Dossier d’œuvre architecture IA29001116 | Réalisé par
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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  • enquête thématique régionale, Inventaire des fortifications littorales de Bretagne
  • enquête thématique régionale, Inventaire des héritages militaires en Bretagne
Fort de Toulbroc'h, ensemble de batteries d'artillerie de côte puis ensemble fortifié (Re 309) (Locmaria-Plouzané)
Œuvre étudiée
Copyright

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne - Saint-Renan
  • Commune Locmaria-Plouzané
  • Lieu-dit Pointe du Grand Minou, Toulbroc'h
  • Cadastre OD 347 Fort de Toulbroc'h (Locmaria-Plouzané). ; OD 346  ; OD 344 Magasin à poudre sous roc (Locmaria-Plouzané). ; OD 353 Chemin d'accès au réduit de Toulbroc'h (Locmaria-Plouzané). ; OI 656 Batterie d'artillerie de côte dite batterie de mortier de 30 cm de Toulbroc'h, Le Cosquer (Plouzané).
  • Dénominations
    ensemble fortifié, batterie, magasin de munitions, édifice logistique, blockhaus, casemate
  • Parties constituantes non étudiées
    batterie, blockhaus, casemate

Emplacement éminemment stratégique surplombant le vestibule de la rade de Brest et contrôlant l’anse de Bertheaume, la pointe du Grand Minou, également nommée Toulbroc’h, regroupe de nombreuses fortifications construites à partir de la fin du 17e siècle pour la défense de la ville-arsenal de Brest. Les évolutions dans l’art de la guerre et la modernisation du site à partir des années 1880 entraînent la démolition de ces fortifications et leur remplacement par de nouvelles batteries d’artillerie de côte. L’objectif est de protéger les mouillages, d’éviter le passage en force du goulet de Brest par des ennemis ou un débarquement suivi d’une attaque surprise des fortifications. Le fort de Toulbroc’h est réutilisé par l’Allemagne nazie durant la Seconde Guerre mondiale.

En breton, min (minou au pluriel) signifie la bouche, l’embouchure, en référence au goulet. Le site défensif est nommé "fort de Toulbroc’h" sur le cadastre parcellaire de 1842. Toulbroc’h signifiant en breton, le trou du blaireau.

Déclassé du domaine public militaire en 1994 et transféré du Ministère de la défense au Conservatoire du littoral, le fort de Toulbroc’h, est traversé par le sentier de grande randonnée 34 (GR 34). Site d’exception du goulet de Brest, il est classé au titre de la loi du 2 mai 1930. En 2020, une signalétique est installée afin de donner des clés de lecture et de compréhension de ces nombreuses fortifications aux visiteurs.

Une partie du fort comprenant les batteries d’artillerie de 100 mm, 24 cm et de 7,5 cm sous bunkers-casemates et l'usine électrique - appartient au domaine public militaire et sert pour des exercices de tir : ils sont signalés par un pavillon rouge flottant au sommet du mât de pavillon du réduit. Le terrain est clôturé avec signalétique en place.

Certains éléments de ce site défensif ont été photographiée par la Région Bretagne en 2009 dans le cadre de la publication Les fortifications de la rade de Brest : défense d'une ville-arsenal publiée en 2011 aux Presses Universitaires de Rennes. Ce dossier d’Inventaire du patrimoine a été mis à jour en 2024 dans le cadre de l'Inventaire des héritages militaires.

Emplacement stratégique surplombant le vestibule de la rade de Brest et contrôlant l’anse de Bertheaume, la pointe du Grand Minou, également nommée Toulbroc’h (c’est le nom du lieu-dit), regroupe de nombreuses fortifications construites à partir de la fin du 17e siècle pour la défense de la ville-arsenal de Brest. Il s’agit essentiellement de batteries d’artillerie de côte qui regroupent des canons et mortiers dont l’objectif est de protéger les mouillages, d’éviter le passage en force du goulet de Brest par des ennemis ou un débarquement suivi d’une attaque surprise des fortifications.

La pointe du Grand Minou à Locmaria-Plouzané est située à l’ouest de la pointe du Petit Minou. En breton, min (minou au pluriel) signifie la bouche, l’embouchure, en référence au goulet. Le site défensif est nommé "fort de Toulbroc’h" sur le cadastre parcellaire. Toulbroc’h signifiant en breton, le trou du blaireau.

