Dossier collectif IA29005623 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Châteaulin
L'architecture rurale : fermes et maisons rurales de la commune de Châteaulin
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Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    ferme, dépendance, maison
  • Aires d'études
    Parc Naturel Régional d'Armorique
  • Adresse
    • Commune : Châteaulin

L'architecture rurale à Châteaulin : du 17e au 20e siècle

La partie rurale de Châteaulin est très étendue en raison d'un découpage communal résultant des méandres de l'Aulne. Le territoire a conservé un caractère boisé et vallonné en dépit des travaux de remblais importants réalisés pour les travaux de chemin de fer au cours des années 1860 et un siècle plus tard lors de la mise en 2*2 voies de la RN 165.

La création des rocades Park-bihan et Penarros a modifié l'environnement des écarts et leurs accès. La ville s'étendant vers l'ouest a pris le pas sur la zone rurale où se sont implantés lotissements, établissements d'accueil, établissements d'enseignement et équipements sportifs. Ainsi, des hameaux auparavant isolés des grands axes de circulation se trouvent mal intégrés dans des zones pavillonnaires (Coatigoff, Quimill braz, Kerstrat) quand ils n'ont pas été détruits (Park bihan braz).

L'enquête d'Inventaire réalisée en 2013 a permis de recenser 140 maisons rurales et fermes- ou anciennes fermes- sur la commune de Châteaulin ; 14 dossiers "études" ont fait l'objet d'une rédaction. Ce travail actualise et complète une précédente enquête d'Inventaire réalisée en 1967.

Cette enquête est précieuse en raison des nombreuses modifications et destructions effectuées sur la commune depuis plus de 45 ans ; comparer les résultats des deux enquêtes permet de constater de l'évolution du bâti (rénovation ; changement d'affectation ; modification de l'environnement) ou de sa destruction (ruines, absence de trace) souvent par abandon en raison de sa désaffectation.

Indépendamment de tout ces points, les structures des 56 hameaux demeurent stables ainsi que l'implantation du bâti entre la date de l'ancien cadastre de 1847 et nos jours.

Les fermes et maisons des 17e et 18e :

Peu de bâti ancien à Châteaulin ; cela s'explique par la présence de terres labourables "bonnes et bien cultivées" selon les dires de Ogée (1790). En effet, dès qu'une zone rurale génère de la richesse on constate que toutes les deux générations le logis est modifié, agrandi ou déclassé. Cela concerne la quasi totalité des écarts de la commune de Châteaulin.

Les dates portées répertoriées pour cette période sont les suivantes : 1638, 1639, 1685, 1701, 1744, 1761. Dix-sept constructions rurales estimées des 17e 18e siècle ont été recensées.

Les constructions des 17e-18e présentent des ouvertures en anse de panier avec chanfrein et accolade délardée sculptés sur granite. D'autres présentent des ouvertures avec linteaux en bois. Le gros-oeuvre est en schiste. On trouve quelques ruines de ces époques, dont il ne reste souvent que les pignons (Roc'h Guillou, Pouillot, Quivouidic). Au Lindour, Quimill et parc-bihan braz (détruit), se trouve des logis partageant le même ordonnancement de façade et une mise en oeuvre commune (rez-de-chaussée, étage de comble habitable, encadrement des ouvertures en grès ou granite, sculptés en anse de panier).

La symétrie des façades s'accentue et se généralise au cours du 18e siècle. La ferme de Trévérec est à la jonction des deux périodes : les volumes architecturaux appartiennent au 18e mais la façade ordonnancée annonce la régularité de la typologie dite ternaire.

A Coatifitel (1761), la construction est de qualité, les ouvertures rectangulaires sont appareillées en pierres de taille chanfreinées. Composées d'un rez-de-chaussée et d'un étage dévolu au logement, ces fermes, comme celle de Coatigoff (1754) ou de Prat-Guivarc'h (1761), sont entourées de dépendances montrant une séparation effective entre les habitants et les animaux.

Plusieurs constructions, à la mise en oeuvre plus grossière, sont plus difficiles à dater d'autant que les interventions régulières sur les maçonneries et les ouvertures ont été intrusives.

A Penmez subsiste l'unique maison à avancée. La rénovation dont elle a fait l'objet ne permet pas de la dater de façon précise, si n'est antérieurement à 1847. L'enquête de 1967 en avait répertoriée une au Leuré, non vue en 2013.

