Les armements de la famille Ruellan d'Etables-sur-Mer

Synthèse d'après les recherches de Bernard Corbel.

Les Ruellan ont armé des navires pour Terre-Neuve puis à Islande de 1814 à 1885 environ.

La majorité d'entre eux ont été des trois-mâts et des bricks armés pour le pêche sédentaire à Terre-Neuve. Les navires armés pour l'Islande ont été des goélettes.

Le pionnier de la lignée Ruellan qui investit dans l'armement est François-Laurent Ruellan qui réside à Etables dont il fut l'adjoint au maire pendant plusieurs mandats.

Il exerçait une activité de négociant spécialisé dans l'exportation de toiles de Bretagne (vraisemblablement par Saint-Malo et Nantes) et de produits agricoles. Il importait des graines et autres produits agricoles. Ceci a du l'inciter à assurer lui-même le transport maritime de ces produits en l'associant à une autre activité largement développée par les armateurs de la baie de Saint-Brieuc depuis des décennies : la pêche sédentaire à Terre-Neuve.

Le premier navire de l'armement serait Le "Neptune" acquis en 1803, mais la rupture de la paix d' Amiens, la même année, va amener l'arrêt de toute activité de le pêche hauturière jusqu'en 1814.

Le "Neptune" a du rester à quai pendant toute cette période, Il est même touché par une canonnade, le 18 Août 1808, dans le port de Portrieux avec "son pont et pavois percés à jour" par un tir anglais de 3 corvettes.

Les armements Ruellan vont évolué au cours du 19ème siècle comme la majorité des armements de la baie de Saint-Brieuc : les deux premières générations qui se consacrent à cette activité sont simultanément les financiers et les acteurs de l'entreprise. Les pères donnent des commandements à des fils ou à des gendres capitaines au long cours, qui après plusieurs campagnes ont assez épargné pour armer eux-mêmes à leur tour. Cette symbiose va couvrir au moins deux générations.

Ainsi, F.L.Ruellan a 9 enfants dont 7 fils. Trois sont capitaines au long cours : François, né en 1802, Auguste, né en 1805 et Benjamin, né en 1808.

Les trois intéressés vont embarquer à moins de 20 ans sur des navires de l'armement Ruellan qu'ils commanderont lorsqu'ils auront le grade de capitaine au long cours. Ils seront ensuite associés et porteurs de parts sur différents navires.

Trois branches Ruellan vont perpétuer cette activité :

- pour le branche de Portrieux : François et son fils François-Julien qui sera maire de Saint-Quay-Portrieux,

- pour la branche d'Etable : Jean-Marie (qui n'était pas marin) puis sa veuve et son fils Paul,

- pour Pordic, Alexandre et peut-être son fils, Benjamin (capitaine au long cours qui a peut-être armé à Paimpol), l'ouvrage de Mgr Kerlévéo fait allusion à une goélette armée par un M.Ruellan.

Auguste Ruellan, capitaine au long cours, se marie à Saint-Malo-Paramé et laisse une très nombreuse descendance quoique décédé très jeune a 42 ans.

La troisième génération ne va plus commander de navires et jouera seulement un rôle d'investisseur. N'ayant plus de fils ou de gendres capitaines de ces navires, cette génération sera peut-être moins clairvoyante dans la conduite de leurs affaires et va certainement privilégier le rendement sur les capitaux investis. Tous les facteurs économiques, d'ailleurs, sont défavorables pour la poursuite de ces entreprises. La pêche sédentaire à Terre-Neuve enregistre un déclin rapide à partir de 1862 pour les armateurs de la baie de Saint-Brieuc. Les tonnages de morue baissent à chaque campagne par suite du trop grand nombre de navires et l'utilisation incontrôlée des filets-seines que certains avaient voulu interdire en vain. La consommation de la morue baisse en Europe, les coûts de campagne augmentent ; en conséquence, les dernières campagnes se traduisent par des pertes. Sans oublier, qu'un nombre important de naufrages affecte dans la deuxième moitié du 19ème siècle les flottes de là baie de Saint-Brieuc.

La troisième génération des Ruellan va investir modestement dans la pêche en Islande avec des navires plus petits du type goélette, et abandonnera définitivement la pêche hauturière. vers 1885.

