Dossier collectif IA29003065 | Réalisé par
  • inventaire topographique, La Feuillée
Maisons, fermes et hameaux sur la commune de La Feuillée

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    maison, ferme
  • Aires d'études
    Parc Naturel Régional d'Armorique
  • Adresse
    • Commune : La Feuillée

L´enquête de terrain a été réalisée en 2007 par un chercheur et un chargé de mission, en intégrant quelques éléments recueillis en 1969 lors d´un pré-inventaire succinct et partiel.

Ce dossier collectif vise deux objectifs : appréhender une « famille » d'édifices représentés en grand nombre et dégager les caractères communs ou spécifiques à cette famille. Reflétant une sélection raisonnée sous forme d´échantillonnage, certains éléments, jugés représentatifs et pas (ou peu) dénaturés, ont été traités en dossiers individuels.

Environ 224 édifices sur un total de 290 immeubles (chiffres INSEE 1999), soit environ 77 % du bâti, ont été répertoriés. Au sein de ce corpus, 29 oeuvres (édifices individuels ou hameaux entiers) ont fait l'objet d'un dossier individuel alors que 196, simplement repérés, ont été systématiquement illustrées, soit dans un dossier « hameau », soit à la suite de ces observations générales.

Au sein de certains hameaux, entités spatiales ou historiques cohérentes et significatives, plusieurs édifices ou ensembles d´édifices ont pu être retenus.

Les maisons situées au chef-lieu de commune, environ une soixantaine, en raison de leur caractère tardif ou répétitif, n'ont pas été recensées d'une manière exhaustive ; les observations les concernant ont été intégrées dans les dossiers « bourg ».

La synthèse qui suit concerne uniquement l'habitat rural proprement dit, c'est-à-dire les maisons et fermes isolées ou situées en écart ainsi que des hameaux entiers lorsque aucun élément ne méritait, à cause des remaniements successifs, un traitement spécifique.

CONTEXTE HISTORIQUE

Peu de documents permettent de connaître l´espace rural avant la seconde moitié du 18e siècle. La topographie apparaît partiellement sur la carte de Cassini (vers 1770) et surtout sur les premiers relevés cadastraux de 1835 qui reflètent encore largement le parcellaire et le bâti des siècles précédents. Le réseau des voies de communication et les structures des hameaux, tels qu´ils apparaissent en 1835, perdurent au-delà des modifications de certains tracés intervenues depuis la seconde moitié du 19e siècle.

Dans ce secteur caractérisé par un relief naturel dominé au nord par les flancs du massif des Monts d´Arrée et par plusieurs cours d´eau (ruisseaux du Fao, de Roudoudour et de Roudouhir), l´habitat, dispersé, est regroupé dans une quinzaine de hameaux de dimensions moyennes, voire importantes. La plupart des hameaux se sont développés pendant la seconde moitié du 19e siècle, tout en gardant leur structure ancienne. Bon nombre de constructions de cette période correspondent en fait à des reconstructions in situ. C´est à cette époque que l´activité agricole est la plus importante ; chaque hameau compte entre trois et plus d´une douzaine d'exploitations agricoles, nombre en constante diminution depuis les années 1960.

En 1843, d´après Ogée, sur un total de 3155 hectares, 815 sont des terres labourables, 338 des prés et des pâturages, 31 des bois, 27 des vergers et des jardins ; 1833 hectares, soit environ 58 % du territoire communal, sont couverts de landes qui, en grande partie exploitées, faisaient alors intégralement partie de l´économie rurale.

La carte de localisation montre une densité d´édifices repérés ou sélectionnés régulièrement répartie ; rares sont les lieux-dits qui ne conservent pas un ou plusieurs éléments bâtis recensés. Les densités sont naturellement plus faibles à proximité des zones boisées comme au sud-est de la commune ou au sud et à l´ouest de Trédudon. Les flancs nord des monts d´Arrée, c´est-à-dire toute la partie nord-ouest de la commune, sont dépourvus d´habitat.

Des résultats observés, et plus particulièrement des chronogrammes relevés sur le bâti, se dégagent plusieurs tendances situant le corpus des constructions rurales dans une chronologie allant du début du 17e siècle aux années 1950.