Le cadastre parcellaire de 1841 figure la batterie de mortier et la batterie basse avec caserne, une guérite et un magasin à poudre (fin du 17e siècle - 18e siècle), la batterie haute (1805) et la tour-modèle type 1811 (1812) implantée au point le plus élevé. Une batterie d’artillerie de côte est également aménagée en 1859 pour dix canons de 30 livres et dix obusiers de 22 cm ainsi qu’une nouvelle caserne pour 75 soldats.

En armement transitoire antérieur à 1870, le fort de Toulbroc’h compte treize canons rayés de 30 livres, trois obusiers lisses de 22 cm, deux obusiers rayés et frettés de 22 cm et deux mortiers. L’armement transitoire proposé par la Commission de défense des côtes du 7 février 1870 est identique.

Les évolutions dans l’art de la guerre et la modernisation du site à partir des années 1880 entraînent la démolition de ces fortifications et leur remplacement par de nouvelles batteries d’artillerie de côte : batterie du centre avec quatre canons de 100 mm modèle 1881 à tir rapide puis modèle 1897 à tir rapide (1882), batterie de gauche avec quatre canons de 24 cm modèle 1870 (1884), batterie de droite avec quatre canons de 19 cm modèle 1870 (1884), batterie de quatre mortiers de 30 cm modèle 1883 puis 1893 (1890-1892) et batterie de quatre canons de 240 mm modèle 1903 à tir rapide (1905).

Le besoin de conserver des stocks importants de munitions entraîne la construction d’un magasin à poudre modèle 1874 (1883-1884, il est ensuite reconverti en magasin au matériel), d’un magasin à poudre sous roc (1891) et d’un magasin à munitions pour la batterie de mortier (1899). Chaque batterie dispose d’un magasin de sûreté en maçonnerie puis en béton armé.

En 1884, la tour-modèle type 1811 n° 3 est remplacé par un réduit défensif de plan hexagonal doté de quatre chambrées voûtées en maçonnerie faisant casernement surmontées de terre en cas de bombardement naval. Sa défense est assurée par un fossé sec, une enceinte maçonnée surmontée d’une banquette d’infanterie et d’emplacements pour des pièces d’artillerie de campagne (quatre canons de 80 mm). Son accès se fait par un pont-levis à bascule aménagé dans sa face est. A partir de 1904, le réduit de Toulbroc’h abrite le poste de commandement central de la défense du goulet et de la rade de Brest avec poste d’observation, bureaux et télégraphes. Un poste d’observation, couvert d’une dalle en béton armé, se trouve à l’ouest au sommet du réduit tandis que le poste de commandement du groupe de Toulbroc’h prend position au sud-ouest dans le fossé du réduit

Un poste télémétrique et un poste de commande de projecteur sont visibles en avant de la batterie de 19 cm.

Comme la guerre maritime se fait aussi désormais la nuit à partir de la fin du 19e siècle, deux projecteurs de 90 cm et de 60 cm, chacun avec abri de jour et abri de combat sont installés à partir de 1895 dans le ravin de Toulbroc’h avec usine électrique, caserne et poste de commande à distance. Dans les années 1910, un feu fixe de 150 cm et un feu chercheur de 150 cm sont implantés devant la batterie de 100 mm et devant la batterie de 24 cm, les installations techniques sont en retrait.

Au début du 20e siècle, des casernements sont également construits en retrait des batteries.

Certaines batteries sont désarmées comme les batteries de 19 cm et de 24 cm qui sont remplacées par celle de 240 mm à tir rapide.

Une batterie d’exercice pour pièces d’artillerie est installée en avant de la batterie de 19 cm. Un canon de 19 cm modèle 1902 était en place en 1940.

L’Entre-deux-guerres voit également l’installation d’un projecteur de 150 cm pour la défense antiaérienne.

Juste avant l’arrivée des troupes d’invasion en juin 1940, les canons et installations de Toulbroc’h sont sabotés.

La Seconde Guerre mondiale voit la réutilisation du fort de Toulbroc’h par l’Allemagne nazie. Dès le 30 juin 1940, les artilleurs de la Kriegmarine parviennent à armer trois des quatre canons français de 240 mm modèle 1903 à tir rapide. Fin octobre 1940 : "Dans trois positions pour mitrailleuse, un pilier a été bétonné pour protéger la mitrailleuse contre les éclats. Les sacs de sable autour des positions des mitrailleuses sont terminés. Les travaux de camouflage de la batterie prévue ont commencé". Les casernements français deviennent un camp (Lager) pour les soldats. Le magasin à poudre sous roc sert d'abri anti-aérien, Luftschutzbunker comme l’atteste la construction d’un mur pare-éclats à l’entrée de ce dernier tandis que l’usine électrique abrite l’infirmerie. Après le deuxième trimestre 1943 débute la construction d’une nouvelle batterie de quatre canons de 7,5 cm modèle 1908 sous bunkers-casemate de type 671 (ces canons proviennent de la batterie du fort Robert à Roscanvel). Cette position d'artillerie dépendait du groupe d'artillerie côtière de marine 262 de Brest (Marine-Artillerie-Abteilungen 262) qui dispose d'un poste de commandement dans le fort du Minou. Le fort qui appartient au groupe défensif côtier (Küstenverteidigungsgruppe) de Saint-Renan est numérotée "Re 309".

