Dossier collectif IA22132507 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Communauté de communes Rance Frémur
Les maisons de capitaines et de marins de Plouër-sur-Rance

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    maison
  • Aires d'études
    Parc naturel régional de la Vallée de la Rance - Côte d'Emeraude
  • Adresse
    • Commune : Plouër-sur-Rance

Au XIXe siècle, la plaine de Plouër, c'est-à-dire l'étendue d'eau formée par la Rance entre Plouër et Pleudihen, est appelée par les terre-neuvas la « vallée des Singes ». Les singes sont les capitaines des bateaux de pêche ou de long courriers, qui sont nombreux dans cette zone. Une nouvelle élite liée à la mer se développe ainsi localement, de nombreuses familles commençant leur ascension sociale dès le XVIIIe siècle. La famille Colas, commanditaire de la maison de la Villée, évolue selon ce schéma, et ses membres sont capitaines de pêche, au long cours, ou corsaires, selon la conjoncture. Leur demeure utilise, comme bien d'autres demeures de la région, la pierre de Lesmont provenant d'une carrière de la paroisse.

Au cours des époques, chaque brassage de civilisations a aussi donné lieu à une circulation des espèces végétales. Le siècle des Lumières tient dans ce domaine une grande place, c'est le siècle des grands voyages de découverte à la voile dont les marins du territoire furent les acteurs principaux. Ainsi, les maisons de capitaines ont souvent dans leurs jardins un palmier. Pour les marins le palmier est devenu "l'arbre du retour" que l'on plante entre deux embarquements, à l'occasion d'une naissance ou d'un anniversaire. Ou bien à l'âge de la retraite, une façon de reprendre racine en "plantant le voyage" et d'avoir sous les yeux cette silhouette qui toujours y invite.

La pêche dans l'estuaire de la Rance appelée la "petite mer" tenait une place importante dans l'économie locale. La Rance jusqu'à la construction de l'usine marémotrice abondait en poisson de mer et crustacés. La pêche y était si dense que l'on dut établir un quota pour éviter la disparition de certaines espèces. Cette activité importante engendra un type de maison très particulier dont on trouve encore quelques spécimens remarquables, comme celle située à la Mettrie Pommerais. Lorsqu'il est à terre le marin ne peut se permettre d'être inactif. Le broyage du lin lui assure un petit revenu, ainsi qu'une petite activité agricole avec la présence de vaches et d'un petit lopin de terre. Les femmes restant seules les deux tiers de l'année, elles travaillaient 2 à 5 hectares, en utilisant des ânes. La polyculture vivrière fournissait les denrées nécessaires à la vie de la famille.

La construction navale a entraîné l'implantation d'un artisanat important dans l'arrière-pays, tissanderie, voilerie, corderie, bourrellerie. La pêche dans l'estuaire de la Rance, et l'artisanat local ont donné lieu à un type de maisons qui se confondent. Sans doute parce que pêcheurs et artisans ne pouvaient obtenir beaucoup de terre, leurs maisons sont de petite taille, carrées mais tout en hauteur. Leur originalité consiste en leur mode d'accès au 1er étage, le lieu d'habitation. On y accède par un gros escalier de pierre, parallèle ou perpendiculaire à la façade. Le rez-de-chaussée était consacré au travail, et le grenier sous le toit à l'entrepôt de produits alimentaires de base et à certaines matières premières (lin, chanvre, etc...).

Les ressources qu'offraient sous l'ancien régime le tissage du lin et du chanvre n’ayant plus d'effet une grande partie de la population des villages va ensuite se consacrer à la pêche, cette mutation profonde, due à la mer, c'est l'armement à Terre Neuve : des "pelletas" surtout, mais aussi des capitaines que se soit au banc, au commerce ou a la "Royale". Les engagements des marins, comme tous les autres contrats, se forment par des conventions librement consenties. Ainsi, Saint-Malo a puisé ses marins dans l'arrière-pays. C'est là que les armateurs ont trouvé leurs matelots et leurs capitaines. Mais le débouché le plus marquant a été la pêche à la morue sur les bancs de Terre-Neuve. Les Terreneuvas étaient tous recrutés dans le triangle Cancale-Dinan-Dinard. Depuis le 18e siècle, jusqu'au début du 20e siècle les terreneuvas quittaient le port en février et ne le revoyaient qu'en septembre. Pendant ce temps, les femmes et les enfants travaillaient la terre. C'est surtout ce type de pêche saisonnière qui a donné au territoire sa dualité terre-mer, déterminante pour l'habitat et le type d'exploitation agricole.

  • Période(s)
    • Principale : 18e siècle, 19e siècle

Les maisons de marins sont généralement disposées en rangées. La solitude des femmes et la nécessaire mise en commun des durs travaux de la terre constituent sans doute les raisons principales pour lesquelles l'habitat s'est organisé en hameaux très denses, mais bien délimités et dispersés. Ces maisons sont alignées en rangées, accolées par un pignon commun. Les façades sont ainsi aspectées au sud, sud-ouest pour recevoir le maximum de soleil, et pour s'abriter des vents froids et humides du nord, nord-ouest. Les rangées sont ainsi implantées le long des voies communales, parallèles à elles quand celles-ci sont orientées est-ouest perpendiculaires à elles, quand elles sont orientées nord-sud.

Les maisons de capitaines sont des maisons isolées, qu'elle soient construites par de riches marchands, armateurs ou corsaires de Saint-Malo. Ces gens possédaient pratiquement toute la terre. Les ouvertures de ces maisons imposantes sont plus nombreuses, plus grandes, disposées de façon parfaitement symétrique. La maçonnerie en schiste est faite de pierres travaillées et régulièrement disposées. Les linteaux et jambage, en granite du Hinglé, sont standardisés et soigneusement taillés. Ces maisons de capitaines s'inspirent du modèle de la malouinière (toit à croupes, lucarnes en arc segmentaire et souches de cheminées à épaulements), très reconnaissable dans certaines maisons de capitaines comme celle de la Guennerais (milieu 19e siècle) puis plus tard celle de la rue de la Rance à la fin du XIXe (maison qui a perdu son enduit...).

  • Toits
    ardoise
  • Murs
    • schiste moellon
    • granite pierre de taille

Bibliographie

  • FLOHIC, Jean-Luc. Le patrimoine des communes des Côtes-d'Armor. Paris : Flohic,1998, 2 tomes.

    Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel)

Périodiques

  • Le Carrouge, n°1 à 92, revue de l'association Le Carrouge, Plouër-sur-Rance.

    Bibliothèque municipale de Dinan

Annexes

  • Les Colas à la Villée
  • Les Bigeon à la Villée
Date(s) d'enquête : 2015; Date(s) de rédaction : 2015, 2020