La malouinière de la Touche Porée, comme beaucoup de ses semblables était à l'origine une maison de plaisance construite vers 1750 pour Charles Porée de la Touche, dont le père, capitaine de vaisseau est anobli en 1711 par l'achat d'une charge de conseiller-secrétaire du roi auprès de la Cour des Aides de Clermont. La demeure est incendiée le 7 août 1789, puis reconstruite en 1814 à l'identique, hormis la toiture qui n 'a pas retrouvé l'élégance de sa pente initiale.
L'accès à la noblesse d'une élite négociante
André Lesagnol dans son livre Messieurs de Saint-Malo : une élite négociante au temps de Louis XIV mentionne la famille Porée comme étant l'une des plus notables de la cité malouine. Charles Porée de la Touche (1652-1708), capitaine de vaisseau à navigué de 1677 à 1695 tant pour le commerce avec l'Espagne qu'en course. Il s'établit entre 1698 et 1703 comme négociant et armateur de frégates sur la ligne de Cadix et développe ses affaires avec l'aide de son beau-père L. Bezard. Il est anobli en 1695 par l'achat d'une charge de conseiller-secrétaire du Roi auprès du Parlement de Rennes. Son frère Alain Porée (1655-1730) s'illustre également en course où il multipliera des exploits comme capitaine du Saint-Esprit. Il accède également à la noblesse par achat en 1711 d'une charge de conseiller-secrétaire du Roi, auprès de la Cour des Aides de Clermont
Une démonstration architecturale
Le château affichait des l'entrée la noblesse récemment acquise de ses constructeurs : grande allée axiale, sauts de loup, deux colombiers circulaires. De même la présence d'un très grand vivier entouré de canaux contribuait au-delà de l'autonomie alimentaire à affirmer le nouveau statut de la famille.
L’ordonnance des façades, l'aménagement des extérieurs, tel que le saut-de-loup qui ferme l'accès, de façon surtout symbolique, correspondent à une esthétique nouvelle de la maison des champs. La modélisation du logis pour son aspect extérieur, avec en façade arrière un léger avant-corps arrondi aux angles, la distribution semblable au Carheil (Saint-Samson-sur-Rance) et au Bas Miniac (Miniac-Morvan) avec une salle à manger centrale induit une même maîtrise d'ouvrage, architecte, ingénieur ou entrepreneur formé sur les chantiers des accroissements de Saint-Malo.
Engagé dans la carrière de la navigation. il a commandé sans discontinuer-de 1677 à 1695- nos meilleures frégates tant pour le commerce d'Espagne qu'en course d'après le témoignage de La Lande Magon, dont il fut l'un des capitaines de confiance, au commandement du Saint-François d'Assise entre 1689 et 1695, en réalisant notamment la capture du vaisseau de guerre le Darmouth en février 1695, en compagnie de son frère.
Il cessa dès lors de naviguer et s'établit comme négociant, développant une activité importante d'assureur (en association avec son beau-père L. Bezard, entre 1698 et 1703) et d'armateur de frégates sur la ligne de Cadix, en course et pour la Mer du Sud, avec l'expédition fructueuse du Saint-Esprit en 1703-1705.
Anobli par achat d'une charge de conseiller-secrétaire du Roi auprès du Parlement de Rennes dès 1695 ; sa fille Hélène épousa Luc Magon de la Balue en 1711.