Une batterie antiaérienne armée de quatre canons de 7,5 cm modèle 1897 est implantée dans la batterie de gauche. La batterie de 240 mm est ensuite armée de canon de 7,5 cm modèle 1897 selon le rapport Pinczon du Sel, ce sont vraisemblablement ces pièces qui devaient être mises sous casemate. Ces bunkers sont restés inachevés comme le montre une photographie issue du rapport Pinczon du Sel. Réseaux de barbelés, champs de mines, postes d’observation et de tir pour mitrailleuse ou mortier complètent le dispositif défensif du côté de la terre.

Le site est bombardé le 11 août 1944 par la Royal Air Force.

Le 25 août 1944, le fort et les batteries de Toulbroc’h et du Minou sont visés à 32 reprises par les canons de 15 pouces (obus de 381 mm) du cuirassé HMS Warspite depuis le large de Ploudalmézeau. Plusieurs coups sont au but malgré la distance de plus de 25 km. L’important cratère sur la batterie de 240 mm pourrait être attribuable aux tirs navals du cuirassé. D’autres tirs ciblent la batterie Graf Spee (57 coups), la batterie Holtzendorff, les Rospects (47 coups), le fort Montbarey (26 coups) et le fort de Keranroux (51 coups). Après des bombardements aériens, des combats au sol et une dernière attaque des Rangers américains depuis Dalbosc à l’ouest, la garnison du fort de Toulbroc’h composée de 237 soldats et 5 officiers se rend le 3 septembre 1944.

Après-guerre, le fort de Toulbroc’h sert pour l’entraînement au tir d’artillerie de marine : la batterie de 100 mm est notamment armée de deux canons doubles français de 57 mm modèle 1947.

Déclassé du domaine public militaire en 1994 et transféré du Ministère de la défense au Conservatoire du littoral, le fort de Toulbroc’h, est traversé par le sentier de grande randonnée 34 (GR 34). En 2020, une signalétique est installée afin de donner des clés de lecture et de compréhension de ces nombreuses fortifications aux visiteurs.

Une partie du fort comprenant les batteries d’artillerie de 100 mm, 24 cm et de 7,5 cm sous bunkers-casemates et l'usine électrique - appartient au domaine public militaire et sert pour des exercices de tir : ils sont signalés par un pavillon rouge flottant au sommet du mât de pavillon du réduit. Le terrain est clôturé avec signalétique en place.

  • Murs
    • gneiss maçonnerie
    • moellon
    • granite
    • terre
    • béton béton armé
  • Couvertures
    • terrasse
  • Énergies
    • énergie électrique produite sur place
  • État de conservation
    désaffecté, vestiges, état moyen, inégal suivant les parties
  • Statut de la propriété
    propriété d'un établissement public
    propriété de l'Etat
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    vestiges de guerre, à signaler
  • Éléments remarquables
    batterie, réduit, magasin de munitions, poste d'observation, blockhaus, casemate
  • Sites de protection
    site classé

Documents d'archives

  • Rapport Pinczon du Sel sur les installations du Mur de l'Atlantique (1946-1949). "Le Mur de l'Atlantique. Livre IV : du Mont Saint-Michel à la Laïta" (collection : Service Historique de la Défense de Brest).

    Service Historique de la Défense de Brest

Bibliographie

  • COUDURIER (l.). Brest et ses environs, De Brest au Conquet par le chemin de fer électrique. Brest, 1904, 336 p.

    Centre de Recherche Bretonne et Celtique, Bibliothèque Yves Le Gallo (Brest) : D 5167
  • FLOCH, Henri. LE BERRE, Alain. L'enfer de Brest. Août septembre 1944. Bayeux : édition Heimdal, 2001, 304 p.

  • JADÉ, Patrick. "Les ouvrages de fortification littorale du port de Brest - 1872-1917. La défense des côtes en France à l'âge industriel". Mémoire de maîtrise d'Histoire Contemporaine de l´Université de Bretagne Occidentale, sous la dir. de M.-T. Cloître, 2004, 293 p. et 141 p.

