Histoire et activité
Le moulin à papier de La Motte (en breton Mouden en 1718) est aussi nommé Lotéric au XVIIIème siècle. Le moulin a droit également de nombreuses variantes dans l’appellation : Lotteric, Lotterec, Lautéric, Nautéric et aussi Notéric sur la carte de Cassini. Ce lieu-dit La Motte indique que le moulin est à l’aplomb de l’ancienne motte castrale, qui a précédé le château féodal du Penhoat, situé au nord, au confluent de la Penzé et du Coatoulzac'h. C’est à partir de 1705 que l’on y fabrique du papier. En 1772, le moulin qui possède une roue, une cuve et cinq piles à maillets, est dirigé par Jean Huet, locataire qui y fabrique 2 400 rames de papier pesant 33 600 kg. En 1776, il y est produit 3 000 à 3 300 rames de papier. Dix ans plus tard, le moulin de la Motte et son maître-papetier vivent un épisode qui fit parler d’eux à travers le royaume. Les faits nous sont relatés par les actes de l’Intendant des Etats de Bretagne. C’est la période troublée où les compagnons s’arrogent le droit d’admettre ou d’exclure ceux qui se présentent pour apprendre le métier ou entrer en compagnonnage et portent ensemble de nombreuses autres revendications. Jean Huet est ennuyé d’avoir des compagnons qui veulent faire la loi. Il cherche en Cornouaille, auprès de Yves du Faou de la fabrique de Kergoat, un jeune homme qui lui est dit être docile et de bonne conduite. C’est le nommé Jean Boutier, fils d’un chapelier et d’une mère sortie de la papeterie. Mais ce n’est pas assez d’être papetier par la mère, la descendance de mâle à mâle est requise par les ouvriers de Basse-Bretagne. En conséquence, les compagnons des fabriques voisinent notifient à Jean Huet qu’il ne doit pas garder ce jeune homme qui n’est pas, selon eux, de l’état. de papetier. Le 18 septembre 1786, onze compagnons des moulins voisins se rassemblent un dimanche matin et envahissent la maison de La Motte. Ils injurient et molestent le patron et veulent expulser l’étranger. Quelques jours plus tard les enfants de Jean Huet sont injuriés et menacés au retour du pardon de Penzé. Le maître-papetier, perdant patience, fait appel aux forces de l’ordre. Un édit de 1739 donne des pouvoirs à l’Intendant qui condamne deux compagnons, les plus coupables, à trois jours de prison. Cette conclusion donne une illustration des conflits provoqués par l’esprit corporatiste qui maintient l'endogamisme existant dans les familles. Autour du Penhoat la plupart des papetiers s’appellent Huet. Consanguinité et corporatisme sont les principales raisons de la décadence de cette industrie pratiquée dans un esprit trop traditionnel pour permettre a des esprits nouveaux et inventifs de s’exprimer.En 1828 et 1829, les dix ouvriers qui y travaillent produisent 15,6 tonnes de papier à partir des 28,6 tonnes de chiffons. En 1836, il reste encore quatre ouvriers mais l’activité papetière s’arrête vers 1845.