La famille Ruellan qui a une descendance très nombreuse doit supporter une division des ressources financières à chaque succession. Aussi, la troisième génération va, à la fin du 19ème siècle, se diriger vers l'armée, la banque, l'administration, et de nombreux enfants, filles ou garçons vont entrer dans les congrégations et ordres où plusieurs auront un rôle éminent.

Il faut ajouter aux armements Ruellan, les familles qui lui étaient alliées et qui ont également armé pendant la même période : L. Guibert-Corbel, J.M.Corbel, J.L. Descognets, Hamonno, de Serière et Augustini.

Le naufrage des "Sept Frères" et de "La Providence"

Synthèse d'après les recherches de Bernard Corbel.

En 1875, Paul Ruellan, d'Etables-sur-Mer, armait 3 navires pour Terre-Neuve. A ce moment, la pêche marchait bien. Le navire le "Sept Frères" ramenait 72 hommes au Portrieux. Avant son départ, le commandant de la corvette française se voulut condamner le bateau, mais le capitaine qui était un vrai loup de mer, un aventurier, sans en avoir l'air, Guillosson, répondit : "Dans 15 jours, je serai à Etables". Là-dessus, le commandant laissa faire.

Malheureusement, le jour du départ, une tempête s'éleva. Le vent était favorable pour la route du Portrieux ; au dire des autres marins, les glaces se rencontraient à 100 lieues de Terre-Neuve. Depuis ce jour, on n'a pas entendu parler des "Sept Frères". On a émis toutes les suppositions possibles : le trois mâts avait plus de quarante ans ; des marins prétendent qu'à l'arrière, le tableau a pu se détacher : d'où voie d'eau. Les autres disent : il a du, la nuit, dans la brume épaisse à couper au couteau, heurter contre un iceberg et a coulé aussitôt en engloutissant tout son monde.

La famille Ruellan avait donné ce nom des "Sept Frères" en souvenir des sept garçons de la maison.

En plus de ce navire, Ruellan avait un trois-mâts "Eugénie", un autre trois-mâts goélette la "Marie", magnifique brick, qui en revenant de Marseille, est venu s'enfourcher sur un rocher de Saint-Marc en Tréveneuc, par une nuit sombre. L'équipage, heureusement, se sauva dans une embarcation. La "Marie" perdue, Paul Ruellan, acheta une goélette, la "Providence", qui s'est perdue corps et biens, en revenant de Marseille, le 21 décembre 1884, sur un rocher de l'Île de Batz.

Etables-sur-Mer, capitale des colonies de vacances des Côtes-du-Nord

Synthèse d'après les recherche de M.F. Holley, association "Etables entre terre et mer".

La 1ère colonie de vacances de la commune, tenue par un curé, était installée dans un bâtiment en bois à la Pointe de la Rognouze, en 1909. Elle fut suivie par d'autres centres de vacances, dont celle de l'assistance publique de Paris. Entre 1939 et 1960, la commune d'Etables a accueilli 18 pensions de famille. Ces centres de vacances ont contribué à faire connaître Etables comme lieu de villégiature et de vacances populaires.

En 1960, le journal "Le Télégramme" relevait que 10% de la population estivale de la commune d'Etables était composée d'enfants qui fréquentaient les colonies de vacances de la commune, soit plus de 700 enfants, répartis dans les trois hôtels reconvertis en centre de vacances : l'Hôtel Bellevue, l'Hôtel des Godelins et l'Hôtel Continental et dans 12 autres lieux, comme le manoir de la Ville-Durand (enfants de Laval), la maison Ruellan, la maison Violet (plage du Moulin). Les premières "colos" implantées à Etables remontent à 1907 (le Vau-Chaperon à Michaël-Pic). Elles prennent un essor considérable entre 1920 et 1936. La seconde guerre mondiale voit certains centres accueillir des enfants défavorisés comme la colonie Ste-Geneviève à Ker-Ruellan (de 1924 à 1985). La maison Violet fut la dernière colonie de vacances d'Etables-sur-Mer en 1998.

20072207471NUCB : Collection particulière

20072207376NUCB : Collection particulière