La Pointe de La Heussaye

La Pointe de La Heussaye (Houssaye) tire probablement son nom de Jean de La Houssaye, noble de la paroisse de Saint-Alban, gardien de la Garenne d'Erquy pour le seigneur de Lamballe (comte de Penthièvre) au 14ème siècle. Il y avait établi un enclos dit "l'enclos de La Houssaye", "afin d'élever dans une "conninière" des lapins ("connins") destinés à assurer le peuplement de la Garenne d'Erquy. On trouve le terme "Enclos du Rocher de La Houssaye" au 17ème siècle.

Cette pointe protégeait des vents du sud-ouest le premier port d'échouage d'Erquy, dont le fond sud-est était occupé par une saline, dite aussi "saline du bourg" à l'emplacement de l'actuelle rue de la Saline. Le port fut abandonné quand le seigneur de Lamballe fit construire au 15ème siècle une "échaussée neuve", sous la colline du Nermont (Noirmont). Il fut par la suite remplacé par des pêcheries ou "écluses à retenue de poisson" en clayonnage, sur pieux puis sous la forme de murets de pierres, dont on peut voir encore la trace de nos jours (sous le rocher "La Négresse"). Ces écluses furent données en 1650 par le duc de Vendôme (fils naturel d'Henri IV), seigneur de Lamballe, au sieur de La Motte-Verte (maison du bourg d'Erquy, près du presbytère). Au milieu du 18ème siècle, ces pêcheries devinrent communautaires sous l'autorité de l'amirauté de Saint-Brieuc, ainsi que l'usage de l'ancien enclos de La Heussaye.

Le plan-terrier de 1785 montre que cet ancien enclos ne comprenait plus que la pointe et une partie nord du premier mamelon. Le reste du goulet était entièrement cultivé. Il atteste également qu'une autre pêcherie était installée au sud-ouest, côté Roche-Jaune.

A la Révolution, l'extrémité de la pointe devint un terrain communal, qui offrait peu d'intérêt au point de vue agricole. La commune n'envisagea jamais sa vente (au contraire de la Garenne ou du marais).

Le 17 mars 1796, un combat naval se déroula dans la rade d'Erquy. Il mit aux prises la flottille anglaise du commodore Smith et une corvette française isolée, protégeant 9 navires marchands, venus s'abriter sous le Noirmont. Ce combat se termina par l'incendie du convoi et l'explosion de la corvette. Cependant, plusieurs marins trouvèrent abri sur La Heussaye. En 1830, on envisagea d'établir une batterie sur La Heussaye qui seconderait les batteries du Chaperon et de la Chambre (aux Trois-Pierres). Vers 1880, il fut question de mouiller à l'abri de La Heussaye des coffres d'amarrage de vedettes torpilleurs. Aucun de ces deux projets ne fut réalisé. Saint-Servan fut préféré à Erquy.

La construction de la route de la Corniche en 1877-1879, dite "la nouvelle route" permit un accès plus facile (par voie de terre), à la pointe de la Heussaye. Une première maison fut construite vers 1885-1890, par Barrier, directeur des Carrières Barrier (aujourd'hui "Ker Catherine") ; puis vers 1898-1900, une autre villa, "Ker-Eole", par le docteur René Dayot. Peu après 1900, la villa "Le Goulet-Roche-Jaune" par Pierre Reynoird (beau-père de Griffon du Bellay, inspecteur des finances). Enfin vers 1924-25, la villa "La Heussaye" construite par Marion.

Synthèse d'après les recherches historiques de Jean-Pierre Le Gal La Salle.

20042208200NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, 1 E 494.

20042208239NUCB : Mairie d'Erquy

20042208283NUCB : Collection particulière

20042208282NUCB : Collection particulière

20042208284NUCB : Collection particulière

20042208486NUCB : Collection particulière

20042208657NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, 26 Fi 7. Fonds Henrard.

20042208485NUCB : Collection particulière

20042208285NUCB : Collection particulière