Dossier d’œuvre architecture IA29001099 | Réalisé par
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • enquête thématique régionale, Inventaire des fortifications littorales de Bretagne
  • enquête thématique régionale, Inventaire des héritages militaires en Bretagne
Centre d'aviation maritime de la Penzé, Saint-Yves (Saint-Pol-de-Léon)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne - Saint-Pol-de-Léon
  • Hydrographies Penzé (la)
  • Commune Saint-Pol-de-Léon
  • Lieu-dit Saint-Yves
  • Cadastre AY 74 La cale faisant slipway démarre dans la parcelle AY n° 74 puis continue sur le domaine public maritime dans la Penzé ; AY 71 Le château d'eau se situe le long de la route vers Saint-Pol-de-Léon, dans l'angle nord-ouest de la parcelle AY n° 71
  • Dénominations
    base aérienne, cale, réservoir

Lors de la Première Guerre mondiale, entre septembre 1916 et décembre 1917, plus de 300 navires de tout type sont coulés en Bretagne. Face à la montée de la menace sous-marine allemande, des Centres d’aviation maritime (CAM) pour des hydravions sont implantées en Bretagne à Brest-Camaret (janvier 1917 - janvier 1919), Lorient (mars 1917 - janvier 1921), Tréguier - Plouguiel (août 1917 - août 1918) et Penzé - Saint-Pol-de-Léon (août 1918 – juillet 1919). L’objectif de ces formations aériennes est la surveillance des côtes, l’escorte et la protection des convois maritimes et des caboteurs contre les mines flottantes et les sous-marins allemands (U-Boote).

Du centre d’aviation maritime de la Penzé créé en 1918 en baie de Morlaix subsistent le réservoir d’eau douce et le slipway (littéralement, le "chemin glissant") ou rampe inclinée permettant de mettre à l'eau ou de haler (remonter) les hydravions. Accessible par un chemin agricole, le slipway sert à la mise à l’eau d’annexes de bateaux mouillés dans la Penzé.

En 2002, une exposition intitulée "Centre d’aviation maritime de la Penzé. Eté - hiver 1918" est organisée à la maison prébendale de Saint-Pol-de-Léon à partir des photographies retrouvées par Daniel Dahiot dans un grenier familial. Son grand-père maternel, Henri Poussier a été affecté en 1918 au Centre d'aviation marine de la Penzé à Saint-Pol-de-Léon en qualité de quartier-maître mécanicien observateur-mitrailleur. Entré dans la Marine le 10 octobre 1913 à Brest comme apprenti marin puis comme mécanicien de 2e classe sur le croiseur La Marseillaise, Henri Poussier reçoit des affectations diverses, notamment dans les Antilles, puis demande à servir dans l’aéronavale. C’est à l’école de tir aérien de Cazaux qu’il obtient son brevet de mitrailleur d’avion. En avril 1918, il achète un appareil photographique et photographie le Centre d’aviation maritime de la Penzé.

Créé en 2003, ce dossier d’Inventaire du patrimoine a été mis à jour par la Région Bretagne en 2024 dans le cadre de l'Inventaire des héritages militaires. Une notice de recensement avait été réalisée en 2015 dans le cadre de l'Inventaire des patrimoines maritimes et estuariens du Pays de Morlaix.

Tout enrichissement est le bienvenu.

Créé en novembre 1917, le poste de combat (PC) de la Penzé est ouvert le 10 mars 1918 : il dépend du Centre d'aviation maritime de Tréguier commandé par le lieutenant de vaisseau Georges Guierre. Si le centre de Tréguier assure la protection des convois maritimes des Casquets à l’est (situé au nord-ouest d'Aurigny, dans les îles Anglo-Normandes) à l’Aber Wrac’h à l’ouest, le poste de combat de la Penzé s’occupe du secteur ouest avec des patrouilles de l’Île de Batz à l’Île d’Ouessant en passant par l’Aber Wrac’h.

Les travaux d’aménagement du centre ont débuté en février 1918 par des marchés conclus avec des entreprises privées sous le contrôle de la Direction des travaux hydrauliques :

- "construction de trois bâtiments annexes" par Petton à Brest, marché du 18 février 1918 ;

- "travaux divers de maçonnerie et de béton armé" par Petton, marché du 29 avril 1918 ;

- "construction de bâtiments annexes" par La Construction manufacturée à Paris, marché du 2 mai 1918 ;

- "fourniture de tuyaux de plomb" par Marcel, Bassot et Compagnie à Paris, marché du 9 mai 1918 ;

- "protection contre l'incendie, fourniture de tuyaux et accessoires de canalisations en fonte" par Chappe et Fils, fondeurs au Mans, marché du 27 mai 1918.