On constate l´absence de témoins antérieurs au 17e siècle mais des prospections archéologiques ont révélé l´existence d´un village médiéval déserté entouré d´un double talus, à un kilomètre au nord de Ruguellou.

De rares maisons, fermes ou parties de hameaux (soit à peine 5 % du total pris en compte), remontent aux 17e et 18e siècles. La commanderie des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem était, dès l'époque médiévale, à l'origine d'une douzaine d'implantations paysanes.

Le 19e siècle - il se prolonge jusqu´en 1918 - est caractérisé, comme ailleurs en Bretagne, par le renouveau des constructions rurales. Deux cas de figures dominent : la destruction de l´habitat ancien remplacé, in situ, par un nouveau logis ou la conservation des logis anciens alors déclassés en parties agricoles.

147 immeubles seraient, suivant les données de l´INSEE, antérieurs à 1915. Les constructions ou reconstructions de logis ruraux entre 1920 et la Seconde Guerre mondiale sont assez importantes (une quarantaine environ) mais concernent essentiellement le bourg. Une partie du bâti ancien a connu, suite à la déprise agricole à partir des années 1960, un délaissement progressif suivi de réhabilitations ponctuelles. La comparaison entre les résultats des enquêtes de 1969 et de 2007 est intéressante : en 38 ans, on assiste à des disparitions (Kerbran, Kerbargain), mais aussi à des réhabilitations de qualité (Keranhéroff, Kerbruc).

LES COMMANDITAIRES

Les inscriptions qui figurent sur les bâtiments donnent les noms de quelques bâtisseurs. Ces familles commanditaires appartenaient aux classes rurales dirigeantes et exploitants de domaines ruraux : Pierre Grall et Marie Le Bo (Keranhéroff), Jean Créoff (Kermabilou), L. Léro (Litiez) et Jean Fer et Marie Le Hir à Trédudon.

Connues par des descriptions des biens de la commanderie des hospitaliers de La Feuillée, les possessions ne se limitaient pas au territoire de La Feuillée. Outre la maison du commandeur, l´église paroissiale et la chapelle Saint-Houardon, la commanderie possédait au 18e siècle une métairie noble à Kerbérou ainsi que les moulins de Kerbérou et de Kerelcun. Les hospitaliers sont certainement à l'origine de bon nombre de constructions à La Feuillée, mais suite au déclin de cet ordre à la fin de l'Ancien Régime, tous les bâtiments civils ont été démantelés. Il ne reste aujourd´hui que les moulins et quelques vestiges remployés dans des constructions rurales.

COMPOSITION D´ENSEMBLE

L'implantation isolée est rare et semble relativement tardive, de toute vraisemblance postérieure à 1850 (Roz an Eol). La majorité des édifices se situe au sein de villages à l'origine composés de plusieurs exploitations agricoles disposant chacune de dépendances et donnant sur des espaces ouverts ou des voies de passage (Kerbruc, Litiez). En ce qui concerne les parties agricoles telles que les étables, les écuries ou les granges, leurs transformations récentes occultent souvent les fonctions et les dispositions d'origine. Les communs peuvent être dissociés du logis, se situant autour d'une cour (Keranhéroff), mais la plupart des fermes sont de type logis-étable avec une cohabitation des hommes et du bétail sous le même toit. La présence de pierres d'attache pour le bétail s´observe aussi bien sur la façade du logis qu´à l´intérieur des anciennes étables.

Les fermes sont prédominantes. Modestes, elles sont de type logis-étable, majoritairement à une ou deux portes en rez-de-chaussée et à comble à surcroît.

Le nombre de puits est assez élevé. 27 spécimens (repérage non exhaustif), construits en moellon ou en pierre de taille de granite et couverts de dalles d´ardoise posée sur les montants, ont été repérés. Les cinq puits de Kerbruc, comme ceux de Kerelcun ou encore de Ruguellou, comptent parmi les exemplaires les plus représentatifs. Ils sont généralement de structure semi-circulaire ou carrée, exceptionnellement circulaire (Kermabilou) et aucun d´entre eux n'est daté. Le puits de Kermabilou, atypique, est inséré dans l´épaisseur du mur d'une étable, construite plus tard.

