Dossier d’œuvre architecture IA29000718 | Réalisé par
Lécuillier Guillaume (Contributeur)
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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  • enquête thématique régionale, Inventaire des fortifications littorales de Bretagne
Corps de garde de Kerfissien - Lavillo Rocher (Cléder)
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne Nord
  • Commune Cléder
  • Lieu-dit Lavillo rocher
  • Dénominations
    corps de garde
  • Parties constituantes non étudiées
    citerne, poste d'observation

Le corps de garde de Kerfissien - Lavillo Rocher à Cléder

Avec la montée en puissance du pouvoir royal sous Louis XIV vient la nécessité de fortifier le littoral breton et notamment les ports de Saint-Malo, Morlaix, Brest, Port-Louis et Lorient pour les mettre à l’abri des insultes de l’ennemi. Il faut également protéger les petits ports de commerce bretons. De 1689 à 1815, la France est presque continuellement en guerre avec l’Angleterre, certains historiens ayant ainsi parlé de "Seconde guerre de 100 ans" en référence à la première guerre de Cent Ans qui a opposé l'Angleterre à la France.

Vauban inspecte les côtes de Bretagne à six reprises de 1683 à 1699. Le guet de la mer s’organise ; de petits édifices en pierre se dressent partout sur la côte aux points sensibles : simples corps de garde d’observation reliés aux autres par des mâts de signaux, ils peuvent aussi constituer des ensembles fortifiés comprenant retranchements défensifs, corps de garde, guérites, magasins à poudre et batteries de côte dont les canons sont censés éviter un débarquement de la Royal Navy et protéger des corsaires les navires au mouillage... Dès la fin du 17e siècle, la baie de Morlaix est ainsi dotée d’un véritable système défensif : les forts de Bloscon et du Taureau, les batteries de canons des îles de Sieck, Batz, Sainte-Anne, Callot, des pointes de Perrohen, Saint-Samson et Primel, dissuadent les ennemis de tenter toute action.

Sur la côte nord, de Morlaix à Brest, les ingénieurs militaires ont l'habitude d’écrire que les côtes se défendent d'elles-mêmes de par la présence de nombreux rochers et de courants forts... La capitainerie de Saint-Pol-de Léon couvre le littoral de la Rivière de Morlaix à l'est, à Plouescat à l'ouest. Après Plouescat commence, vers l'ouest, la capitainerie de l'Aber Wrac'h dont le verrou est le fort Cézon à Landéda.

Autrefois entretenus par les paroisses littorales, les corps de garde servaient d’abri aux miliciens garde-côtes qui se réchauffaient devant la cheminée attendant un hypothétique ennemi… Ce sont aussi ces paroisses réunies en capitaineries qui recrutent des milliers d’hommes âgés de 16 à 60 ans qui doivent assurer le guet : les milices garde-côtes commandées par un capitaine. Astreints aux maniements des armes mais somme toute assez inexpérimentés, ces miliciens garde-côtes doivent pouvoir repousser un débarquement en attendant l’arrivée de troupes régulières.

Le corps de corps de garde de Kerfissien - Lavillo Rocher à Cléder est un corps de garde d'observation des grèves des Amiets et de Kerfissien. Sa particularité est d'être protégé du côté de la mer par un important massif granitique. Depuis la mer, le corps de garde est invisible. Dès l'origine, il est couvert d'un dallage en granite afin d'éviter le vol de sa charpente et de ses ardoises par la population locale. Il a été successivement utilisé par les douaniers au 19e siècle et par les troupes allemandes durant la Seconde guerre mondiale.

Cet édifice est un des témoins de la défense des côtes de Bretagne au 18e siècle. Il pourrait avoir été construit juste après l'état des batteries et corps de garde des côtes de Bretagne de 1742, c'est à dire pendant la Guerre de Succession d'Autriche (1740-1748).

Le corps de garde de Kerfissien - Lavillo Rocher est également emblématique de la commune de Cléder et à ce titre, il est reproduit sur de nombreuses cartes postales. Sa découverte – sur l'actuel chemin côtier (GR 34) - pourrait être favorisée par la mise en place d'une signalétique dédiée à la défense des côtes aux 17e et 18e siècles. La pointe qui l'accueille est victime de l'érosion marine.

Fonction : observer et protéger le havre de Kerfissien et les Amiets. Poste de relais des signaux.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 18e siècle
    • Secondaire : 2e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1730, daté par source
    • 1740, daté par source
  • Murs
    • granite
    • pierre de taille
    • moyen appareil
    • moellon
  • Toits
    granite en couverture
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Étages
    rez-de-chaussée
  • Couvrements
    • voûte en berceau plein-cintre
  • Couvertures
    • toit à deux pans
  • Typologies
    corps de garde d'observation
  • État de conservation
    mauvais état, inégal suivant les parties, menacé
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    vestiges de guerre, à signaler

L'accès au corps de garde de Lavillo Rocher s’avère de plus en plus difficile et dangereux. Ayant connu de nombreuses déprédations, le corps de garde est aujourd'hui fermé par des grilles (2002). Emblème de Kerfissien à Cléder (la signalétique à l'entrée de la commune représente le corps de garde), cet édifice est malheureusement laissé à l'abandon. Une protection au titre des Monuments historiques pourrait être souhaitable.

Date(s) d'enquête : 2002; Date(s) de rédaction : 2002, 2015
(c) Inventaire général
(c) Association Pour l'Inventaire de Bretagne
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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