La digue des Moines aurait été selon la tradition orale édifiée sous François 1er, au début du 16ème siècle. Dom Lobineau (1667-1727), dans la notice sur St-Jacut-de-la-Mer et l'Abbaye royale du même nom, situe les grands travaux effectués par l'Abbaye à partir de 1390. Il attribue à l'Abbé Olivier Péan de Pontfily les pêcheries de pierre construites à cette date et il ajoute dans son mémoire C'est aussi probablement à cette époque de la grande prospérité de l'abbaye que remonte la construction de la digue, aujourd'hui encore appelée 'la digue des Moines', qui enleva à la mer et qui protège toujours contre ces envahissements nos champs les plus fertiles. Cette digue devait permettre d'assécher les terrains situés autour des fermes de Buglais, de la Briantais et du Villeu. Ce système de drainage fonctionne toujours. Une écluse munie d'une porte, dite 'le Pertuis de la Goutte' assure le drainage des eaux vers la mer, empêchant l'accès de celle-ci vers les terres. Il est intéressant de mentionner l'aveu au Roi de l'abbé P. de Francheville de 1678 qui dit : ceux qui ont des pescheries en rivière d'Arguenon et de Landcieux les tiennent de l'abbé comme étant entre ses fiefs. Ceci confirme qu'outre ses biens en Saint-Jacut, l'abbaye y avait des possessions de l'autre côté de Lancieux. Deux brèches ont été pratiquées au cours du 20ème siècle dans la digue. La première, proche du Pertuis de la Goutte, aurait été effectuée en 1974 pour faciliter le transport des récoltes, inondées par les eaux pluviales. La seconde, un peu plus éloignée, a été pratiquée en 1929. En effet, à la suite de pluies diluviennes, les eaux retenues par la digue des Moines, recouvrirent les terres comprises entre cette digue, les fermes des Briantais et le village du Villeu. En passant en limite du village, les eaux rejoignaient la mer au 'Charroi aux Anes', après avoir emprunté la zone marécageuse située à l'Ouest de la rue Jules Jeunet. C'est pour permettre une évacuation plus rapide des eaux qu'une brèche fut donc pratiquée dans la digue. Une autre brèche, qui fut rebouchée par la suite, fut également réalisée dans la digue de la Roche pour les mêmes raisons.