Dossier d’œuvre architecture IA29000958 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, Architecture urbaine en pan de bois
Maison, 17 rue du Chapeau rouge (Quimper)
Œuvre étudiée
Auteur
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Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Quimper
  • Commune Quimper
  • Adresse 17 rue du Chapeau Rouge
  • Cadastre 2024 BN 0126
  • Dénominations
    maison

Cet hôtel urbain se trouve rue du Chapeau Rouge, anciennement rue des Orfèvres, qui donne accès depuis la porte Médard au faubourg de la Terre-au-Duc et à l'église Saint-Mathieu.

La datation dendrochronologique réalisée en 2022 indique un abattage des arbres entre 1552 et 1556, soit une mise en œuvre de la maison au milieu du 16e siècle.

Au 17e s., la famille Caradec devient propriétaire de la maison. Jacques Caradec, noble homme, est procureur et notaire royal. Leur petite-fille Corentine épouse Guillaume Charles du Boisgueheneuc ; ils habitent dans leur manoir avant que Corentine revienne rue du Chapeau-Rouge au décès de son mari. Leur fils Jean-Joseph, seigneur de Kermainguy hérite de la propriété. A sa mort en 1780, la maison est divisée en sept lots, rachetés en 1797 par Jérôme Le Siner et son épouse qui conserve la maison jusqu'en 1843. Le bâtiment change ensuite régulièrement de mains (Patrick Cathelain, UDAP 29, 2023).

  • Période(s)
    • Principale : milieu 16e siècle
  • Dates
    • 1552, datation par dendrochronologie
    • 1556, datation par dendrochronologie

La façade principale de cette maison donne sur la rue du Chapeau Rouge. Elle se prolongeait en cœur d'îlot par une cour et un jardin, agrandis en 1677 par l'acquisition de terrains contigus aujourd'hui bâtis. En 2022, un puits est remis au jour dans l'épaisseur du mur mitoyen d'avec le n°15, dans la partie jardin. L'arrière du bâtiment, tronqué et remonté, intègre une lucarne du 17e s.

La construction actuelle remonte au milieu des années 1550 et met en œuvre à la fois du chêne et du châtaignier, avec des arbres de 100 à 200 ans au moment de leur abattage. La façade en pan de bois présente un profond encorbellement sur solives avec entretoises moulurées. Les aisseliers qui renforçaient les solives de rive ont disparu mais il demeure le corbeau en pierre qui les soutenaient. La sablière de chambrée, qui repose sur les solives, s'orne d'un cordon mouluré sur toute sa longueur. Le contreventement du premier étage se compose de deux croix de Saint-André disposées sur toute la hauteur du niveau et de poteaux d'huisserie. On repère sur un poteau des mortaises et trou de cheville qui semblent indiquer des appuis de fenêtre disparus. Les baies actuelles sont en effet postérieures à la construction initiale, de même que les deux pièces horizontales filantes qui recoupent les croix de Saint-André. Quelques marques de charpentier se lisent encore au bas des poteaux et attestent de l'homogénéité de ces assemblages ; plusieurs bois ont par ailleurs été remplacés, dont les potelets sous les fenêtres.

Au second étage, également en encorbellement avec entretoises moulurées, les poteaux d'huisserie définissent d'étroites bandes où s'ouvraient initialement les baies. Les croix de Saint-André sont de facture récentes, de même que l'appui filant. Des mortaises vides signalent l'emplacement des linteaux disparus ; l'ensemble de la façade semble ainsi avoir été éclairé par six à huit fenêtres. Les combles, toujours en encorbellement avec entretoises moulurées, sont cachées par un essentage d'ardoises.

A partir de ces différents éléments, Patrick Cathelain (UDAP 29) propose une restitution de l'état initial de la façade (Cathelain 2023 : 105). Il relève par ailleurs la succession de plusieurs teintes sur les bois : ocre rouge puis ocre jaune, traces de gris sur certains éléments. Cette dernière teinte est attestée dans la seconde moitié du 18e siècle sur la maison du 10 rue Kéréon à Quimper.

L'organisation intérieure est identique à chaque niveau : une pièce sur rue, séparée d'une seconde par une cloison et par l'escalier à vis, implanté contre le mur gouttereau est. S'ensuit une cour qui apporte de la lumière et donne accès à un troisième espace (latrines ?). Dès le 18e s. au moins, une boutique-atelier occupe le rez-de-chaussée. Un accès direct à l'escalier sépare l'espace commercial des étages d'habitation. Dans le mur ouest s'insère une cheminée sculptée de feuilles de chêne, encadrée d'un placard et d'un vaisselier avec pierre d'évier. Au premier étage, une autre cheminée chauffe la pièce sur rue. Un blason aujourd'hui bûché ornait son linteau en pierre. A l'arrière de la maison se trouve un second vaisselier. Au second étage, une cheminée insérée dans le gouttereau est assure le confort de la pièce côté rue. Les poutres sont chanfreinées avec des congés en forme de feuilles. Un inventaire après décès de 1780 indique que le premier étage est occupé par la chambre du propriétaire, une cuisine et un cabinet de travail tandis que le second est réservé à la chambre de son épouse avec pièce attenante, un cabinet pour les domestiques et un grenier (Cathelain 2023 : 109-110).

Une disposition particulière s'observe au niveau du second étage et des combles : côté rue, deux pièces se superposent, tandis qu'il n'y en n'a qu'une seule ensuite, dont la hauteur équivaut aux deux niveaux. Deux pignons dans la toiture éclairent cette pièce sous charpente dont les poutres sont moulurées. Les vestiges d'une galerie reliaient la pièce sur rue des combles à la partie arrière du bâtiment. Une disposition comparable s'observe au 15 place Saint-Michel à Quimperlé, comme au 17 rue Saint-Aignan à Angers (Maine-et-Loire), qui sont deux maisons du début du 15e s.  

  • Murs
    • bois pan de bois
  • Toits
    ardoise
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Bibliographie

  • Patrick Cathelain, "Quimper au XVIe siècle : un rare exemple urbain de salle haute sous charpente avec galerie" dans Société archéologique du Finistère, histoire et patrimoine, Tome CLI, 2023, pp. 101-114.

    Cathelain 2023
Date(s) d'enquête : 2024; Date(s) de rédaction : 2024