Liés aux nécessités de la vie domestique de chaque hameaux, les fours à pain, autrefois nombreux, ont presque tous disparu ; de source orale, un spécimen serait encore présent dans une grange à proximité d´un ensemble de deux logis à Kermabilou (voir dossier individuel). Parmi une vingtaine de granges avec porte charretière en pignon répertoriées, celles de Keranhéroff, de Kerbérou et de Kerbruc sont les plus caractéristiques.

Six hangars à orthostats, ont été recensés au bourg, à Keranhéroff, Kerbargain et Kerbérou. Constitué, en général, de longues pierres de granite plantées dans le sol recevant une charpente couverte de tôle ou de fibrociment, trois se distinguent par leurs piliers maçonnés en moellons de granite (un à Kerbargain, deux à Kerbérou).

MATERIAUX ET MISE EN OEUVRE

Le massif granitique qui affleure par endroits en boules fournit une partie des matériaux de construction dont témoignent plusieurs petites carrières. Les schistes extraits des carrières des communes voisines de Commana, Plounéour-Ménez et Sizun constituent depuis des siècles des matériaux de construction de qualité. Pour le gros oeuvre, l´emploi du granite, en moellon et plus rarement en pierre de taille, est majoritaire. L´alternance avec des lits de schiste est rare mais existe d´une manière assez soignée à Litiez. Le schiste et le quartzite sont également employés pour le gros oeuvre de manière exclusive ou mélangés au granite, notamment dans les hameaux bordant les crêtes de l´Arrée (Botbian, Kerbruc, Litiez et Trédudon).

Le schiste qui se débite en lames plus ou moins épaisses qui peuvent atteindre des dimensions importantes, a été utilisé comme matériau de couverture (usage dominant), de revêtement de sol (Litiez) et de cloisons dans des étables ou écuries (Keranhéroff).

Le granite du Huelgoat est utilisé tardivement, à partir de la seconde moitié du 19e siècle, pour l'encadrement des baies de certaines maisons du bourg ou de logis ruraux tardifs (Kerelcun, Litiez).

STRUCTURES ET FONCTIONS

Les traits dominants de l´architecture rurale de La Feuillée s´inscrivent dans deux grandes catégories, l´habitat mixte, caractérisé par la cohabitation des hommes et du bétail sous le même toit, et le logis indépendant, défini par l´absence de cohabitation entre hommes et animaux.

1. Habitat mixte (hommes, bétail, stockage)

50 édifices ruraux, sur un total de 166, entre dans cette catégorie (soit environ 30 % du corpus étudié). Ces fermes regroupent sous le même toit les fonctions d´habitation et d'abris pour le bétail. Ceux sont des bâtiments prévus à cet effet dès leur construction. La présence de pierres d´attache à l´intérieur des édifices indique clairement la cohabitation entre les hommes et le bétail.

On observe plusieurs types :

Logis-étable à porte unique

En rez-de-chaussée ou à comble à surcroît, il se caractérise par un accès unique emprunté aussi bien par les hommes que par le bétail. L´aération de la partie étable est assurée par un petit jour tandis que la partie habitation bénéficie d´une fenêtre de dimensions plus importante. L´accès au comble, qui sert généralement de grenier, se fait par une échelle, soit par l´intérieur, soit par l´extérieur (fenêtre passante).

Concernant l´habitat mixte, c´est le type majoritaire ; 26 édifices ruraux sur 50 ont été repérés (soit 52 % du total). Bon nombre de hameaux conservent ce type d´habitat, notamment Kerelcun, Kermabilou et Litiez. Leur construction remonte en général au 19e siècle, peu de bâtiments antérieurs à cette période (comme Kerbargain par exemple) sont encore en place.

Logis-étable à deux portes

Toujours en rez-de-chaussée ou à comble à surcroît, il se distingue du précédent type par des accès individualisés, l'un pour les hommes, l'autre pour le bétail. Ainsi, même si les deux fonctions (logement et étable) sont sous le même toit, les espaces dédiés aux hommes et au bétail sont séparés. Les portes d´accès peuvent être sur la même façade ou sur des façades différentes.

16 exemples de ce type existent à La Feuillée, soit 32 % de l´habitat mixte. Des villages comme Kermabilou, Kerven et Ruguellou en conservent des exemples significatifs. Aucun exemple n´est antérieur au 19e siècle.

