Dossier d’œuvre architecture IA29004711 | Réalisé par
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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  • enquête thématique régionale, Inventaire des fortifications littorales de Bretagne
Polygone de la Marine puis secteur urbain (Brest)
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Brest Métropole Océane

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne Nord
  • Commune Brest
  • Lieu-dit le Polygone
  • Dénominations
    polygone de tir, édifice logistique
  • Destinations
    hippodrome, terrain d'aviation, secteur urbain
  • Parties constituantes non étudiées
    caserne, blockhaus

L’emprise de l’ancien Polygone de la Marine - inauguré en 1864 - demeure bien visible dans la ville de Brest. De plan rectangulaire allongé (1 500 m de longueur par 150 m de largeur environ), pour une superficie de plus de 22 hectares, elle est délimitée au sud, par la Rue du Valy Hir, la Rue de Roscanvel (qui longe l’ancien stand de tir du Polygone) et le Boulevard de Plymouth ; au nord, par le Chemin du Belvédère et l’Avenue de Tallinn. Le Polygone a donné son nom à une avenue et au quartier.

Son emprise comprend aujourd’hui, du nord-ouest au sud-est : sur l’ancienne Butte du Polygone, le Parc d'Éole (projet du paysagiste Louis Maunoury et de l’artiste Nils Udo inauguré en 1989), le centre commercial de l’Iroise (hypermarché Super-Ouest ouvert en 1969 devenu Euromarché, puis Carrefour en 1992), la salle de spectacles sportifs et événementiels baptisée Arena et son parking (équipements inaugurés en 2014), des immeubles à logements (construits avant 1966 de part et d’autre de la Rue du Docteur Kerrien qui se prolonge par le Boulevard de Plymouth), la Place de Roscanvel, le Gymnase Beaumanoir et le Collège des Quatre Moulins intégrant l’ancienne caserne du Polygone (1913). Traversé par le tramway depuis 2012, l’ancien Polygone de la Marine a donné son nom à l’un des arrêts.

Une borne militaire en granite gravée d'une ancre de Marine est visible à l’angle de l’Avenue du Polygone et de la Rue Anatole France. Elle marquait le périmètre extérieur du terrain militaire et les zones de servitude.

1861-1864 : la création du Polygone de la Marine

Situé près du Valy-Hir ("la longue allée" en breton), sur le territoire la commune de Saint-Pierre-Quilbignon (rattachée à la commune de Brest en 1945), le "Polygone" est aménagé en 1861-1863 pour servir aux exercices de tir de la Marine avec la reproduction d’une batterie couverte de vaisseau de guerre (Levot, 1865). Le Polygone est inauguré le 1er janvier 1864.

1865-1939 : un terrain militaire aux multiples usages

A partir de 1865, le Polygone de la Marine sert régulièrement de champ de courses (avec le soutien du vice-amiral Gueydon, nommé président honoraire de la société hippique de Brest) et occasionnellement de terrain d’aviation (fêtes aériennes organisées en 1912, 1914 et 1921).

En 1868, c’est du Polygone de la Marine que Jean-Marie Le Bris expérimente, avec le soutien de l'Ecole Navale de Brest, son prototype de planeur baptisé l'Albatros II (L’aérodrome de Guipavas n’est inauguré qu’en 1937.)

En 1912-1913, une caserne et des écuries sont construites à l’extrémité sud-est pour le deuxième régiment de l’artillerie coloniale. La caserne du Polygone est ensuite occupée par un Peloton de Gendarmerie Mobile.

En 1921, un stade est créé par la Marine avec des pistes d’athlétisme, un terrain de football, une tribune, des vestiaires-douches et un logement pour le gardien.

1940-1944 : le Polygone occupé

Lors de la Seconde Guerre Mondiale, la caserne du Polygone sert au logement de soldats allemands.

La "Butte" située à l’extrémité nord-ouest du Polygone est intégrée à la ligne principale de combat (Hauptkampflinie) de Brest conçue à partir de la fin de 1942 et mis en œuvre en 1943. Une ligne continue d’obstacles constituée de barrières Cointet (appelées également "portes belges") est positionnée en avant de la butte. Au moins trois bunkers sont construits à son sommet (un poste d’observation et de tir dit Ringständ et un bunker -abri sont visibles sur la vue aérienne de 1966). Un bunker - abri de type VF (muré) est toujours visible sur le sommet de la butte (ensemble fortifié numéroté "B357" ?).

