Ultimes traces du passé agricole de Ouessant les murets, composés de galets et de moellons, cachés sous les friches, tendent à disparaître. Leur abandon est une conséquence du déclin des activités agricoles depuis le milieu du 20e siècle dû à une certaine aisance apportée par les revenus issus de la marine marchande puis du tourisme. Ces murets sont aussi les vestiges d'une extrême parcellisation d'un territoire insulaire qui permettait un mode de vie autarcique. Les parcelles encloses étaient le plus souvent celles dédiées à l'ajonc (combustibles) et au potager (courtil).

Un rapport rédigé par l'inspecteur des phares et balises Fenoux du ministère des Travaux publics en 1879 signale que "grâce aux ressources agricoles dont [ouessant] dispose, si son existence est rude, elle a du moins la sécurité du lendemain et échappe à ces alternatives de prospérité relative et d'extrême misère, auxquelles sont exposées les populations adonnées exclusivement à la pêche. A ce point de vue Ouessant diffère des îles voisines de Molène et Sein."

Le cadastre de 1844 apporte une mine d'informations sur le nombre de parcelles (45 000), leurs formes (lanièrées, encloses, carrées, rectangulaires), leur toponymie (park, tachenn, liorz, mezad, palud, prat, stang) et leurs usages (culture, pâture, landes). Les informations sont parfois d'ordre archéologique, confirmant, par exemple, l’existence passée d'une chapelle, dont seule la toponyme en a gardé trace.

Paysage fortement anthropisé, Ouessant porte en elle ses mutations économiques-très fortes en l'espace de cinquante ans-, qui font qu'aujourd'hui les friches sont omniprésentes. A noter qu'il n' y a pas de corolaire entre abandon des parcelles et augmentation du nombre du bâti.