 . Ce flambart à voûte mesurait 7, 10 m pour 2, 80 m de large, construit en chêne sur lisses, sans plan. Mais il aurait construit aussi plusieurs bateaux pour des marins du Yaudet : le "Gobi", l'"Hirondelle".

Le chantier Landouar a construit nombre de bateaux, inspirés des formes "Carantec" (la" Fanny") ; d'où Yves Landouar était originaire et où il aurait appris le métier de charpentier de marine : le dériveur "Denise" pour Georges Cojean, l'un des premiers canots creux équipés d'une dérive pour la pêche professionnelle (la sardine et autres pêches d'été), suivi de "Régine", autre dériveur pour les frères Coadalen. Ce type de canot, inspiré des bateaux de plaisance et de régate, permettait à un homme seul de pratiquer la pêche. Le "Myosotis" fut construit pour le compte d'un pêcheur du Yaudet, et fut vendu ensuite au frères Bonny. Landouar installa une dérive sur ce bateau, qui fut ensuite supprimée pour la motorisation. Les charpentiers travaillaient sans outillage électrique, tout à la main pour scier les bordées et les membrures. Une première scierie avec un moteur Bernard fut ensuite installée dans le petit hangar attenant (témoignage de Pierre Bonny et Denise Bergot). Le rabot électrique et la scie à ruban ne furent adoptés qu'après la guerre 1939-1945, au moment où le chantier redoublait de commandes, à cause d'une partie de la flottille de pêche détruite par l'armée allemande, et qu'il fallait reconstruire, et enfin du retour de la sardine, très abondante.

Ses fils Ernest et René Bergot (demi-frère), après la déportation de Yves Landouar, reprirent quelque temps le chantier après la guerre 1939-45, avant d'arrêter définitivement.

D'autres bateaux sont sortis de ce chantier, dont certains voiliers commandés par des armateurs-plaisanciers anglais :

le catboat "Erwoën", une série de 5, 60 m, dont le "Beg" pour Monsieur Babeau de Troyes, d'autres dériveurs du type « catboat ». Tous ces bateaux étaient réputés "bons marcheurs".

Le chantier Landouar représentait dans les années 1935-1950, le chantier principal du port de Locquémeau, après la fermeture d'autres petits chantiers comme celui de Auguste Levier, dans le 1er quart du 20ème siècle et le chantier de l'usinier Collet.

Les chantiers navals de Locquémeau :

Entre 1880 et 1950, le port de Locquémeau était l'unique port sardinier de la côte Nord de Bretagne, où débarquaient au plus fort de la pêche sardinière près de 60 sloops et flambarts, pour faire fonctionner les deux sardineries de la pointe de Séhar. Port le plus proche de Morlaix, Locquémeau servait de point de ralliement aux nombreux canots de pêche de la baie. C'est aussi dans ce port, que les patrons pêcheurs faisaient construire leurs bateaux quand ce n'était pas aux chantiers de Carantec, réputés pour leur qualité de construction. Certains flambarts étaient construits au chantier Sibiril à Pen al Lan, en Carantec, qui allaient influencer les futurs constructeurs Landouar, Vincent Rolland, contremaître chez Collet et Auguste Levier.

A partir des années 1880, les flambarts furent construits par le chantier Robert Collet, dont le patron dirigeait également la sardinerie du même nom, et qui cessa son activité en 1930. Collet dessinait les plans des bateaux, construits pendant l´hiver, lorsque la friterie ne fonctionnait pas, par le charpentier de marine Vincent Rolland. Il avait fait construire pour lui-même le yacht avec mât de flèche « Yannick », qui gagnait de nombreuses régates au havre et à Roscoff (comme le cordier « Jolie Brise »).

Un deuxième constructeur allait s'installer vers 1934, Yves Landouar, dont le successeur Ernest Bergot poursuivit l'activité jusqu'en 1952.

Un troisième chantier plus marginal existait aussi avant la deuxième guerre mondiale, le chantier en plein air de Georges-Auguste Levier (1880-1952), de Locquémeau (situé près de l'école publique), qui construisit plusieurs bateaux dont "Alice", "le Temps perdu" et "Chéri de la Manche" et de nombreuses annexes sardinières. Celui-ci faisait aussi la pêche à bord de son bateau "Ar wazh haleg" ("Le ruisseau du saule") et travaillait à l'usine Collet pendant l'hiver.

Les voiles des bateaux du chantier Landouar étaient confectionnées par un ancien voilier de la Royale Jean Le Meur. Elles étaient en toile de lin, cousues à la main. Les mesures étaient prises avec une ficelle. Un autre marin voilier réalisait aussi des voiles : Théophile Le Ballier.

Le charpentier utilisait différents fers à calfat, dont un fer double pour agrandir la « lèvre », un fer triple pour enfoncer l´étoupe, le bec à corbin pour arracher la vieille étoupe.

C'est sans doute à la veille de la première guerre mondiale que les grands flambarts de Locquémeau ont eu la silhouette la plus racée. L'étrave est droite, le tableau peu incliné, le franc-bord reste assez bas malgré l'allongement de la coque ; le taillevent hissé sur un mât incliné sur l'arrière commence à s'agrandir et à s'apiquer de manière spectaculaire. Après 1920, la coque s'élargit, le franc-bord augmente, un retour de galbord apparaît, l'étambot s'incline et le tirant d'eau arrière devient très important ; les flambarts se spécialisant dans le métier de la sardine, abandonnent le transport du sable et du goémon, qui nécessitait de fréquents échouages. La carène devient identique à celle des cotres de la baie de Morlaix, avec parfois quelques voûtes carrées, "à cul de poule", comme le pilote sardinier "Marcel-Micheline" de François Le Pierres, construit chez Landouar en 1935.

La coque est construite en chêne (étrave, étambot, membrures), en orme (quille et petits fonds) et bois du Nord pour le bordage des hauts. Elle est équipée de trois bancs, dont le principal au centre reçoit l'étambrai du grand mât, d'une petite chambre arrière et de planchers mobiles. L'abri transversal de l'avant, qui caractérisait les sabliers, a disparu. Le gréement de flambart reste en usage à Locquémeau jusqu'à la seconde guerre mondiale, et fut remplacé ensuite par le gréement de sloop (sans bout-dehors) et une motorisation croissante.

Aujourd'hui les chantiers navals ont disparu de Locquémeau avec la dernière construction du flambart motorisé "Bar Awel" par le petit fils de Vincent Rolland, Yann Rolland, en 1992.

20032206310NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, 16 Fi, Trédrez-Locquémeau.

20042204514NUCB : Collection particulière

20042204515NUCB : Collection particulière

20042204517NUCB : Collection particulière

20042204516NUCB : Collection particulière

20042204518NUCB : Collection particulière

20042204519NUCB : Collection particulière

20042204520NUCB : Collection particulière

20042204521NUCB : Collection particulière

20042204522NUCB : Collection particulière

20042204523NUCB : Collection particulière

20042204524NUCB : Collection particulière

20042204525NUCB : Collection particulière

20042204526NUCB : Collection particulière

20042204527NUCB : Collection particulière

20042204513NUCB : Collection particulière

20042204530NUCB : Collection particulière

20042204529NUCB : Collection particulière

20042204535NUCB : Collection particulière

20042204534NUCB : Collection particulière

20042204533NUCB : Collection particulière

20042204532NUCB : Collection particulière

20042204531NUCB : Collection particulière

20042204528NUCB : Collection particulière