Logis-étable à avancée

Jusqu´à présent, aucun édifice de type « maison à avancée » associant les fonctions d´habitation et d´abris pour le bétail n´avait été recensé à l´échelle régionale. La Feuillée en conserve huit exemples, soit 16 % de l´habitat mixte. Les édifices concernés sont principalement à comble à surcroît avec un toit rampant (cinq exemples). A l´exception de Keranhéroff, Kerbargain, Kermabilou, Kerven et Litiez, tous les autres hameaux conservent au moins un logis-étable de ce type.

2. Logis indépendant

101 logis indépendants ont été recensés, soit 60 % du corpus total. On distingue quatre types :

Le logis à étage de type ternaire

37 logis ruraux, soit environ 37 % du total repéré présentent des façades ordonnancées, majoritairement à trois travées. Ils remontent, pour l´essentiel, à la période allant de 1860 à 1920. La normalisation de l´habitat intervient lors du renouveau amorcé depuis le milieu du 19e siècle, avec le recours aux modèles en vogue dans les bourgs et en ville. D´ailleurs, 34 maisons ternaires se situent dans le bourg (soit à peu près le même effectif que dans tout le reste de la commune). Des édifices représentatifs ont été repérés, entre autres, au bourg, à Kerelcun, à Litiez et à Trédudon.

Un cas particulier. Deux bâtiments situés au bourg ont été conçu suivant un plan particulier massé et double en profondeur : la maison construite en 1905 pour l´ancien instituteur et directeur d´école Pierre Marie Grall à Pors Clos et, sur le même modèle, la maison rue Hent ar Gar. Cette dernière possède des caves semi-enterrées.

Le logis à deux pièces

Il peut être considéré comme une variante du précédent duquel il se distingue par l´absence d´un étage habitable. En rez-de-chaussée ou à comble à surcroît, la porte s´ouvre sur un couloir qui sépare la salle de la chambre. 25 logis ruraux de ce type ont été recensés, soit 25 % du corpus étudié. Du 19e siècle et du début du 20e siècle, certains hameaux conservent des exemples significatifs comme Kerbran, Kerbruc et Kerelcun.

Le logis à une pièce

En rez-de-chaussée ou à comble à surcroît, il correspond au logement de journalier (ou logement très modeste). Les ouvertures se résument à une porte et une fenêtre. 18 logis ruraux de ce type ont été repérés soit 18 % du total. Ils sont tous du 19e siècle ou du début du 20e siècle ; les villages de Kerbérou, Kerelcun et Trédudon en conservent quelques exemples.

Le logis à avancée

Il s´agit d´un logis de plan rectangulaire avec un avant-corps de faible largeur ; la partie portée en avant de l'alignement, généralement sur la façade principale, se nomme avancée ou avant-corps. Ces logis ont certaines caractéristiques en commun : les fenêtres de l'avant-corps sont généralement placées vers le pignon abritant le foyer et correspond à l'aménagement intérieur (place réservée à la table, aux bancs, aux armoires et lits-clos).

Dans cette catégorie, on peut distinguer trois types, en rez-de-chaussée, à comble à surcroît et à étage. Ces trois types se déclinent, à leur tour, en deux variantes qui confèrent aux édifices des morphologies très diversifiées, encore accentuées par deux formes de toitures différentes, le toit rampant et le toit en bâtière.

Le recensement révèle l'existence de 22 logis ruraux à avancée, soit 22 % de la totalité des logis indépendants repérés. Selon l´analyse stylistique et les chronogrammes extrêmes relevés, ils ont été bâtis entre la seconde moitié du 17e siècle (1675 : Kermabilou), et 1860 (Ruguellou).

Les avancées sont généralement placées sur l´élévation principale (sauf à Keranhéroff). La présence de deux avancées d´origine, une sur l´élévation principale, l´autre sur l´élévation postérieure, est rare mais existe, à Ruguellou ou à Kermabilou.

Logis à avancée en rez-de-chaussée  : seulement trois édifices (exclusivement avec toit rampant). Ce type, correspondant à un habitat modeste, est très marginal et tend à disparaître dès 1850. Les édifices se localisent à Kerbran, Kerbruc et Kermabilou.