- "fourniture [...] de ciment à prise rapide dit Portland" par la Société anonyme des Ciments français à Paris pour la construction du slipway, marché du 1er juillet 1918 ;

- "construction d’un réservoir d’eau douce" par les établissements Bolo et Sédilleau de Nantes (construction métallique et béton armé), marché du 22 août 1918 ;

- "fourniture de moellons tout venant nécessaires à des travaux d'empierrement et de terrassements" par Petton, marché du 25 septembre 1918 ;

- "fourniture de tuyaux en ciment nécessaires à assurer l'évacuation des eaux fluviales et résiduaires" par les établissements Bolo et Sédilleau, marché du 14 novembre 1918 ;

- "fourniture de pierres destinées à la réparation du chemin de grande communication n° 58" par Milin, maître-carrier à Saint-Pol-de-Léon, marché du 3 juillet 1919 ;

La majorité des installations - en baraques - est démontable. Durant les travaux de construction du slipway, c’est la cale du bac de la Corde à Saint-Yves qui est utilisée pour les mises à l’eau.

Commandé par le capitaine Eugène Le Petit, le poste de combat de la Penzé est initialement doté de quatre hydravions de la Franco-British Aviation Company (FBA) avec moteur Hispano-Suiza de 150 hp. Le code des avions est "Tr" pour Tréguier et leur emblème, un coq de couleur noire, est peint sur le fuselage des hydravions. En avril, le poste de combat de la Penzé dispose de six hydravions.

A la faveur de la cession du Centre d'aviation maritime de Tréguier à l´aviation navale américaine, le Centre d’aviation maritime de la Penzé est créé le 1er août 1918 et rattaché aux Patrouilles aériennes de Bretagne. Son code est "Z" pour Penzé et son emblème, un éléphant de couleur blanche, est peint sur le fuselage des hydravions. Dès lors et jusqu’en novembre 1918, le Centre d'aviation maritime de Tréguier est dégradé en poste de combat avec une flotte de six hydravions dépendant de celui de Penzé.

La garnison du Centre d’aviation maritime de la Penzé est composée de huit officiers, de 119 officiers mariniers et équipages (dont des Grecs uniquement reconnaissables à la bande de leur bonnet) et d’une quantité indéterminée d'auxiliaires dont des Algériens. Dix-sept pilotes (majoritairement quartier-maître et second maître) sont identifiés dont les commandants Eugène Le Petit (capitaine) et Pierre Adelus (enseigne de vaisseau de première classe). Vingt-et-un observateurs sont identifiés (majoritairement quartier-maître et second maître mais on compte également deux matelots, un lieutenant russe et deux enseignes de vaisseau de première classe).

Le Centre d’aviation maritime de la Penzé est doté de seize hydravions de différents types :

- hydravion biplan Franco-British Aviation Company (FBA) type H avec moteur Hispano-Suiza de 150 hp ;

- hydravion triplan Lévy-Besson avec moteur Hispano-Suiza de 200 hp ;

- hydravion biplan Tellier avec moteur Hispano-Suiza de 200 hp ;

- hydravion biplan Tellier avec moteur Hispano-Suiza de 200 hp. Canon. Il est armé à l’avant d’un canon Hotchkiss de 47 mm destiné à l’attaque de sous-marin évoluant en surface.

- hydravion biplan George-Lévy avec moteur Renault de 280 hp.

L’envergure de ces hydravions avoisine les 14 m ou 15 m (sauf le George-Lévy 280 hp qui mesure 18,5 m d’envergure) : leur vitesse moyenne s’établit autour de 120 km/h avec une autonomie de vol de trois à quatre heures maximum. Les hydravions sont armés d’une mitrailleuse, de grenades anti-sous-marins (deux voire quatre) et dotés d’un poste de télégraphie sans fil - un poste seulement par section - pour déclencher l’alerte. Certains hydravions ne sont pas armés.

A partir du 1er août 1918, le centre est commandé par l’enseigne de vaisseau de première classe Pierre Adelus, puis à partir de janvier 1919 par l’enseigne de vaisseau de première classe Robert. Progressivement démonté à partir du printemps, le Centre d’aviation maritime de la Penzé est dissous le 24 juillet 1919. Il n’a connu aucune perte.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle
  • Dates
    • 1918, daté par travaux historiques
    • 1919, daté par travaux historiques

Le Centre d’aviation maritime est implanté sur la rive occidentale de la Penzé, côté Saint-Pol-de-Léon, entre les lieux-dits Saint-Nep au nord et Saint-Yves au sud (cale du bac de la Corde). Il comprenait notamment quatre hangars démontables en sapin et toile de chanvre enduite conçus par les établissements Bessonneau à Angers (un cinquième hangar était prévu). Implantés le long de la Penzé, ces derniers étaient reliés par un terre-plein et des pistes au slipway. Entre les hangars et la Penzé se trouvent le pigeonnier (pour les correspondances), la soute à munitions, la timonerie, le mât de pavillon, la soute à essence et son réservoir. Plus haut, derrière les hangars, sont implantés les ateliers et magasin et l’usine électrique.

