Liés aux élans spirituels, politiques et économiques, la Cornouaille du sud connaît, entre 1100 et 1700, trois périodes propices à l´essor de l´architecture religieuse. Au début de l´ère romane, l´église abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé est, par l´originalité et l´ampleur de son plan - il restera pourtant sans postérité - l´une des créations les plus exceptionnelles et ambitieuses de la Bretagne médiévale. Le décor monumental des chapiteaux traduit une influence de Saint-Benoît-sur-Loire, Redon et Nantes qui atteint, sans retard, les terres des comtes de Cornouaille entre la fin du 11e et le début du 12e siècle.
La seconde période coïncide avec le mécénat des élites urbaines et celui du duc Jean V. Dans les années 1430, on fait appel aux ateliers d´architectes et d´artisans actifs au Faouët et à Kernascléden, pour reconstruire une partie de la chapelle Notre-Dame. La tour du transept et le porche nord, chef-d´oeuvre du gothique flamboyant, témoignent de l´influence de la cathédrale de Quimper.
Le troisième temps fort est marqué par l´essor du commerce maritime et le mouvement de Réforme catholique, sensibles entre le milieu du 17e et le début du 18e siècle : construction des couvents d´ursulines et de capucins, reconstruction du couvent de dominicains et surtout, reconstruction, à l´exception de l´église, le l´abbaye Sainte-Croix (1668 -1705). Ces réalisations adoptent des partis architecturaux similaires et conformes à l´architecture conventuelle de l´époque, avec un recours notable à la pierre calcaire acheminée par bateau. Chantiers considérables pour une ville qui, vers 1640, ne compte guère plus de 2000 habitants, ils favorisent l´intervention d´architectes confirmés comme, par exemple, Olivier Delourme, connu pour ses réalisations à Vannes, Saint-Gildas-de-Rhuys et auteur des châteaux de Loyat et de Kerguéhennec. Thomas Jouneaux, auteur des plans des abbayes mauristes de Rennes, Solesmes et Angers et du clocher de Sainte-Croix, n´est sans doute pas étranger à la conception globale de la reconstruction de l´abbaye bénédictine. S´ensuit, au 18e siècle, un ralentissement des chantiers. L´intervention de l´architecte diocésain Joseph Bigot dans la seconde moitié du 19e siècle se manifeste, conforme au goût pour les standards néo-romans de l´époque, par la reconstruction, après effondrement, de l´église Sainte-Croix (1864-1868), Parmi les rares réalisations du 20e siècle figurent la chapelle de la Retraite et surtout la chapelle des ursulines à Kerbertrand qui, élevée en 1933 (André Chaussepied, architecte), témoigne du courant néo-régionaliste de l´entre-deux-guerres.
Architecte du département du Finistère (1835-1873). Architecte du diocèse de Quimper et de Léon (1837-1892).