Au moins trois postes d’observation et de tir dits Ringstände sont encore visibles dans les environs de la butte ainsi qu’un bunker - abri de type 501 (muré) rue Maurice Genevoix (à 300 m au nord-est de l’extrémité nord de la butte). Ces bunkers font partie des ensembles fortifiés numérotés "B37" et "B38".

L’extrémité sud-est du Polygone, située à 80 m au-dessus du niveau de la mer, est dotée en 1943 d’un bunker - poste d’observation d’artillerie et d’un bunker - abri de type 622 (ensemble fortifié numéroté "B120").

La caserne du Polygone et ses dépendances ont été touchées par des bombardements aériens.

1946-1976 : le Polygone en baraques

Après la Guerre, le Polygone de la Marine abrite l’une des vingt-huit cités de baraque destinées à loger provisoirement les sinistrés de guerre. Plusieurs "cités" de baraque voient le jour dans le périmètre du Polygone de tir : "Polygone-butte" en 1946 (abrégé en "Poly" par ses habitants), "Point-du-jour" et "Polygone-caserne" en 1947. La cité du Polygone-butte était organisée en parcelle de plan carré regroupant douze baraques (220 baraques au total), celle du Point-du-Jour organisée en parcelle de plan rectangulaire de six baraques (268 baraques) et celle du Polygone-caserne en parcelle de plan carré composée de quatre baraques (88 baraques au moins). Au total, les baraques du Polygone de la Marine et de ses environs immédiats regroupent 3 000 habitants venus des divers quartiers de l’ancien Brest. Une baraque sert d’église au centre religieux du Polygone-Butte dépendant de la paroisse du Bouguen. D’autres baraques abritent une école, des commerces et plusieurs débits de boisson. En 1957, près de 20 000 brestois vivent encore dans 3 172 baraques.

Après le déménagement des habitants dans des logements neufs, les baraques sont peu à peu détruites. La cité du Polygone est la dernière détruite en 1976 (la dernière baraque est rasée en 1984).

Le Polygone : une caserne, un lycée puis un collège

De 1951 à 1965, la caserne du Polygone devient l’annexe du Lycée de Kerichen et reçoit en 1967 le nom de Lycée Amiral Ronarc’h. En 1977, le Lycée Amiral Ronarc’h est transféré à la Cavale Blanche mais le Collège Les Quatre Moulins reste dans le périmètre du Polygone. Le collège doit son nom aux quatre moulins implantés dans le "Parc ar Milinou" acquis par la Marine en 1778.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 19e siècle
    • Secondaire : 1ère moitié 20e siècle, 2e moitié 20e siècle, 1er quart 21e siècle
  • Dates
    • 1864, daté par travaux historiques

Le Polygone de la Marine mesure environ 1 500 m de longueur par 150 m de largeur soit une superficie de plus de 22 hectares : son pas de tir est de 1 250 m. A l’extrémité sud-est, c’est-à-dire au début du Polygone, se trouve à l’origine : "un dépôt d’armements ; un pavillon pour corps de garde et logement du garde d’artillerie ; un magasin à poudre, une salle d’artifices, une autre pour fonte de balles" (Prosper Levot, 1865). A l’extrémité nord-ouest, existe toujours la grande butte artificielle de terre - haute de près 20 mètres à l’origine et qui culmine à 103 m au-dessus du niveau de la mer - destinée à recevoir et amortir les tirs. Une petite butte est également aménagée à 500 mètres en avant de la grande butte (son emplacement était approximativement parallèle à l’actuelle Rue du Point-du-Jour).

Un grand stand avec pas de tir de 200 mètres de longueur est aménagé le long du côté sud du polygone. Ces hauts murs en maçonnerie sont renforcés par des contreforts. Les pas de tir sont couverts en béton armé. La rue de Roscanvel a été aménagée parallèlement au stand de tir. L'édifice est désaffecté (état en 2022).

La caserne du Polygone est orientée nord-ouest - sud-est. Couvert en pavillon en zinc, le corps principal à treize travées et à deux étages enduits, est encadré par deux avant-corps. Chaînages d’angle et entourages des ouvertures alternent briques et pierres de taille de granite gris (clés, parties saillantes et alignements des piédroits).