Les officiers et équipage étaient logés dans des baraques préfabriquées et démontables en bois sur soubassement maçonné. Suivant leur grade, ils bénéficient d’une chambre individuelle (uniquement pour le commandant) ou collective. Une photographie de la collection Daniel Dahiot montre un militaire dans son hamac dans le logement collectif de l’équipage. Une baraque préfabriquée de type Adrian est visible sur une photographie aérienne au nord du centre, perpendiculairement à la Penzé.

Sanitaires (latrines et lavoir), cambuse, cuisine, bureaux, poste de télégraphie sans fil et ses pylônes supports d’antenne, infirmerie, garage, poste de garde et réservoir d’eau douce forment le reste des installations du centre.

Du centre d’aviation maritime subsistent le réservoir d’eau douce et le slipway ou rampe inclinée permettant de mettre à l'eau ou de haler (remonter) les hydravions.

Les hydravions pouvaient également être mis à l’eau depuis la cale du bac de la Corde à Saint-Yves (cette cale en maçonnerie et dallée est longue de près de 70 m).

  • Murs
    • béton béton armé
  • Toits
    béton en couverture
  • Énergies
    • énergie électrique produite sur place
  • État de conservation
    vestiges, état moyen, inégal suivant les parties
  • Statut de la propriété
    propriété privée, (château d'eau)
    propriété publique, (slipway)
  • Intérêt de l'œuvre
    vestiges de guerre, à signaler
  • Éléments remarquables
    cale, château d'eau

Documents d'archives

  • Direction des travaux maritimes de Brest : dossiers de marchés publics de travaux (1884-1995).

    2/K/4/6 : 1918-1922.

    Service Historique de la Défense de Brest : Sous-série 2 K 4

Bibliographie

  • LE ROY, Thierry. La Guerre sous-marine en Bretagne. 1914-1918. Victoire de l’Aéronavale. Bannalec, 1990, 254 p.

  • LE ROY, Thierry. DAHIOT, Daniel (illustrations). Centre d'aviation maritime Penzé 1917-1918 ou La vie d'un CAM ordinaire. Association Bretagne 14-18, 2005, 62 p.

Périodiques

  • LE ROY, Thierry. "Le CAM Penzé 1917-1918 - où la vie d'un centre d'avaiation maritime ordinaire". Avions, n° 41, 42 et 43, août, septembre, octobre 1996.

  • LE ROY, Thierry. "L'aviation maritime et la lutte contre les sous-marins allemands sur les côtes bretonnes 1917-1918". Société d'archéologie et d'histoire du Pays de Lorient, n° 36, 2007-2008, p. 205-212.

Documents figurés

  • Collection Daniel Dahiot présentée lors d'une exposition à la Maison prébendale de Saint-Pol-de-Léon en 2002. Photographies du Centre d'aviation maritime de la Penzé à Saint-Pol-de-Léon réalisées par le Quartier maître observateur Henri Poussier en 1918.

    Identification et analyse des photographie : association pour la Recherche de Documentation sur l'Histoire de l'Aéronautique Navale (ARDHAN)

    Textes : Thierry Le Roy (Guidel), Lucien Morareau (Saint-Paul-de-Vence) et Robert Feuilloy (Versailles).

  • Reproductions numériques de documents conservés hors des Archives du Finistère. 1617-2016.

    Collection Daniel Dahiot. Photographies du Centre d'aviation maritime de la Penzé à Saint-Pol-de-Léon réalisées par le Quartier maître observateur Henri Poussier en 1918.

    Archives départementales du Finistère : 1 Num 7

Documents multimédia

  • DENIS, Albin. "Les escadrilles françaises de la Grande Guerre et les régiments d'aviation".

    http://albindenis.free.fr/Site_escadrille/presentation.htm

Annexes

  • Le Centre d'aviation maritime de la Penzé (Présentation de l'exposition à la Maison prébendale de Saint-Pol-de-Léon à partir de la collection Daniel Dahiot, 2002)
Date(s) d'enquête : 2002; Date(s) de rédaction : 2002, 2024
(c) Association Pour l'Inventaire de Bretagne
(c) Région Bretagne
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.