Créé en novembre 1917, le poste de combat (PC) de la Penzé est ouvert le 10 mars 1918 : il dépend du Centre d'aviation maritime de Tréguier commandé par le lieutenant de vaisseau Georges Guierre. Si le centre de Tréguier assure la protection des convois maritimes des Casquets à l’est (situé au nord-ouest d'Aurigny, dans les îles Anglo-Normandes) à l’Aber Wrac’h à l’ouest, le poste de combat de la Penzé s’occupe du secteur ouest avec des patrouilles de l’Île de Batz à l’Île d’Ouessant en passant par l’Aber Wrac’h.
Les travaux d’aménagement du centre ont débuté en février 1918 par des marchés conclus avec des entreprises privées sous le contrôle de la Direction des travaux hydrauliques :
- "construction de trois bâtiments annexes" par Petton à Brest, marché du 18 février 1918 ;
- "travaux divers de maçonnerie et de béton armé" par Petton, marché du 29 avril 1918 ;
- "construction de bâtiments annexes" par La Construction manufacturée à Paris, marché du 2 mai 1918 ;
- "fourniture de tuyaux de plomb" par Marcel, Bassot et Compagnie à Paris, marché du 9 mai 1918 ;
- "protection contre l'incendie, fourniture de tuyaux et accessoires de canalisations en fonte" par Chappe et Fils, fondeurs au Mans, marché du 27 mai 1918.
- "fourniture [...] de ciment à prise rapide dit Portland" par la Société anonyme des Ciments français à Paris pour la construction du slipway, marché du 1er juillet 1918 ;
- "construction d’un réservoir d’eau douce" par les établissements Bolo et Sédilleau de Nantes (construction métallique et béton armé), marché du 22 août 1918 ;
- "fourniture de moellons tout venant nécessaires à des travaux d'empierrement et de terrassements" par Petton, marché du 25 septembre 1918 ;
- "fourniture de tuyaux en ciment nécessaires à assurer l'évacuation des eaux fluviales et résiduaires" par les établissements Bolo et Sédilleau, marché du 14 novembre 1918 ;
- "fourniture de pierres destinées à la réparation du chemin de grande communication n° 58" par Milin, maître-carrier à Saint-Pol-de-Léon, marché du 3 juillet 1919 ;
La majorité des installations - en baraques - est démontable. Durant les travaux de construction du slipway, c’est la cale du bac de la Corde à Saint-Yves qui est utilisée pour les mises à l’eau.
Commandé par le capitaine Eugène Le Petit, le poste de combat de la Penzé est initialement doté de quatre hydravions de la Franco-British Aviation Company (FBA) avec moteur Hispano-Suiza de 150 hp. Le code des avions est "Tr" pour Tréguier et leur emblème, un coq de couleur noire, est peint sur le fuselage des hydravions. En avril, le poste de combat de la Penzé dispose de six hydravions.
A la faveur de la cession du Centre d'aviation maritime de Tréguier à l´aviation navale américaine, le Centre d’aviation maritime de la Penzé est créé le 1er août 1918 et rattaché aux Patrouilles aériennes de Bretagne. Son code est "Z" pour Penzé et son emblème, un éléphant de couleur blanche, est peint sur le fuselage des hydravions. Dès lors et jusqu’en novembre 1918, le Centre d'aviation maritime de Tréguier est dégradé en poste de combat avec une flotte de six hydravions dépendant de celui de Penzé.
La garnison du Centre d’aviation maritime de la Penzé est composée de huit officiers, de 119 officiers mariniers et équipages (dont des Grecs uniquement reconnaissables à la bande de leur bonnet) et d’une quantité indéterminée d'auxiliaires dont des Algériens. Dix-sept pilotes (majoritairement quartier-maître et second maître) sont identifiés dont les commandants Eugène Le Petit (capitaine) et Pierre Adelus (enseigne de vaisseau de première classe). Vingt-et-un observateurs sont identifiés (majoritairement quartier-maître et second maître mais on compte également deux matelots, un lieutenant russe et deux enseignes de vaisseau de première classe).
Le Centre d’aviation maritime de la Penzé est doté de seize hydravions de différents types :
- hydravion biplan Franco-British Aviation Company (FBA) type H avec moteur Hispano-Suiza de 150 hp ;
- hydravion triplan Lévy-Besson avec moteur Hispano-Suiza de 200 hp ;
- hydravion biplan Tellier avec moteur Hispano-Suiza de 200 hp ;
- hydravion biplan Tellier avec moteur Hispano-Suiza de 200 hp. Canon. Il est armé à l’avant d’un canon Hotchkiss de 47 mm destiné à l’attaque de sous-marin évoluant en surface.
- hydravion biplan George-Lévy avec moteur Renault de 280 hp.
L’envergure de ces hydravions avoisine les 14 m ou 15 m (sauf le George-Lévy 280 hp qui mesure 18,5 m d’envergure) : leur vitesse moyenne s’établit autour de 120 km/h avec une autonomie de vol de trois à quatre heures maximum. Les hydravions sont armés d’une mitrailleuse, de grenades anti-sous-marins (deux voire quatre) et dotés d’un poste de télégraphie sans fil - un poste seulement par section - pour déclencher l’alerte. Certains hydravions ne sont pas armés.
A partir du 1er août 1918, le centre est commandé par l’enseigne de vaisseau de première classe Pierre Adelus, puis à partir de janvier 1919 par l’enseigne de vaisseau de première classe Robert. Progressivement démonté à partir du printemps, le Centre d’aviation maritime de la Penzé est dissous le 24 juillet 1919. Il n’a connu aucune perte.
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.