"A un quart de lieue plus loin [du bourg de Bannalec situé à l’ouest], sur la gauche du grand chemin, s'élève le beau château de Kymerc’h [Quimerc’h] ; sa situation est admirable entre la lisière d'une belle forêt de hêtres et les bords d'un vaste étang. Au nom de ce château, véritable forteresse, se rattachent les souvenirs des brillantes époques de la chevalerie, et ses tours majestueuses portent l’empreinte de la gloire et de la puissance féodales.
Son plan est carré et le portail se trouve du côté qui regarde l'étang, en face de la chaussée qui le traverse. Il y a grande et petite porte à arcades ogives [porte charretière et porte piétonne], et qui étaient fermées chacune par une herse et un pont levis ; le corps de garde est pratiqué à droite ; sous la voûte de la petite porte ou porte de ronde. Deux tours rondes, jointes par une courtine, à galeries saillantes et mâchicoulis, forment la défense du portail. Au-devant de la tour de droite, lui a été adossée, dans les temps moins anciens, une forte tour hexagone [de plan hexagonal]. Ces tours sont surmontées de toits en flèche [toiture en poivrière] avec de grandes fenêtres accompagnées d'ornements gothiques.
A l'angle droit de la façade est une tour ronde, moins forte que celle du portail ; aux angles opposés du carré sont deux autres tours rondes, dont celle de gauche, qui est la plus grosse et la plus forte de toutes, était le réduit ou donjon ; une tourelle qui lui est jointe, y sert de cage d'escalier. Les remparts, qui unissent toutes ces tours l’une à l’autre, ont huit pieds d’épaisseur [soit 2,43 m] ; le tout est parfaitement bien construit en pierres de taille, et eût bravé pendant bien des siècles encore les efforts destructifs du temps.
Tout annonce dans le château de Kymerc’h [Quimerc’h] une construction de la fin du treizième siècle, mais quelques additions paraissent y avoir été faites dans le quatorzième et le quinzième.
Tel était ce château, dans l’état où on l’a pu voir encore il y a quelques années ; mais aujourd’hui, au moment où j’en publie la description, le voyageur, l’artiste, l’antiquaire le chercheraient en vain aux lieux que dominaient ses tours seigneuriales. Entièrement rasé, en 1828, par celui qui le possédait, on ne trouve plus à la place qu’une maison de plâtras [plâtre], un édifice moderne, bâti sans gout, sans règle, et de la plus bizarre architecture. Détournons-en les yeux, et reportons notre attention sur les souvenirs qu’a laissés l’ancienne forteresse."
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.