La plage de Testel et ses abords

PINOT, Jean-Pierre, extrait de "Rapport sur l'évolution du littoral autour de la Baie de Lannion et sur la côte de Granit Rose, SMVM de la Baie de Lannion", Brest : Laboratoire de Géographie de la Mer, UBO, 1993, p. 17.1.

"Si le tracé général de la côte est presque rectiligne de Port l'Épine jusqu'à l'entrée du Port Blanc, en fonction de la présence d'un faisceau de failles orientées Ouest-Sud-Ouest - Est-Nord-Est, il y a pourtant une plage qui est située nettement en retrait, celle de Trestel. Et cette fois, cela est dû à la présence de deux failles orientées perpendiculairement aux premières, donc Nord-nord-Ouest- Sud-Sud-Est. Entre les deux, un fossé d'effondrement, qui se prolonge en mer pour passer entre Toc Gwen (le Chapeau Blanc) et ar Men Du Trestel. A terre, ce fossé guide la vallée du ruisseau de Bois-Riou, rempli par des sédiments récents. Les alluvions de ce ruisseau ont longtemps formé un marais et sont maintenant en grande partie drainées. Cette zone humide est fermée, du côté de la mer, par un étroit cordon littoral sableux, devant lequel s'étend une large plage, dont la pente est assez douce (2 %) pour qu'il y ait 500 m entre la laisse de Pleine Mer et celle de Basse Mer.

Cette plage est encadrée par deux promontoires rocheux, et flanquée à l'Est, au-delà de l'un de ces promontoires, par une petite plage annexe, celle de Pors Don, qu'un platier rocheux sépare de Menez Balance, étudié dans le chapitre précédent (avec Trélévern), bien qu'il soit, comme Trestel, en Trévou-Tréguignec.

Dans ce rentrant, les accumulations prédominantes, le long du trait de côte, cessent, pour un kilomètre, d'être de galets. La plage de Trestel et celle de Pors Don sont formées presque exclusivement de sable. C'est tout juste si l'on trouve un ourlet de galets au pied des falaises ou au fond des baies.

Cette prédominance du sable semble tenir à deux causes : d'une part le fossé tectonique de Trestel, dirigé Nord-Nord-Ouest- Sud-Sud-Est, est largement ouvert aux houles du Nord et du Nord-Ouest, qui balaient les sables de l'avant-côte bien plus efficacement qu'à Keriec.

Ces sables abondants, assez comparables quant à leurs dimensions à ceux de l'anse de Keriec, sont bien plus énergiquement repoussés vers le rivage que dans cette anse, parce que l'endroit est plus battu par les houles longues de l'Atlantique, même si elles ont dû tourner un peu autour de Tome et des roches de Kéolec et d'Enes Lec avant d'atteindre Trestel".

Le cordon littoral de Trestel

PINOT, Jean-Pierre, extrait de "Rapport sur l'évolution du littoral autour de la Baie de Lannion et sur la côte de Granit Rose, SMVM de la Baie de Lannion", Brest : Laboratoire de Géographie de la Mer, UBO, 1993, p. 17-4.

"S'il y a dans notre région quelque chose qui mérite le nom de "cordon littoral", c'est bien ce qui sépare la plage de Trestel du marais. En effet, même si on parlait généralement à son propos des "dunes de Trestel", le terme n'était pas absolument approprié, car ce cordon ne présentait pas le mamelonnement caractéristique des dunes, même lorsque vers 1960 des terrassements avaient rompu la couverture végétale et provoqué la formation de caoudeyres. Auparavant, on avait une surface presque horizontale, tout à fait comparable à ce que l'on a vu jusqu'à une période bien plus récente sur les cordons sableux, artifïcialisés plus tardivement, de Gouermel ou de Ralévy en Plougrescant.

Aujourd'hui, le paysage a été entièrement transformé, entièrement artificialisé, et le cordon a été très élargi par le remblaiement de la bordure du marais ; il y a 30 ans, le chemin qui longeait le cordon passait à quelques mètres seulement du marais. Le cordon littoral a été un peu élargi aussi, du côté de la plage (du moins par rapport à ses positions saisonnières les plus en retrait), par des remblais opérés vers 1970, puis par la mise en place d'un mur de protection, dont la concession de D.P.M porte sur 1865 m2 (une largeur d'un peu moins de 5 m sur un peu moins de 400 m de long). À l'heure actuelle, il est fort bien protégé, même s'il a totalement perdu ses caractéristiques naturelles, et il n'y a pas lieu de proposer quoi que ce soit à son propos.

La plage était autrefois très fortement marquée par le ruisseau, qui la ravinait et y divaguait, donnant un plan en V aux courbes de niveau. Cette caractéristique s'est très fortement atténuée aujourd'hui, peut-être parce que la disparition de la zone tampon que constituait autrefois le marais inondable fait que les crues du ruisseau sont bien plus brèves, mais aussi plus violentes : sur l'estran, les eaux du ruisseau creusent plus profond, moins large, et pour très peu de temps. L'incision est rapidement effacée par le remaniement du sable à marée haute. Autrefois, la crue commençait par remplir le marais, qui ensuite se vidait peu-à-peu ; à pluie égale, la crue était moins forte, mais bien plus durable. Ce changement a plutôt bénéficié à la plage, qui est plus régulière qu'autrefois".

20082205139NUCB : Collection particulière

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