Témoignage de Gérard Raoul, électromécanicien, contrôleur principal aux Phares et Balises de Lézardrieux

1980 : Gardien au phare des Triagoz

J'ai débuté aux Phares et Balises en 1980 comme gardien au phare des Triagoz. Un métier hors du commun "gardien de phare" qui fait encore rêver beaucoup de monde.

J'ai découvert un univers tout à fait différent, archaïque très éloigné de mon idée de départ et ne correspondant pas à ma formation d´électricien.

Ce phare, situé sur un rocher isolé en mer, presque inaccessible à cause des courants, fonctionnait encore au pétrole (depuis 1875) ! non seulement le feu lui-même mais aussi l'éclairage dans le phare, le chauffage des chambres. Comme si le temps s'était arrêté à sa construction en 1864, le "gardien" lui-même était semblable à ce monde clos, entouré de granite, comme le moine dans sa retraite.

L'électricité était tout de même arrivée dans la salle radio et dans la cuisine en 1981.

La journée était planifiée selon le même rituel, chacun son tour, celui qui allume le feu, qui fait la cuisine, qui fait la radio... Il ne fallait pas déroger aux règles, respecter les habitudes des anciens, qui avaient trouvé une certaine philosophie dans cet univers.

L´élément caractéristique de ce phare était la cuisine, située en contrebas du phare lui même, sur le rocher. On accédait à la terrasse par un escalier extérieur à flanc du rocher. Il n'était pas rare de retrouver une flaque d'eau sur le sol de la cuisine voir la gazinière déplacée par les paquets de mer qui entraient par la porte sans serrure et pour cause. Nous devions être vigilants lors des tempêtes, surtout de nuit par marée haute, quand il fallait prendre cet escalier, en évitant d´être coiffé par une lame. Pour aller aux toilettes extérieures nichées dans ce qui fut le pigeonnier, c´était la même acrobatie !

Cependant, ce phare de style néo-breton, en granite rose et blanc avait un certain charme, électrifié en 1981, après avant qu´il ne soit automatisé en 1984

Par la suite j'ai effectué quelques remplacements dans d'autres phares, cependant l'automatisation des phares était route.

1984 : reclassement

Nommé à Lézardrieux comme "électromécanicien de phare" c'était une façon de reclasser les gardiens. J'ai pu travailler sur mon métier à travers la maintenance technique des phares, feux et bouées. Une grande évolution technique par rapport à mes débuts, même si le matériel était encore ancien. Le phare du grand Léjon était alimenté par une réserve de gaz, la rotation de l´optique était entraînée par un moteur à pression de gaz puis ce même gaz était utilisé pour l´éclairage du feu. Les bouées fonctionnaient sur des piles qu´il fallait remplacer régulièrement. Certains feux fonctionnaient grâce à des horloges mécaniques qu´il fallait remonter tous les 14 jours.

En 1986 certains feux ont été équipés de panneaux solaires. C´est aussi le début de la modernisation par de nouvelles technologies, suivi du télé-contrôle des feux sur ordinateur et par des nouveaux équipements plus fiables dans les phares.

Le personnel a dû s'adapter et suivre des formations sur ces nouvelles technologies.

L´automatisation des phares s´est poursuivie avec son lot de contestations et d´incompréhensions, manque de recrutement, certains gardiens voyaient leur outil de travail disparaître, mais ils ont été en général reclassés dans d´autres phares. Le personnel mitigé : les uns opposés, les autres résignés et même les médias déçus de voir le mythe du gardien de phare disparaître.

Actuellement le gardien de phare est devenu un Contrôleur dans la spécialité « Phares et Balises » et assure le suivi des phares et feux, et intervient lors des anomalies.

Aujourd´hui, les nouvelles aides à la navigation, entre autre le système de positionnement par satellites, révolutionnent la navigation. Les feux nommés autrefois de premier ordre ou d´atterrissage et qui donnaient une idée de la position du bateau venant du large ont perdu de leur importance. Cependant les feux d´alignements, de secteur, d´entrées de passe sont encore essentiels à la navigation car ils sont précis. Ces feux côtiers loin de disparaître voient leur nombre croître et leur fiabilité augmenter grâce aux nouvelles diodes, sans entretien.

Mais combien de temps encore ces ce balisage visuel et optique sera t-il encore utile ?

20062204052NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, S 550.

20062204053NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, S. 550.

20062204050NUCB : Collection particulière

20062204051NUCB : Collection particulière

20062204049NUCB : Collection particulière

20062204105NUCB : Collection particulière

20062204054NUCB : Collection particulière

20062204090A4B : Direction départementale de l'Equipement (Côtes-d'Armor)

20062204087NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, 16 Fi.

20062204056NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, S 550.

20062204088NUCB : Direction départementale de l'Equipement (Côtes-d'Armor)

20062204057NUCB : Direction départementale de l'Equipement (Côtes-d'Armor)

20062204064NUCB : Collection particulière

20062204065NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, S 550.

20062204055NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, S 550.