  • FRIJNS, Marco, MALCHAIR, Luc, MOULINS, Jean-Jacques, PUELINCKX, Jean. Index de la fortification française. Métropole et Outre-mer. 1874-1914. Vottem (Belgique) : autoédition, 2008, 832 p.

  • LÉCUILLIER, Guillaume (dir.), BESSELIÈVRE, Jean-Yves, BOULAIRE, Alain, CADIOU, Didier, CORVISIER, Christian, JADÉ, Patrick. Les fortifications de la rade de Brest : défense d'une ville-arsenal. Rennes : éditions Presses Universitaires de Rennes, collection Cahiers du patrimoine, 2011, n° 94, 388 p.

    Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel)
  • HELLWINKEL, Lars. La base navale allemande de Brest : 1940-1944. Nouvelle édition [en ligne]. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2022 (généré le 26 février 2024). Disponible sur Internet : https://books.openedition.org/pur/161476. ISBN : 978-2-7535-8729-8. DOI : https://doi.org/10.4000/books.pur.161476

Documents figurés

  • Collection de photographies de la Seconde Guerre mondiale à Toulbroc'h.

    http://breurvaze.e-monsite.com/album-photos/toulbroc-h-erinnerungen-3/?fbclid=IwAR1pEBFjSZ363TMGUdrXrFHVQ2DpWqYH99Zwohf_JFJu9KibTlAf0jp5__o

Documents multimédia

  • "Une alerte sur la côte bretonne", film du Service cinématographique, ministère de la Marine française, mars 1918, 6 mn 31 s (Il s'agit d'un exercice d'opération combinée de défense des côtes avec le centre d'aviation maritime de Camaret, les batteries d'artillerie de côte de la rade de Brest et un dirigeable de la Marine contre deux sous-marins. On semble reconnaître : la batterie de 19 cm de Toulbroc'h à 2 mn 48 s, la batterie de 100 mm à tir rapide du Minou à 3 mn 17 s, la batterie de 95 mm Lahitolle du Toulinguet à 3 mn 47, la batterie de 24 cm du Toulinguet à 4 mn 32 s. et une batterie de 95 mm à 6 mn 30).

    https://imagesdefense.gouv.fr/fr/une-alerte-sur-la-cote-bretonne.html

    Etablissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense : 14.18 B 343
  • "Une visite du chef de l'état à la marine française", film du Service cinématographique, ministère de la Marine française, août 1918, 9 mn 15 s (Il s'agit de la visite de Raymond Poincaré, président de la République française et de Georges Leygues, ministre de la Marine. On reconnaît la batterie de 240 mm de Toulbroc'h à 1 mn 33 s et la batterie de 100 mm à 2 mn 5 s. La délégation sort du poste de commandement du groupe de Toulbroc'h).

    https://imagesdefense.gouv.fr/fr/une-visite-du-chef-de-l-etat-a-la-marine-francaise.html

    Etablissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense : 14.18 B 340
  • "Front de mer", film du Service cinématographique, ministère de la Marine française, 1939-1940, 21 mn 6 s (opération de défense des côtes dans les secteurs du Nord).

    https://imagesdefense.gouv.fr/fr/front-de-mer.html

    Etablissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense : FT 407
  • Décret du 12 avril 1994 portant déclassement du domaine public militaire et en tant que poste militaire de 2e série de la batterie de mortiers de Toulbroc'h, située sur la commune de Plouzané, dans le département du Finistère.

    https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000182174

  • Association "1846". JADÉ, Patrick. "Batterie de 75 mm du fort Robert, Roscanvel". 19 Mars 2020.

    https://association-1846.over-blog.com/2020/03/batterie-de-75-mm-du-fort-robert-roscanvel.html

  • Association "1846". HILY, Julien. "Coup de projecteur sur le goulet de Brest : Les installations photo-électriques de Roscanvel dans l’entre-deux-guerres". 9 septembre 2023.

    https://association-1846.over-blog.com/2023/09/coup-de-projecteur-sur-le-goulet-de-brest-les-installations-photo-electriques-de-roscanvel-dans-l-entre-deux-guerres.html

Annexes

  • Toulbroc'h in Brest et ses environs, De Brest au Conquet par le chemin de fer électrique, Brest, 1904 par Coudurier
Date(s) d'enquête : 2002; Date(s) de rédaction : 2002, 2024
(c) Association Pour l'Inventaire de Bretagne
(c) Région Bretagne
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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