Anjela Duval (à l'état-civil, Marie-Angèle Duval) est née le 3 avril 1905 à Le Vieux Marché et décédée à Lannion le 7 novembre 1981, elle repose au cimetière de Plouaret dans son tombeau familial. De 6 à 12 ans, elle fréquente l´école des Soeurs de Trégrom. Paysanne érudite mais pauvre, catholique, célibataire, bretonnante, habitant au lieu-dit "Traoñ an Dour" (près de Keriot Braz) à Le Vieux-Marché, elle écrit des poèmes sur des cahiers d´écolier en français, puis en breton à partir du début des années 1960. Ses poèmes ont été publiés dans plusieurs revues bretonnantes. Une statue de Roland Carré la célèbre sur la place du Vieux-Marché depuis 2011. Depuis 2021, ses archives, versées par Ronan Le Coadic, sont accessibles à la médiathèque de la ville de Lannion.

Le 28 décembre 1971, Anjela Duval participe à l´émission "Les Conteurs" de l´Office national de radiodiffusion télévision française (ORTF) réalisée et produite par André Voisin. Cette émission intitulée "Le Trégor en Deux Visages (2ème partie) Ang[j]éla Duval" a fait connaître la poétesse au public français :

Anjela Duval : "Une ferme, c´était tout un poème. [André Voisin : Oui, par exemple]

Par exemple, Kernotériou là, qui est là devant nous, Kernotériou cela veut dire : les beaux autels, Kernotériou, la ville des autels car il avait une chapelle, la chapelle Saint-Magloire ; saint Magloire, quand la chapelle est tombée, a été recueilli par monsieur Vendeville dans ce bijou du moulin là (sans doute le moulin de Kernotériou, actuellement Pont Coz ?), il y trône encore, un vieux saint de bois...

Kernotériou, c´est déjà tout le titre d´un poème ; tous les champs, c´était, chacun comme un vers du poème... [Oui, comme un jardin] ils avaient tous des noms ; mais maintenant puisqu´on a abattu des talus, il y a trois, quatre, cinq champs dans le même champ, allez chercher le nom maintenant parmi tout ça ; [Ce sont des enfants perdus un peu] oui, ma fois, ils avaient des jolis noms aussi.

[Et le village de Trégrom là-haut, c´est comme une...] ...comme une poussinière, comme une poule et ses poussins ; comme si l´église était la poule et les maisons ; ils sont pas de grandes maisons, ils sont toutes à peu près de la même taille ou presque ; comme les poussins autour de la mère là.

[Vos champs, ils avaient tous des noms] Ils ont tous un nom...

[…]

[Nommer quelque chose, c´était le connaître] Oui certainement, c´était comme un personnage, quand vous avez dit le nom, vous voyez tout de suite la figure de la personne...

[…]

[Vous aimez la terre vous, pourquoi au fond, profondément] Je ne voulais pas le dire, je suis né là, j´ai toujours vécu là, cela fait partie de moi-même, cela fait partie de moi-même, mais oui, j´ai mes racines là quand même, celui qui n´a pas de terre, n'a pas de racines.

[C'est votre devise ça un peu ?] Oui, certainement puis c'est la terre de mes ancêtres, mon père a peiné dessus et moi je peinais depuis aussi.

[Mais ça ne vous fait rien justement de peiner vous êtes... ?] Ah, non, je m'en voudrais de ne pas faire par exemple, ah non, il ne faut pas lésiner sur sa peine à propos de la terre, parce que la terre elle rend à mesure qu'on lui donne".

(Transcription, Guillaume Lécuillier, 2012 ; mise à jour décembre 2021).