Dossier d’œuvre architecture IA22132444 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Communauté de communes du Haut Trégor
Manoir, Kersaliou (Pommerit-Jaudy fusionnée en La Roche-Jaudy en 2019)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Schéma de cohérence territoriale du Trégor - Roche-Derrien (La)
  • Commune La Roche-Jaudy
  • Lieu-dit Pommerit-Jaudy, Kersaliou
  • Précisions commune fusionnée après inventaire Commune inventoriée sous le nom de Pommerit-Jaudy
  • Dénominations
    manoir

Le manoir à logis-porte de Kersaliou est contemporain du manoir voisin de Kerandraou (Troguéry), construits tous deux à la fin du 14e siècle par une famille noble influente proche du duc de Bretagne, Jean IV de Montfort. Les liens entre la seigneurie de Kersaliou et la châtellenie de La Roche-Derrien existeraient depuis le 13e siècle, Geoffroy de Kersaliou ayant, selon les historiens, fait construire l'hôpital et la chapelle Saint-Eutrope place du martray. Les seigneurs de Kersaliou avaient, semble-t-il, des privilèges très étendus dont celui de haute, moyenne et basse justice dans l'auditoire de La Roche-Derrien, sanctionné par les fourches patibulaires établies sur les hauteurs de Justisso au nord-ouest du manoir. Dans le seconde moitié du 14e siècle, Rolland de Kersaliou était compagnon d'armes de Bertrand Du Guesclin, connétable de France.

Bien que lacunaire, le manoir de Kersaliou est un témoin important de l'organisation du territoire au Moyen-Age, liée au pouvoir d'attraction de La Roche-Derrien. La conservation du logis-porte est, en soi, très intéressante, cette composante du manoir ayant souvent disparue du fait de son inadaptation aux modes et aux usages. Ce bâtiment possède un rôle autant pratique que symbolique, il marque la frontière entre l'espace de la cour seigneuriale et l'extérieur, constituant un élément fort du site manorial. Comme à Kerandraou, son usage comme "maison d'hôtes" est possible.

Ce logis-porte est la seule partie conservée de la première campagne de construction. Le reste du corps de bâtiment ayant été partiellement remonté, sa destination initiale est sujet à hypothèse : il s'agit peut-être d'une métairie noble construite dans le prolongement du logis-porte. Le logis principal a disparu, il devait occuper le côté est de la cour, composé d'une salle basse sous charpente associée à une cuisine et une chambre. Cette hypothèse privilégierait un plan "éclaté" caractéristique de l'époque, faits de bâtiments juxtaposés autour de la cour et reliés entre eux par des murs.

Le manoir de Kersaliou est édifié dans le 4e quart du 14e siècle pour le seigneur du même nom, probablement pour Rolland de Kersaliou et sa femme Méance Taupin auxquels Jean IV de Montfort, devenu duc de Bretagne, avait confié la châtellenie de La Roche-Derrien. C'est ce même couple de seigneurs qui fit bâtir à partir de 1376 la grande chapelle sud de l'église paroissiale Sainte-Catherine de La Roche-Derrien, comme l'indique l'inscription sculptée sur le contrefort du sanctuaire.

Le manoir est remanié dès le 16e siècle et jusqu'au 20e siècle. Lors de son déclassement en ferme au 19e siècle, le manoir est partiellement détruit : le logis principal disparaît au profit d'un nouveau bâtiment agricole probablement édifié sur ses fondations, côté est de la cour. Au nord, le long corps de bâtiment est conservé mais très remanié. Seul, le logis-porte en bout d'alignement est dans un état proche de l'origine.

Construit en moellon de schiste, le long volume simple et rectangulaire à étage carré s'achève, à l'ouest, par un logis-porte. Il est orienté au sud sur la cour à laquelle on accède par le passage couvert qui traverse le logis-porte. Au rez-de-chaussée, des pièces de réserve encadrent ce passage tandis que l'étage est occupée par une pièce à feu dédoublée. Au nord, côté extérieur, le logis-porte est aveugle au rez-de-chaussée tandis qu'au sud, côté cour, une porte ouvre sur une pièce de réserve éclairée par une petite fenêtre à écoinçons. Les deux arcs des grandes portes charretières sont traités différemment selon le même principe que les portes de l'église de La Roche-Derrien : côté sud les moulurations de l'arc rentrent directement dans les larges chanfreins des piédroits ; côté nord, les nombreuses moulurations de l'arc retombent sur des colonnettes. La même niche trilobée somme l'arc des deux portes. Celle du sud est accompagnée d'un blason effacé que surmonte une fenêtre avec double ébrasement à ressaut et écoinçons refouillés.

  • Murs
    • schiste moellon
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    1 étage carré
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Bibliographie

  • COLLECTIF. Le manoir en Bretagne : 1380-1600. Paris, Monum, Cahiers de l´Inventaire, Imprimerie nationale Editions, Inventaire général, 1993, 348 p.

  • LE FELL, Georges et Marie-Louise. La Roche-Derrien de nos jours aux origines. Presses de Roudenn Grafik, Guingamp, 2012.

    Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel)
  • OGEE, Jean-Baptiste. Dictionnaire historique et géographique de Bretagne, nouvelle édition augmentée par Marteville et Varin. Rennes, 1843.

Documents figurés

  • Fonds du cadastre ancien. Tableau d'assemblage et plans parcellaires de la commune de Pommerit-Jaudy, 1835

    Archives départementales des Côtes-d'Armor : série 3 P 247
Date(s) d'enquête : 2015; Date(s) de rédaction : 2015