L'église paroissiale de Tonquédec est dédiée à saint Pierre. Son édification a été financée par la maison de Coëtmen, seigneur du château fort de Tonquédec, dont les armoiries "De gueules aux neuf annelets d'argent 3,3,3" figurent dans la verrière, sur un pilier et sur l'un des contreforts du chevet. Sous le chœur repose Jean II de Coëtmen (mort en 1496) et son épouse Jeanne du Pont. A la demande de Rolland de Coëtmen, l'église a été érigée en collégiale par bulle pontificale du 17 août 1447 alors que Jean de Ploeuc est évêque de Tréguier (1442-1453). En tant que collégiale, l'église de Tonquédec - devenue église capitulaire, a été confiée à un chapitre collégial constitué de plusieurs chanoines et d'un supérieur nommé prévôt.
En 1803, l'église - dont la capacité est insuffisante pour accueillir l'ensemble des paroissiens devient succursale. Après sa reconstruction, l'église est consacré en août 1837 par Mathias Le Groing de La Romagère, évêque de Saint-Brieuc et de Tréguier (1817-1841).
L'architecture hétérogène de l'église de Tonquédec témoigne de son histoire multiséculaire :
- chevet plat du 15e siècle de style gothique avec sa maîtresse-vitre datée 1460-1470 ;
- tour-clocher (jusqu'à la balustrade) - de style néo-classique, datée de 1773 et surmontée d'armoiries (martelées pendant la Révolution) ;
- reconstruction de la nef avec bas-côtés de sept travées et de la tour-clocher dans les années 1835-1837 sur des plans de l'architecte et entrepreneur lannionais Alain Lageat (projet approuvé le 25 juillet 1835). Des éléments anciens comme les portes nord et sud surmontées d'une archivolte (le remontage de la porte sud est datée 1835), des rampants ou crossettes sculptées sont remployés ;
- flèche du clocher reconstruite vers 1845-1847 (elle a été foudroyée en 1844) ;
Le mobilier mérite une certaine attention, on compte ainsi :
- un bénitier mural en granite sculpté du 13e siècle (?) (classé au titre objet en 1911) ;
- deux autres bénitiers en granite (plus tardifs) ;
- plusieurs statues anciennes en bois polychrome représentant notamment saint Pierre et saint Yves (17e siècle), saint Guillaume, saint Efllam, saint Herbot et sainte Barbe.
- une statue de Notre-Dame de Kermeur (dans le chœur) ;
- une statue de Notre-Dame de Kerivoalan (à droite du chœur) ;
- un maître-autel du 18e siècle ;
- une chaire à prêcher datable du 18e siècle ;
- des fonts baptismaux ;
- un Chemin de croix (via crucis) ;
- plusieurs bannières ;
La maîtresse-vitre (fenêtre du chevet placée dans l'axe de l'église, unique ou plus importante que les autres) est datée du 3e quart 15e siècle (1467-1470) : elle a vraisemblablement été réalisée par les peintres verriers de Tréguier Oliver Le Coq et Jehan Le Lavenant comme à la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic (22) datée de 1463.
Ses vitraux représentent la Passion et la Résurrection du Christ. On trouvait également les portraits des donateurs comme : Roland de Coëtmen (mort avant 1370) et sa femme, Jeanne Anger présentée par Sainte Marguerite ; Jean de Coëtmen et sa femme Jeanne du Pont présentée par Saint Jean.
Si à l'origine, la verrière est divisée en 6 lancettes (24 panneaux), il n'en subsiste plus que 4 (16 panneaux) qui ont conservées leurs panneaux historiés après que la foudre se soit abattue sur l'église en 1844. Les vitraux ont été restaurés en 1847, 1913 (atelier Tournel à Paris) et en 1954-1955 (atelier du maître-verrier Hubert de Sainte Marie à Quintin). La maîtresse-vitre de l'église de Tonquédec est classée au titre objet depuis 1911.
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.