Logis à avancée à comble à surcroît  : dix édifices (huit avec toit en bâtière ; deux avec toit rampant). Ce type est majoritaire puisqu´il représente environ 45 % des logis ruraux à avancée. Tout comme le type précédent, cette variante tend à disparaître après 1850 et aucun témoin ne semblent être antérieur à 1800. Les exemples les plus significatifs se trouvent à Keranhéroff, Kerven et Ruguellou.

Logis à avancée à étage  : neuf édifices (quatre avec toit en bâtière ; cinq avec toit rampant). Ce type représente 41 % des logis ruraux à avancée localisées. Les exemples repérés (17e - 18e siècle) sont les plus anciens parmi le corpus total étudié (Kermabilou, Keranhéroff).

Cas particuliers  : plusieurs logis à avancée, notamment l´ancienne ferme 2 à Ruguellou ou l´ensemble de deux logis 2 à Kermabilou, présentent un plan particulier. Outre le fait qu´elles possèdent deux avancées (façades principale et postérieure), l´avancée principale n'abritait pas la table et les bancs mais l'entrée. Cette avancée servait à agrandir l'espace de circulation ou, exceptionnellement comme à Ruguellou, de lieu de couchage, tandis que l´avancée postérieure était réservée à la table et aux bancs.

Les exemples de logis à avancée associés à un escalier extérieur sont rares. Ce type sans doute très répandu aux 17e et 18e siècle n'existe aujourd'hui qu'en état de vestiges (Keranhéroff) ou très remanié (bourg, auberge de la crêpe).

La maison à avancée ne correspond pas à un logement figé mais s´adapte aux besoins des bâtisseurs. Probablement dominant dans ce secteur, ces logis sombres sont tombés en ruines et ont été remplacés par des maisons neuves.

COUVERTURES

La quasi-totalité des maisons rurales est coiffée d'un toit à longs pans, à l'exception des maisons à avancée à toit en bâtière ; dans ce cas, les deux versants de l'avancée sont liés à la charpente principale par une noue.

Durant plusieurs siècles et jusqu´à une période récente, les schistes ardoisiers étaient exploités dans les communes voisines de Plounéour-Ménez, Commana et Sizun. L´emploi le plus visible demeure, aujourd´hui, celui des couvertures, même s´il a tendance à diminuer. Ces belles toitures se distinguent par une mise en oeuvre particulière de ces épaisses ardoises qui, à cause de leurs poids, sont posées à pureau décroissant : la dimension des ardoises diminue entre la partie inférieure du versant du toit et le faîtage, les pièces les plus grandes étant réservées à la partie basse (Kerbruc, Trédudon). Peu de toitures conservent leurs lignolets (en voie de disparition), faîtages composés d´ardoises ajourées à décor ornemental qui portent parfois des chronogrammes de la seconde moitié du 19e siècle comme à Ruguellou (1871) ou à Kerbruc (1902).

Le remplacement de l´ardoise épaisse par le fibrociment ou la tôle est devenu majoritaire pour les bâtiments annexes ou ceux qui attendent une réhabilitation. L´emploi de la tuile mécanique en couverture est marginal et tardif (1er quart 20e siècle) mais existe, en remplacement de l´ardoise, à Kerbruc.

AMÉNAGEMENTS INTÉRIEURS

Quinze édifices ou ensemble d´édifices parmi les plus représentatifs ont fait l´objet de relevés schématiques : bourg (trois sélections), Keranhéroff, Kerbargain, Kerbérou, Kerbruc, Kerelcun (deux sélections), Kermabilou (trois sélections) et Ruguellou (deux sélections). Ils permettent de mieux cerner fonctions, distributions, aménagements intérieurs, constantes ou particularités qui caractérisent l´habitat rural du secteur.

Au rez-de-chaussée, deux tiers de la surface étaient réservés à l'habitation (salle), l'avancée (quand elle existe) abritant généralement table et bancs ; l'autre tiers servait de cellier ou de réserve, avec, parfois l´aménagement d´armoires murales dans l´épaisseur du mur et des niches assez hautes et larges, situées entre la cheminée et la fenêtre de l'avancée, servant à poser un banc semi-encastré (Kerbruc, Ruguellou, Kermabilou).

