Dossier d’œuvre architecture IA22132486 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Communauté de communes de Dinan
Manoir dite "malouinière" de la Touche Porée (Pleudihen-sur-Rance)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Parc naturel régional de la Vallée de la Rance - Côte d'Emeraude
  • Commune Pleudihen-sur-Rance
  • Lieu-dit Touche Porée (la)
  • Dénominations
    manoir
  • Précision dénomination
    malouinière
  • Parties constituantes non étudiées
    communs, colombier, chapelle, enclos, dépendance

La malouinière de la Touche Porée, comme beaucoup de ses semblables était à l'origine une maison de plaisance construite vers 1750 pour Charles Porée de la Touche, dont le père, capitaine de vaisseau est anobli en 1711 par l'achat d'une charge de conseiller-secrétaire du roi auprès de la Cour des Aides de Clermont. La demeure est incendiée le 7 août 1789, puis reconstruite en 1814 à l'identique, hormis la toiture qui n 'a pas retrouvé l'élégance de sa pente initiale.

L'accès à la noblesse d'une élite négociante

André Lesagnol dans son livre Messieurs de Saint-Malo : une élite négociante au temps de Louis XIV mentionne la famille Porée comme étant l'une des plus notables de la cité malouine. Charles Porée de la Touche (1652-1708), capitaine de vaisseau à navigué de 1677 à 1695 tant pour le commerce avec l'Espagne qu'en course. Il s'établit entre 1698 et 1703 comme négociant et armateur de frégates sur la ligne de Cadix et développe ses affaires avec l'aide de son beau-père L. Bezard. Il est anobli en 1695 par l'achat d'une charge de conseiller-secrétaire du Roi auprès du Parlement de Rennes. Son frère Alain Porée (1655-1730) s'illustre également en course où il multipliera des exploits comme capitaine du Saint-Esprit. Il accède également à la noblesse par achat en 1711 d'une charge de conseiller-secrétaire du Roi, auprès de la Cour des Aides de Clermont

Une démonstration architecturale

Le château affichait des l'entrée la noblesse récemment acquise de ses constructeurs : grande allée axiale, sauts de loup, deux colombiers circulaires. De même la présence d'un très grand vivier entouré de canaux contribuait au-delà de l'autonomie alimentaire à affirmer le nouveau statut de la famille.

L’ordonnance des façades, l'aménagement des extérieurs, tel que le saut-de-loup qui ferme l'accès, de façon surtout symbolique, correspondent à une esthétique nouvelle de la maison des champs. La modélisation du logis pour son aspect extérieur, avec en façade arrière un léger avant-corps arrondi aux angles, la distribution semblable au Carheil (Saint-Samson-sur-Rance) et au Bas Miniac (Miniac-Morvan) avec une salle à manger centrale induit une même maîtrise d'ouvrage, architecte, ingénieur ou entrepreneur formé sur les chantiers des accroissements de Saint-Malo.

Un logis neuf

La seigneurie de la Touche a appartenu aux de Québriac, aux Porée puis aux Magon de la Ville Huchet. La Touche Québriac est citée dans les réformations de 1478 et 1513. L'emplacement de la chapelle sainte Anne, à l'angle du grand jardin se devine toujours, elle est mentionnée au 17e siècle. Thérèse Porée des Landes y fut mariée en 1697 à Ecuyer François du Fournet, sieur de la Guéhardière en Saint-Pierre de Plesguen.

Le nouveau manoir édifié sur une parcelle voisine, s'apparente aux malouinières du Bas-Miniac en Miniac-Morvan et du Carheil en Saint-Samson-sur-Rance qui sont datées du milieu du 18e siècle. La date de 1753 qui apparaît sur le linteau d'une porte des communs de la Touche Porée indique une campagne de construction du milieu du 18e siècle. Charles Porée (1706-1777), fils de Alain Porée et de Jeanne Thérèse de Nouail est vraisemblablement le commanditaire du nouveau logis. Il est également le parrain de la 3e cloche de l'église paroissiale de Pleudihen, bénite le 29 août 1752. N'ayant pas de descendants directs, sa nièce Thérèse Porée, épouse de Jean-Baptiste Magon de la Ville-Huchet en hérite. La propriété restera dans les mains de cette famille jusqu'au milieu du 19e siècle.

