Le bac de Toul an Héry : un lieu de passage délicat

Avant septembre 1934, date de l'inauguration du pont Cornic, pour éviter de remonter jusqu´au premier pont construit sur le Douron, à l´époque gallo-romaine, au lieu-dit le « Moualic´h » (le petit merle), le passage pour piétons, chevaux et charrettes se faisait à marée basse par le gué de « Toull ar c´hirri » et à marée haute par un bac. Littéralement « trou des charrettes », Toull ar C´hirri est l´endroit précis où le pont a été construit, des rochers servant d´assises. C´est ici qu´aboutissait la route de grande communication n° 42, venant de Callac.

De nombreux accidents témoignent du caractère dangereux de ce passage par bac : sur le registre des sépultures de Plestin, on relève le naufrage le 1er mai 1646 d´un chaland : 48 personnes furent noyées et une dizaine d´autres sauvées par Yvon Cotty et des marins anglais embarqués sur un navire qui chargeait de l´orge. Ces passagers devaient prendre un bateau au port de Toul an Héry pour se rendre au pardon du Yaudet.

Sous l´Ancien Régime, le droit de passage était un privilège féodal. Il faisait l´objet d´un aveu au même titre que le droit de suite de moulin et autres privilèges. Le passeur y était appelé le « passager ». Le droit de passage appartenait au sieur de Kergadiou-Leingouez, en Locquirec, lequel devait entretenir cinq bacs, un grand et un petit pour les personnes et trois autres pour les bestiaux. Les droits de passage s´élevaient à six sous par personne, à un sol par cheval ou toute autre bête.

Mais les usagers des six paroisses les plus proches du Douron, au lieu d´acquitter ces droits, avaient convenu avec le passeur pour lui remettre chaque année un boisseau de blé par maison.

L´abolition des droits féodaux entraîna la réorganisation de ce service. Les bacs furent mis en adjudication au chef-lieu d´arrondissement et affermés pour trois ans (sur une limite transversale du chenal de concession de 500 m en amont et 500 m en aval). En 1802, les préfets déterminaient le nombre de bateaux de passage et fixaient le tarif. Le Moullec de Tréguier, devenu adjudicataire de tous les passages d´eau de l´arrondissement de Lannion, en conserva la gestion quelque temps, avant de les sous-louer, ne conservant que les bacs situés aux portes de Tréguier. La durée de longévité dans cette fonction est détenue par Ollivier Cabon, qui a fait traverser les passagers pendant trente ans, de 1817 à 1846. A partir du 19ème siècle, le passeur était recruté par les communes de Plestin et de Locquirec, qui se partageaient les charges de matériel et l´entretien de la maison du passeur. A la fin du 19ème siècle, les tarifs de passage étaient fixés par un arrêté, selon les indications des Ponts et Chaussées.

Eugène Broudic fut le dernier passeur, très estimé, du Douron.

Synthèse d'après Roger Le Deunff (Centre culturel de Plestin-Les-Grèves).

Toul an Héry : un lieu de légendes

L´estuaire est le domaine de l´imaginaire, du fabuleux. Attention à la « Dame Blanche » qui, par son souffle et sa voix, empêche le pêcheur de retrouver son chenal le menant à la berge !

Attention au bonhomme, « ar paotr », qui, en se transformant en cheval, en cochon ou encore en chien, se joue du voyageur attardé pour le faire trébucher dans le lit de la rivière !

Attention aux plaintes des conjurés, « an dud stoliet », ou gens égarés qu´on a précipités dans le marais, le « Youdig ». Malheur à celui qui s´égarerait dans le lit de la rivière ! Il serait empoigné et emporté par des forces invisibles.

Attention au dragon ! Il hante les cavernes, mais aussi les marais ; il surprend les hommes et les chevaux, les dévore. Saint Efflam, non loin d´ici, a pris possession du littoral en passant son étole autour du cou d´un dragon. Qui sait si saint Haran et saint Jagut, à leur tour, n´ont pas dû chasser un dragon dont l´haleine pestilentielle corrompait la vallée du Douron ?

Anatole Le Braz dans « la Légende de la mort » raconte l´histoire de la Peste (Ar Vossen), qui faillit envahir le pays de Lannion, en se faisant porter sur le dos d´un ancien de Plestin, pour traverser le Douron.

D´après Roger Le Deunf dans l´ouvrage édité par le centre culturel de Plestin « Le Douron et Toul an Héry ».

20042206439NUCB : Collection particulière

20042206440NUCB : Collection particulière

20042206441NUCB : Collection particulière

20042206544NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, Série S, supl. 165.

20042206543NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, Série S, supl. 165.

20042206446NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, Série S, supl. 165.

20042206444NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, Série S, supl. 165.

20042206463NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, Série S, supl. 165.

20042206462NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, Série S, supl. 165.

20042206461NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, Série S, supl. 165.

20042206460NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, Série S, supl. 165.

20042206459NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, Série S, supl. 165.

20042206445NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, Série S, supl. 165.