1- Matignon : évolution démographique (1854-1999) : (Patrick Pichouron)
Matignon, population en 1854 : 1 356 habitants (source : Jollivet).
Matignon, population en 1946 : 1 415 habitants (source : Insee).
Matignon, population en 1968 : 1 417 habitants (source : Insee).
Matignon, population en 1975 : 1 591 habitants (source : Insee).
Matignon, population en 1982 : 1 609 habitants (source : Insee).
Matignon, population en 1990 : 1 613 habitants (source : Insee).
Matignon, population en 1999 : 1 537 habitants (source : Insee).
2- Matignon : principaux repères : (Patrick Pichouron)
Matignon est une commune littorale du département des Côtes-d'Armor située sur la côte d'Emeraude, au nord-est de Saint-Brieuc. D'une superficie totale de 1 454 hectares, elle est bordée par la Manche au nord et limitée par les communes de Pléboulle à l'ouest, de Saint-Potan au sud et de Saint-Cast-le-Guildo à l'est. Le sous-sol est composé essentiellement de schiste et de granite.
La paroisse de Matignon, plus précisément la paroisse de Saint-Germain-de-Matignon, s'est constituée avant le 13ème siècle au détriment de la paroisse bretonne primitive de Pléboulle. Paroisse du diocèse de Saint-Brieuc sous l'Ancien Régime, attestée comme telle pour la première fois en 1219 dans le cartulaire de l'abbaye de Saint-Aubin-des-Bois, elle avait pour chef-lieu l'église de Saint-Germain-de-la-Mer [fig. 6]. A la Révolution, le service religieux fut transféré au bourg de Matignon dans la collégiale Notre-Dame. Cette ancienne chapelle castrale, devenue collégiale au 14ème siècle, fut érigée en église curiale le 8 avril 1803, puis démolie et remplacée en 1847 par l'actuelle église Notre-Dame.
Le bourg de Matignon était sous l'Ancien Régime le siège de la juridiction de la châtellenie de Matignon. Relevant de Lamballe, elle exerçait droit de haute, moyenne et basse justice, avec fourche à quatre pots située sur la lande de l'Hôpital, dans les paroisses de Languénan, Notre-Dame-du-Guildo, Pléboulle, Pléhérel, Plévénon, Ruca, Saint-Cast, Saint-Germain-de-la-Mer et Saint-Potan. Le château, possédé par Etienne Goyon et Lucie de Matignon au milieu du 13ème siècle, était situé sur l'ancienne voie romaine d'Alet (Saint-Servan) à Carhaix, au lieu-dit les Mottes perpétuant la présence d'une motte castrale dessinée par le vicomte Henri Frotier de La Messelière au début du 20ème siècle [fig. 3 et 4].
Les Templiers et les moines cisterciens de l'abbaye Saint-Aubin-des-Bois étaient possessionnés dans la paroisse. Les premiers possédaient une aumônerie à la Croix-Huis qui devint par la suite propriété de l'Ordre de Malte. Les seconds avaient acheté en 1259, au lieu-dit l'Abbaye de Saint-Gallery, le prieuré de l'abbaye de Saint-Valéry-sur-Somme, à proximité duquel ils établirent une grange ou exploitation agricole.
Erigée en commune au début de l'année 1790, Matignon fut amputée de l'écart du Breil au profit de la commune de Saint-Cast par arrêté du 27 avril 1825. Par ordonnance du 15 mars 1826, elle céda également à la commune de Saint-Potan une fraction de territoire au sud de la Lande-Basse et reçut de la commune de Pléboulle une portion de terres au sud des Mares en échange de l'écart de la Haute-Ville et de portions de territoire situées au nord des Mottais, d'une part, entre le Gué et la saline des Sablons, d'autre part.
3- Matignon : le patrimoine architectural : (Patrick Pichouron)
La présente enquête a été réalisée au cours des mois de septembre et octobre 2006 dans le cadre de l'opération d'inventaire préliminaire à l'étude des communes littorales du département des Côtes-d'Armor. Elle a permis de procéder au repérage de 182 oeuvres, parmi lesquelles 156 relèvent de l'architecture domestique (manoirs, maisons et fermes), 10 de l'architecture religieuse, commémorative et funéraire (église, chapelles, croix et monuments), 5 de l'architecture du génie civil (voies ferrées et ponts routiers) et 4 de l'architecture des équipements publics (mairie et écoles).
La datation des oeuvres est comprise entre le 11ème siècle, date probable de la motte des Guerches [fig. 5], et le 3ème quart du 20ème siècle. 16 oeuvres, parmi lesquelles 2 sont protégées au titre de la législation sur les monuments historiques [fig. 7, 8], ont fait l'objet d'une proposition de sélection en fonction de critères d'ancienneté, de qualités architecturales, d'unicité ou de représentativité. On notera également le repérage de l'ancienne station de monte de Matignon [fig. 9].
4- Le patrimoine littoral maritime de Matignon : (Guy Prigent)
Le patrimoine de la commune de Matignon se caractérise d'abord par son littoral qui s'ouvre sur la baie de la Fresnaye et le port Saint-Jean, au sud de la pointe Sainte-Efficace, face à Port-Nieux, véritable port de la baie au temps du cabotage (ancien gué traversant la baie). L'anse du moulin Mer et du moulin des Roches Noires conserve et abrite les vestiges du bâti traditionnel des anciennes marées meunières, en particulier dans les vallons du Moulin Mer de Saint-Germain (l'ancienne paroisse d'origine avant la Révolution où était enclavée le bourg de Matignon). Au sud de la commune, en limite de Saint-Germain-de-la-Mer, le hameau des Salines rappelle l'usage ancien des sablons, retenus par un cordon dunaire fossile ainsi que les terrains pris sur la mer (polders et circuit des eaux douces et des eaux salées). Le bâti traditionnel des Sablons (maison noble et ferme des Salines) mérite d'être signalé. Entre un environnement maritime toujours sous-jacent, faisant frontière avec le littoral terrestre, un bâti dispersé entre de multiples hameaux (hors le bourg de Matignon) émiette le territoire de la commune. Au sein de ce corpus, 5 oeuvres ont été repérées, dont 2 oeuvres sélectionnées : le moulin de la mer de St-Germain et un objet, témoin de l'histoire maritime des habitants, une malle de marin Terre-neuvas. Le moulin de la mer fait partie des espaces littoraux remarquables de la commune, et une grande partie des murs et du site a été acquis par le Département. Le moulin à vent de la Vigne, propriété privée, mériterait d'être restaurée. Les témoignages reccueillis autour de la grande pêche méritent d'être soulignés. Ils rappellent que la commune de Matignon et ses voisines du Penthièvre (Pléboulle, Hénanbihen, St-Cast-Le-Guido, Fréhel, Pléhérel) ont fourni nombre d'équipages pour la Grande Pêche. Les traditions orales de Haute-Bretagne collectées au cours de la 2ème moitié du 19ème siècle par Paul Sébillot (personnage illustre, peintre, écrivain, né à Matignon en 1843, décédé à Paris en 1918), éditées dans le "Folklore de la France" (1904-1907), témoignent de la richesse et de la vivacité du patrimoine oral maritime. Paul Sébillot a créé en 1882 la Société des Traditions populaires et en 1886 la Revue des Traditions populaires, où il a cartographié les lieux et sites de ses légendes.