Les troubles révolutionnaires et la reconstruction de 1814

L' abbé Brebel qui a dépouillé les registres municipaux des délibérations de Pleudihen relate la triste histoire du pillage et de l'incendie de la Touche Porée en 1789. «Comme un soldat voulait franchir le fossé à l'aide d'une échelle, un coup de feu tiré de l'intérieur tua le milicien Labbé. De Dinan, le lendemain, 7 août, on envoie encore à la Touche-Porée deux cents hommes, moitié de la milice et moitié du régiment de Penthièvre, qui s'emparent du château et font prisonniers cinq hommes et deux femmes. Carpentier, officier de la milice, qui était retourné à la Touche, y est tué par un soldat dans une rixe. La maison est incendiée et pillée.(...) on avait brisé les vitraux et les tableaux de la chapelle, descendu la cloche, arraché et porté, au bourg de Pleudihen, la grille du château. Un détachement fut envoyé à la Touche, pour faire cesser les déprédations". L'Inventaire des biens de la métairie de la Touche dressé le 17 janvier 1795 indique que l'ensemble de la propriété a été dévasté. La métairie est indiquée dans un état pitoyable : « en mazures consistant anciennement en maison de fermiers, étables, écuries, grange et celliers, gîte à cochons incendiés lors du bruli de la Touche Porée ». La famille Magon réhabilite la malouinière en 1814. Cette date est sculptée sur le larmier au-dessus de la porte principale donnant sur la cour.

  • Période(s)
    • Principale : milieu 18e siècle, 1er quart 19e siècle
  • Dates
    • 1753, porte la date
    • 1814, porte la date
  • Auteur(s)
    • Personnalité :
      Porée Charles
      Porée Charles

      Engagé dans la carrière de la navigation. il a commandé sans discontinuer-de 1677 à 1695- nos meilleures frégates tant pour le commerce d'Espagne qu'en course d'après le témoignage de La Lande Magon, dont il fut l'un des capitaines de confiance, au commandement du Saint-François d'Assise entre 1689 et 1695, en réalisant notamment la capture du vaisseau de guerre le Darmouth en février 1695, en compagnie de son frère.

      Il cessa dès lors de naviguer et s'établit comme négociant, développant une activité importante d'assureur (en association avec son beau-père L. Bezard, entre 1698 et 1703) et d'armateur de frégates sur la ligne de Cadix, en course et pour la Mer du Sud, avec l'expédition fructueuse du Saint-Esprit en 1703-1705.

      Anobli par achat d'une charge de conseiller-secrétaire du Roi auprès du Parlement de Rennes dès 1695 ; sa fille Hélène épousa Luc Magon de la Balue en 1711.

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      personnage célèbre attribution par travaux historiques

le logis s'apparente à la malouinière type à trois travées avec léger avant-corps central. La façade sur le jardin donne sur une terrasse et un vaste jardin, tapis vert d'agrément. Les pavillons qui encadraient le logis (dessinés sur le cadastre ancien) ont été détruits.

Les encadrements des ouvertures et les chaînages d'angles harpés sont en pierre de taille de granite. Un bandeau de séparation des niveaux est peint en fausse pierre. La salle à manger au centre est accostée d'un grand salon et d'une cuisine. Sol en dalles de Saint-Cast et planchers.

Caves voûtées en soubassement.

Entrée avec saut de loup en demi lune encadré de deux anciens colombiers. Une aile récente a été construite sur la cour . Enclos de la propriété bien conservé ainsi que les communs.

Métairie de la Touche (non vue).

  • Murs
    • granite moellon enduit
    • granite pierre de taille
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    étage de soubassement, 1 étage carré, étage de comble
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
  • Typologies
    malouinière

Documents d'archives

  • A. D. des Côtes-d'Armor : 1 Q2, inventaire des biens composant la métairie de la Touche, Pleudihen-sur-Rance, 28 nivose an 3 (17 janvier 1795).

    Archives départementales des Côtes-d'Armor : 1Q2
  • A. Départementales des Côtes d'Armor (en ligne). Registre des baptêmes, mariages et sépultures, années 1774-1778.

Bibliographie

  • Abbé BREBEL Eugène. Essai historique sur Pleudihen-sur-Rance. 1916. Réédition, Paris : le livre d'histoire-Lorisse, 2003.

  • LE BOULANGER Françoise. Côtes d'Armor, Pleudihen-sur-Rance, la Touche Porée.Des vestiges antiques et modernes d'aménagement du paysage, Diagnostic d'archéologie, rapport final d'opération. INRAP, avril 2013.

  • LESPAGNOL André. Messieurs de Saint-Malo, une élite négociante au temps de Louis XIV, volume 2, P.U.R : Rennes, 1997, p.837.

Annexes

  • La Touche Porée : état de la section D du cadastre de 1844
  • Décès de Charles Porée [170(6)-1777]
  • Charles, sieur de la Touche Porée (1621-1681) et ses descendants
Date(s) d'enquête : 2015; Date(s) de rédaction : 2016