Dossier d’opération IA22133674 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale
Présentation de l'opération : Inventaire du patrimoine lié à l’histoire toilière du Quillio

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Bretagne
  • Adresse
    • Commune : Le Quillio

Présentation

L'étude topo-thématique centrée sur la commune du Quillio s’inscrit dans le cadre plus large d’une étude thématique sur le patrimoine lié à l’histoire toilière de la Bretagne. Entre le 15e siècle et la fin 18e siècle, la Bretagne est l’une des premières régions toilières de France. Cette production mobilise les quatre départements bretons, inscrits dans un réseau commercial européen et atlantique. Les témoignages patrimoniaux sont de nature différente suivant les territoires et la place qu'ils occupent dans la chaîne de production. Le Quillio est l’un des cœurs battants de la manufacture des bretagnes, active du 17e au début du 19e siècle. Ses toiles de lin sont réputées pour leur finesse et leur blancheur éclatantes, exportées en majeure partie dans le colonies espagnoles d’Amérique. La production et le commerce de ces toiles ont laissé des témoins patrimoniaux variés : maisons de marchands, de tisserands, et de blanchisseurs, doués pour le rinçage des toiles, "pileries" pour le conditionnement et le stockage des toiles, embellissement de l’église par les marchands de toiles.

Menée dans le cadre de l’étude thématique initiée depuis 2022 par la Région sur le patrimoine lié à l’histoire toilière de la Bretagne, l'étude topo-thématique du Quilllio prolonge l’Inventaire conduit sur la commune limitrophe de Saint-Thélo en 2022. L’enquête d’Inventaire du Quillio réinvestit par ailleurs une précédente enquête d’Inventaire topographique réalisée en 1996 à l’échelle du canton d’Uzel. L’objectif est de revenir sur la commune avec un regard aiguisé sur ce pan de l’histoire bretonne, à la lumière, notamment, des archives, de la thèse de Jean Martin publiée en 1998 - Toiles de Bretagne, la manufacture de Quintin, Uzel et Loudéac 1670-1830 - et des nouvelles interrogations que l’on peut aujourd’hui porter sur le sujet grâce à la vision globale amorcée par l’étude thématique régionale.

Périmètre d'étude

À la différence des manufactures concentrées, la manufacture des "bretagnes" se caractérise par un espace rural de production au sein duquel les tisserands, les blanchisseurs et les marchands de toiles sont disséminés pendant plus de deux siècles. L'étude prend ainsi en compte le bourg et les lieux-dits ruraux du Quillio. L’organisation spatiale du bâti et des équipements est révélatrice des modes de production, de l'usage des espaces et des ressources en eau.

Au 17e siècle, la porosité entre activité agricole, tissage et commerce des toiles ne facilite pas l’identification des maisons de marchands et des espaces qui leur sont associés. La pauvreté des artisans de la toile se manifeste dans la modestie de leur bâti, souvent remanié ou détruit. A l'inverse, les riches ensembles des marchands de toiles ont mieux résisté au temps, même si leur conservation et leur restauration posent aujourd'hui question. Le développement de la manufacture des "bretagnes" se traduit dans l'architecture rurale aux 17e et 18e siècles par le nombre important de maisons de marchands (21) et d'habitation d'ouvriers de la toile - tisserands et blanchisseurs - plus difficiles à identifier. Le nombre de doués recensés sur le terrain donne une idée de l'importance de l'activité de blanchiment des toiles au Quillio, sachant que beaucoup ont disparu, entre autre, avec le remembrement.

Au total ce sont environ 70 édifices et édicules qui sont identifiés comme ayant un rapport avec l’activité toilière, sur les 240 recensés dans la commune, soit près de 30 % des bâtiments. D'autres édifices, en raison de leur typologie et de leur époque de construction, pourraient être associés à cette activité, sans qu’aucune source ou inscriptions ne puissent l’affirmer. Ce pourcentage est donc sous-évalué par rapport à la réalité, beaucoup de maisons de tisserands et de blanchisseurs n’ayant pu être identifiées, alors même que la fabrication de toiles était la principale ressource de ce territoire. 

Méthodologie

Cette enquête thématique s’appuie sur un recensement de tous les bâtiments de la commune, privés comme publics. Le tissage et le blanchiment de la toile étant la principale ressource du territoire aux 17e et 18e siècles, voire dès le 16e siècle, l’exhaustivité est un préalable à l’identification du bâti et de sa relation avec l’histoire toilière de la commune.

Un corpus d’édifices et d’édicules en lien avec cette histoire est constitué en s’appuyant sur :

· La rencontre des acteurs et actrices locaux : l’identification du bâti (maisons de blanchisseurs, de marchands de toiles, de tisserands, dépendances et parties constituantes liées à l'activité toilière) ainsi que la localisation des anciens doués et étendoirs est facilitée par les échanges et les ressources apportées par les habitants du Quillio, les élus locaux, la médiatrice du patrimoine (Maison des toiles), et les membres d’associations patrimoniales (Association patrimoine du Quillio) ;

· L’analyse du bâti, notamment par analogie, permet d’identifier et de dater les habitations et dépendances liées à l’histoire toilière par un travail de comparaison avec les précédents bâtis rencontrés. La lecture du bâti permet ainsi de repérer des éléments caractéristiques qui varient considérablement entre le 17e siècle et le début du 19e siècle, et en fonction du degré de richesse des commanditaires ;

· Les sources documentaires : plusieurs ouvrages présentent l’histoire de la manufacture des bretagnes et celle de la commune du Quillio. Des chapitres dédiés à l’aspect architectural permettent de localiser et d’identifier les édifices et édicules liés à cette histoire. D’autres chapitres, consacrés aux activités de production, aident à comprendre la destination des espaces et la relation qu'ils entretiennent entre eux. L’histoire de l’église et de ses embellissements est aussi une source d’informations précieuse pour identifier les élites du bourg, tout comme les stèles des tombes dans l'enclos paroissial.

·  Les recherches en archives : le dépouillement du cadastre de 1828 et des états de sections de 1829 permet d’identifier les blanchisseries, constitués de doués, d'étendoirs et de maisons de blanchisseurs construites à proximité d’un doué et d’un étendoir. Les recensements de population réalisés tous les cinq ans à partir de 1836 aident à identifier les professions pour chaque lieu-dit, et les spécificités de certains écarts, mais aussi à rendre compte du déclin de la manufacture entre la fin du 18e siècle et le deuxième quart du 19e siècle.

Cette étude est menée dans le cadre d’un stage de Master 2 Restauration et réhabilitation du patrimoine bâti et des sites de l’Université Rennes 2, entre mai et novembre 2023. L’enquête produit 240 notices de recensement, contribue à la création de .............. dossiers et à l’enrichissement de dix dossiers existants. Une couverture photographique illustre également cette enquête.

Date(s) d'enquête : 2023 - 2023 ; Date(s) de rédaction : 2023