La présence de saloirs surmontés d´armoires murales encastrés dans l´épaisseur du mur était habituel. Malgré un taux de disparition élevé, des exemples significatifs subsistent, entre autres, au bourg, à Keranhéroff, à Kerbargain et à Ruguellou (ancienne ferme 2). Les sols étaient traditionnellement en terre battue ou couverts de grandes dalles de schiste (environ 1 m de long et 60 cm de large) ; elles ont été supprimées lors de transformations récentes.

Les linteaux et les corbelets des cheminées sont généralement en bois (Ruguellou, Trédudon). De rares cheminées en granite, souvent dans les constructions les plus anciennes et les plus soignées (bourg), ont toutefois été répertoriées.

CONCLUSION

Les maisons rurales de la commune de La Feuillée ont, en grande majorité, subi des remaniements importants suite à l´évolution des manières de vivre. La forte récurrence de logis-étable, à une ou deux portes, reflète entre la seconde moitié du 18e siècle et le début du 20e siècle, une activité agricole prépondérante mais relativement modeste. Quelques rares témoins de maisons à avancée antérieures à cette période sont encore en place et toujours lisibles.

A partir du milieu du 19e siècle, la transformation du bâti existant et la reconstruction de nouveaux logis d´allure urbaine et plus standardisé s´imposent en remplaçant le bâti ancien. Toutefois, la structure des hameaux, héritée du régime ancien de la quévaise instauré par les hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, est toujours identifiable malgré les multiples remaniements du bâti.

Keranhéroff, Kerbruc, Kermabilou et Trédudon conservent des réalisations marquantes de l´architecture rurale de la commune.

Chronogrammes relevés : 1675 ; 1732 ; 1757 ; 1777 ; 1800 ; 1807 ; 1808 ; 1812 ; 1816 ; 1817 ; 1823 ; 1828 ; 1834 ; 1840 ; 1843 ; 1845 ; 1846 ; 1848 ; 1849 ; 1851 (2 fois) ; 1852 ; 1853 (2 fois) ; 1857 (2 fois) ; 1858 (2 fois) ; 1860 ; 1865 ; 1866 ; 1867 (3 fois) ; 1868 (2 fois) ; 1869 ; 1870 ; 1871 (2 fois) ; 1872 ; 1894 ; 1901 ; 1903 ; 1905 ; 1909 ; 1911, soit : 2e moitié 17e siècle : 1. 1ère moitié 18e siècle : 1. 2e moitié 18e siècle : 3. 1ère moitié 19e siècle : 14. 2e moitié 19e siècle : 23. 1er quart 20e siècle : 5. (repérage non-exhustif).

  • Période(s)
    • Principale : 17e siècle
    • Principale : 18e siècle
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 1ère moitié 20e siècle
  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • repérées 224
    • étudiées 29

Bibliographie

  • KERNEVEZ, Patrick. Les fortifications médiévales du Finistère. Mottes, enceintes et châteaux. Centre régional d´archéologie d´Alet, Saint-Malo, 1997, p. 78.

    p. 78
  • LAURENT, Jeanne. Un monde rural en Bretagne au 15e siècle. La quévaise. Ecole Pratique des Hautes Etudes, Paris, 1972.

  • OGEE, Jean-Baptiste. Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne. 1ère édition 1778-1780. Nouvelle édition, revue et augmentée par MM. A. Marteville, et P. Varin, avec la collaboration principale de MM. De Blois, Ducrest de Villeneuve, Guépin de Nantes et Lehuérou. Rennes, 1843, p. 416.

    p. 416
  • Ouvrage collectif. Le bocage des Monts d'Arrée. Paysage de bocage. Gestion des espaces naturels, agricoles et forestiers. Fédération des Parcs naturels régionaux / Parc naturel régional d'Armorique / Ministère de l'agriculture et de la pêche, Paris, 2000.

  • TANGUY, Bernard. Dictionnaire des noms de communes, trèves et paroisses du Finistère. Douarnenez : Ar-Men - Le Chasse-Marée, 1990, p. 69-70.

    p. 69-70
  • TAVENNEC, Robert. La quévaise ou la condition paysanne dans les Monts d'Arrée. Fascicule 4 et 5. Association AN FOLLED.

Annexes

  • Annexe n°1
Date(s) d'enquête : 2007; Date(s) de rédaction : 2007