Un type de maison élémentaire avec escalier à vis hors-oeuvre en façade postérieure (escalier en bois) existait au Quinquis : il n'en n'a pas été recensé lors de l'enquête de 2013. Cependant, ce type architectural est difficile à percevoir lorsque seule la façade principale est visible.

Les fermes et maisons du 19e :

La quasi totalité des constructions rurales situées sur la commune de Châteaulin date du 19e siècle, soit 46 constructions. C'est aussi au cours de ce siècle que le bâti ancien est modifié ou remanié (Coatigoff, 1844).

Les maisons de ferme dite de type élémentaire, soit un rez-de-chaussée à pièce unique avec étage de comble, sont rares mais quelques exemples subsistent comme à Roc'h guillou (date portée 1809).

Au cours du 2e quart du 19e, l'architecture développée sur les quais de la ville influence les constructions de l'architecture rurale. Ainsi à Kerstrat, Kerguestec (1850) et Coatigaor (1838) de belles maisons à étage présentent une façade ordonnancée avec parfois linteau et corniche de granite ou de kersantite.

A cette première influence s'ajoute celle d'un autre modèle urbain : les maisons à étage de type ternaire. Ce type architectural se répand au cours de la seconde moitié du 19e : de belles maisons sont érigées utilisant des matériaux de qualités (Quelennec-1846- et Kerhoën) ou utilisant le même vocabulaire architectural (Penmez, Vieux-Bourg 1868). La maison de Runapuns présente une variante de cette typologie.

La période de construction la plus prolifique pour ce type d'architecture est le 1er quart du 20e (Pen ar pont, Quinquis, Le Pouillot, Coatifitel, Pen ar Ros, Toul ar c'hoat). Il est cependant reproduit de façon tardive jusque 1950 (Stanguivin).

Le modèle des maisons dites de notable est un autre modèle urbain présent dans la campagne. A Kerguestec, la présence d'une telle maison dont le plan et la façade rappelle la Caisse d'Epargne de Châteaulin (1898), semble être justifiée par la proximité de l'ancienne gare de Port-Launay. En revanche, situé en pleine campagne, à Kervoëllen, ce même modèle parait plus incongru alors que très probablement signe de richesse acquise par le développement de l'agriculture.

La prédominance de fermes de type ternaire montre aussi que la séparation des fonctions est apparue précocement au cours du 19e sur le territoire de Châteaulin. Le développement de lieux dédiés à des fonctions uniques est une expression de la rationalisation des techniques agricoles.

Les fermes modèles du début du 20e siècle :

Plusieurs maisons de type ternaire à plan double ont été construites (Quiouidic 1904, Quélennec, Prat aval 1910, Laezron) ; souvent construites dans le cadre d'un programme de dit de "fermes modèles" elles accueillaient propriétaires, journaliers et apprentis.

La ferme de Lospars présente un cas de figure de ferme modèle intéressant : un logis début 20e qui reprend la typologie traditionnelle et cornouaillaise des maisons à avancées ; des dépendances dévolues à des fonctions spécifiques agencées autour d'une cour spacieuse accessible aux machines agricoles qui lui sont contemporaines.

Lorsque la maison construite au milieu du 19e répondait aux normes hygiénistes du début du 20e siècle, ce sont les dépendances qui ont par la suite été élevées selon des règles normatives de constructions (Pennarun, Penmez).

Un point commun à ces maisons de ferme c'est la présence de linteau de cheminée en bois, et ce jusqu'au début du 20e siècle.

Les dépendances :

La commune de Châteaulin comporte beaucoup de dépendances. Elles sont soit encore en usage, soit abandonnées (Kerhoën), soit réhabilitées (Prat-hir ou Kerhubui Coz).

Les dépendances sont situées soit en alignement : Kerarous, Kergudon, Pen ar pont, Mézambellec, Laezron, soit réparties autour d'une cour ouverte : Penmez, Lospars. Certaines dépendances portent des dates : Kergudon (1809), Le Lec (1808), Pen ar Pont (1888, 1910). Très souvent les murs sont en schiste et les encadrements sont en pierre de taille de granite.

Quelques dépendances de type grange à porte charretière (Mézambellec, Quinquis, Roslan), parfois avec un accès à l'étage par un escalier extérieur situé en pignon (Kerraous, Roslan) ou en façade (Kergudon) ont été répertoriées. A Lospars, ces granges sont dans l'alignement de l'habitation et ne présentent pas d'étage.

