A propos d'un plan de 1672 censé représenter le manoir de Gouandour à Crozon (Finistère)

(Archives municipales de Crozon)

Le plan schématique dressé en 1672 selon la légende qu´il porte, est incomplet dans sa partie inférieure droite (manques). Il présente un grand ensemble régulier à cour fermée flanqué de quatre tours d´angles hors oeuvre. Des petits escaliers en vis sont enchâssés dans les murs d´enceinte et les tours d´angle. Deux escaliers droits rampe sur rampe se situent dans l´angle nord-ouest (en supposant que le document soit orienté). Le niveau représenté ne correspond pas à un rez-de-chaussée mais à un premier ou second étage.

Ce document est de nature à s'interroger sur son interprétation. L´identification manuscrite figurant au centre (Plan du Gouandour dressé en février 1672 pour procès devant la juridiction de Châteaulin [ ? ] de Cornouaille) est peu conforme à une écriture du 17e siècle mais semble être un rajout plus tardif, peut-être du 18e ou du 19e siècle. Le dessin ne représente pas le manoir actuellement en place qui est plus ancien (15-16e siècle), même si plusieurs petites tourelles et quelques parties bâties au nord du logis actuel ont aujourd´hui disparu. L'analyse du parcellaire de 1830 n´autorise pas à supposer une telle construction, même disparue, dans ce lieu. Le plan remis tardivement aux archives municipales de Crozon paraît correspondre soit à un autre bâtiment ayant existé ailleurs, soit à un projet (à Gouandour ou ailleurs) non réalisé.

Une analyse plus attentive du document révèle que, malgré la présence de plusieurs tours d´angles, d´une enceinte et d´une cour plus ou moins fermée, il est peu probable qu´il s´agisse d´un édifice médiéval mais plutôt d´un bâtiment (ou projet) de la seconde moitié du 16e ou du début du 17e siècle conçu selon une mode architecturale de la « seconde Renaissance » très en vogue en France. Dans le nord du Finistère, des réalisations de ce type et bien connues par des travaux historiques existent à Kergournadec´h (Cléder) et Kergroadès (Brélès). Nous proposons donc de rattacher le plan à cette tradition architecturale et de renoncer à l´associer d´emblée à Gouandour. Vu son intérêt, une étude plus poussée, impossible à réaliser dans le cadre de cette enquête, s´avère vivement souhaitable.

VOIR :

MUSSAT, André : Trois châteaux de la seconde Renaissance en Léon : Maillé, Kerjean, Kergournadec'h. Dans : Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne, tome LIX, 1982.

CHATEAUX DU HAUT-LEON (Finistère). Collection "Images du Patrimoine", N° 34. Ministère de la Culture et de la Communication, Inventaire Général des monuments et des richesses artistiques de la France. Rennes, 1983.

DOUARD, Christel. LA BRETAGNE. Dans : La France de la Renaissance. Guides Gallimard, Paris, 1998-1999, p. 238-241.

DOUARD, Christel. KERGOURNADEC'H. Dans : BRETAGNE. Dictionnaire-guide du patrimoine. Monum/Editions du patrimoine. Paris, 2002, p. 279-281.

19892900106PAB : Calque original conservé au Service de l'Inventaire du patrimoine culturel de Bretagne

19892900105PAB : Calque original conservé au Service de l'Inventaire du patrimoine culturel de Bretagne

20102910884NUCB : Archives municipales de Crozon

20102910863NUCB : Archives départementales du Finistère, 3 P 45.