Cette maison de notable, couverte en pavillon, entourée d’un jardin et close de mur est située dans le quartier de Saint-Pierre-Quilbignon à Brest. C’est sous cette maison, dans la cave accessible par un escalier [remanié], que se trouvent un bunker - abri antiaérien et une pièce adjacente que l’on peut identifier comme un "lieu de vie" durant la Seconde Guerre mondiale en cas de bombardements aériens.
Le bunker est inséré dans la maçonnerie de la cave dont le mur de refend mesure 0,5 m ce qui donne des murs périphériques en béton armé de 1,1 m (ce et qui correspond également à la longueur du couloir d’entrée du bunker). Le couloir d’accès de 0,73 m de largeur est protégé par un mur de 0,82 m de d’épaisseur pour 2,77 m de longueur. Le bunker dispose d’une minuscule pièce de 2,45 m de longueur pour 2 m de largeur et 1,81 m de hauteur de plafond avec un passage de porte de 0,65 m seulement. Sur le mur sud se trouve un accès au soupirail, probablement une sortie de secours [en l’état, murée par du Placoplatre et une grille d’aération].
Les quatre murs du bunker sont blanchis à la chaux.
Le mur nord porte une grande maxime en lettre gothique de couleur noire, sauf la première lettre de chaque mot (à la manière des manuscrits), peinte en rouge carmin [plus fragile, la couleur a passé]. On peut transcrire en allemand : Es frieret selbst im wärmsten Rock, den Säufer und den Hurenbock ! (avec une rime) que l’on peut traduire par : "Ça gèle même dans le manteau le plus chaud, de l’ivrogne et du coureur de putain !"
Dans la cave, se trouvait également un "lieu de vie" d’environ 20 m2 identifiable par la présence d’un conduit de poêle dans le pignon nord et par une grande peinture murale située sur le mur de protection de l’entrée du bunker (à l’ouest). Le mur en béton mesure 2,77 m de largeur pour 2,11 m de hauteur. Sur le béton du mur est appliqué une couche de plâtre de 10 à 25 mm sur laquelle a été réalisée la peinture.
La grande peinture murale est peinte en ocre rouge et en brun dans le style sanguine. Elle figure au deuxième plan, à hauteur du regard, trois lansquenets (soldats mercenaires, en allemand Landsknechte) assis jouant aux dés sur un tambour et un quatrième lansquenet, debout, lance à la main et épée au ceinturon montant la garde. Cheveux longs, barbu pour au moins l’un d’entre eux, ils arborent des vêtements de la Renaissance : souliers, chausse courte bouffante à mi-cuisse, pourpoint, toque et épée au ceinturon. A droite de la composition se trouve représenté un arbre feuillu.
Au premier plan se trouve, à gauche des armoiries constituées de trois blasons de couleur écarlate (du gueules en héraldique) et à droite, sur ce qui semble être une table : un plat et une cruche. Les armoiries ont été identifiées par Jeremiah29 (pseudonyme) comme celles de la ville de Schiltach située en Forêt-Noire en Bade-Wurtemberg.
A l’arrière-plan se voit une tente militaire portant un pavillon et ce qui semble être deux charrettes.
Un visage a été effacé et recouvert.
Les parties périphériques de la peinture sont détruites ce qui entraine une perte d’information. La partie haute de la peinture - en arc segmentaire - semble constituée d’un cartouche. La partie basse de la peinture est délavée.
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.