  • État de conservation
    vestiges, inégal suivant les parties
  • Mesures
    • l : 1 500 m (environ)
    • la : 150 m (environ)
  • Précision dimensions

    Mesures via Geoportail.gouv.fr.

  • Statut de la propriété
    propriété privée
    propriété de la commune
    propriété du département

Documents d'archives

  • Rapport Pinczon du Sel sur les installations du Mur de l'Atlantique (1946-1949). "Le Mur de l'Atlantique. Livre IV : du Mont Saint-Michel à la Laïta" (collection : Service Historique de la Défense de Brest).

    Service Historique de la Défense de Brest

Bibliographie

  • LEVOT, Prosper. Histoire de la ville et du port de Brest. Le port depuis 1681. Brest, vol. II, 1865, 387 p.

    p. 337-339
  • PERETJATKO, Jean-François. Le Polygone, où en est-on ? 1983, 33 p.

  • Françoise Rouxel, Brest en Baraques, Le Télégramme Editions, 1998

  • Collectif, J’ai vécu en baraque - Brest 1945-1975, Editions Le Télégramme, 1999.

  • CISSE, Gérard. Brest au coin des rues. Petites histoires des quartiers brestois. Le Télégramme, 2008, 223 p.

  • LE GOÏC, Pierre. Brest en reconstruction : Antimémoires d'une ville. Nouvelle édition [en ligne]. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2001 (généré le 03 février 2022). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/pur/22033>. ISBN : 9782753524668. DOI : https://doi.org/10.4000/books.pur.22033.

Périodiques

  • CADIOU, H. "Du tramway d'hier... à celui de demain". Écho de Saint-Pierre n° 16, décembre 1989.

  • Coat, P. "Le "Poly" entre les deux Guerres". Écho de Saint-Pierre n° 42, avril 1992.

  • CADIOU, Hervé. "Le parc d'Éole sème le vent et récolte la tempête". Écho de Saint-Pierre n° 217, novembre 2009.

  • POCHART, Jean. "Du Polygone à l’Arena et au Parc Éole... 1861-2019". Écho de Saint-Pierre n° 317, novembre 2019.

Documents figurés

  • Fi. Documents Figurés. 9Fi. Plaques de verre et de cuivre. Vue stéréoscopique, 1er quart 20e siècle.

    Archives municipales et communautaires de Brest : FRAC029019_9Fi0133
  • Fi. Documents Figurés. 9Fi. Plaques de verre et de cuivre. Vue stéréoscopique, 1er quart 20e siècle.

    Archives municipales et communautaires de Brest : FRAC029019_9Fi0136
  • Fi. Documents Figurés. 2 Fi. Photographies : format inférieur à 24x30 cm. Photographie, 1er quart 20e siècle.

    Archives municipales et communautaires de Brest : 2Fi08368
  • Fi. Documents Figurés. 2 Fi. Photographies : format inférieur à 24x30 cm. Photographie, 1er quart 20e siècle.

    Archives municipales et communautaires de Brest : 2Fi08370
  • Fi. Documents Figurés. 2 Fi. Photographies : format inférieur à 24x30 cm. Photographie, 1er quart 20e siècle.

    Archives municipales et communautaires de Brest : 2Fi08371
  • Fi. Documents Figurés. 3Fi. Cartes postales. Carte postale, 4e quart 19e siècle-1er quart 20e siècle.

    Archives municipales et communautaires de Brest : 3Fi077_004
  • Fi. Documents Figurés. 2 Fi. Photographies : format inférieur à 24x30 cm. Photographie, 2e quart 20e siècle, septembre 1944 (bataille de Brest).

    Archives municipales et communautaires de Brest : 2Fi05145
  • Caserne du Polygone à Brest (vers 1944).

    Archives municipales et communautaires de Brest : 2Fi05002

Documents multimédia

  • Site internet intitulé : Nos souvenirs d'hier (pour que les générations futures connaissent la reconstruction de Brest après la guerre 1939-1945) (http : //www.lebouguen-lesbaraques.infini.fr).

Annexes

  • "Histoire de la ville et du port de Brest", 1865, volume 2 de Prosper Levot, extrait p. 337-339
  • Iconographie
Date(s) d'enquête : 2007; Date(s) de rédaction : 2007, 2022
(c) Association Pour l'Inventaire de Bretagne
(c) Région Bretagne
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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