Un type de dépendance, dont un seul exemplaire a été répertorié, consiste en un bâtiment à plusieurs ouvertures en rez-de-chaussée (porte charretière ou pas et fenêtres et trous d'aération en second niveau (constitués de trois pierre de taille et formant ouverture semi-circulaire), un bandeau souligne en façade une mise en oeuvre de qualité : Kergonquis ; Kervoellen -détruit.

Ces trous d'aération situés en façades postérieures ou principales ont été répertoriés : le travail est soigné (Roc'h guillou).

A Kergudon, demeure un vestige de crèche à cochons avec séparations en dalles de schiste.

Les fournils :

En dehors des fournils situés à Stang ar forn, on en trouve plusieurs en état (Pouillot, Vieux-Bourg) ou à l'état de vestiges (Kergudon). En consultant le cadastre de 1847, on dénombre des fours et fournils sur 38 hameaux.

Le fournil, véritable maison du four, est une construction indépendante. Il s'agit d'un espace couvert sous charpente qui permet de stocker les réserves de bois et de fagots ; on y distingue parfois, à l'intérieur, des trous d'attache pour les bêtes. L'entrée du four à pain, de plan arrondi ou carré en saillie, est aménagée dans le pignon. Le four à pain, de forme semi-circulaire ou rectangulaire, se situe souvent à proximité du logis formant alignement, mais en léger retrait.

Les poêles à crêpes :

Lors de l'enquête, l'existence de poêles à crêpes, aujourd'hui détruits, a été signalée au Pouillot et à Toul ar Ch'oat.

Situé dans un bâtiment jouxtant le logis (désaffecté dans les cas recensé), le poêle à crêpes, installé dans un angle de la cheminée, est composé d'un massif rectangulaire en moellon qui mesure environ 70 cm de haut, 1,50m de long et 1m de large. Le soubassement est couvert de deux dalles de granite aux centres évidés et pourvus de cavets qui reçoivent les plaques en fontes circulaires ; l'évidement permet de glisser les fagots et braises assurant la cuisson.

Eléments isolés :

Sur les façades des maisons de ferme du milieu du 19e de Kerguestec et Quimill on trouve des trous à usage de colombier.

Peu de puits inventoriés (Pen ar Pont) mais quelques pompes mécaniques (Quélennec) et une fontaine (rue Fontaine de la Vierge) rendent lisible la richesse du réseau hydrographique de la commune de Châteaulin ; réseau reproduit sur le cadastre de 1847.

Un pressoir a été recensé au Quinquis ainsi qu'un autre, démonté, à Lospars.

A Kergudon, à l'état de vestige, une aire à battre ou à broyer l'ajonc ou le genêt est visible derrière une maison nommée Ty Coz.

Sinon, de nombreux trous d'attache à animaux ont été aperçus de façon non exhaustive.

Les germoirs :

La production de pommes de terre et de plants de pomme de terre a été un élément marquant de l'économie de Châteaulin durant une grande partie du 20e siècle. Architecturalement cette production est perceptible dans la présence de germoirs. Lors de l'enquête quelques germoirs ont été identifiés : gare de Châteaulin-Embranchement (1946), Roslann (1951) et Pen ar ros. Il est probable qu'il en existait beaucoup plus mais la chute de cette économie et la désaffectation des bâtiments qui s'en est suivie expliquent sans doute le faible chiffre du bâti recensé.

Les remplois dans l'architecture rurale de Châteaulin :

Dans plusieurs écarts de Châteaulin, le phénomène de remploi a été relevé. A savoir, des pierres manifestement plus anciennes réemployées dans des constructions plus récentes. Les dates portées ne coïncident pas toujours avec la date de construction ; cela peut correspondre à une date de reprise, de reconstruction ou de rénovation.

Plusieurs pierres posent donc questions d'autant que ces pierres sont parfois en exemplaire unique sur la commune : Kergudon, Pennarun, Coatigoff.

Dates portées répertoriées : 1638 ; 1685 ; 1744 ; 1761 ; 1809 ; 1828 ; 1838 ; 1846 ; 1850 ; 1851 ; 1871 ; 1904 ; 18?? ; 1934

  • Période(s)
    • Principale : 19e siècle, 18e siècle, 17e siècle
    • Principale
Date(s) d'enquête : 2013; Date(s) de rédaction : 2013