Dossier d’œuvre architecture IA29131673 | Réalisé par
Lécuillier Guillaume (Contributeur)
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • enquête thématique régionale, Inventaire des héritages militaires en Bretagne
Bunker - abri antiaérien, Quartier Saint-Pierre (Brest)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne - Brest-Saint-Pierre
  • Commune Brest
  • Lieu-dit Quartier Saint-Pierre
  • Dénominations
    blockhaus, abri

Si c’est par une publication que l’on découvre cette exceptionnelle peinture murale, c’est par le bouche-à-oreille que l’on apprend la localisation exacte de la maison de notable qui l’abrite.

Cette maison abrite en effet dans sa cave un bunker - abri antiaérien avec une maxime en allemand et une grande peinture murale réalisée sur le mur de protection de l’entrée du bunker. Le thème de cette peinture - l’attente du soldat parti à la guerre - rappelle les gravures germaniques des 17e et 18e siècles. Il est probable que l’officier qui a commandé cette peinture venait de la ville de Schiltach située en Forêt-Noire en Bade-Wurtemberg.

Pour la tranquillité de ses occupants, nous avons choisi de ne pas divulguer l’adresse exacte de cette demeure.

Ce dossier d’Inventaire du patrimoine a été créé en 2024 dans le cadre de l'Inventaire des héritages militaires. Un grand merci à notre source qui nous a permis d'étudier cet édifice.

Cette maison de notable du quartier de Saint-Pierre-Quilbignon (commune limitrophe de Brest jusqu’à la fusion du 28 avril 1945) est vraisemblablement datable du début du 20e siècle. Elle disposait de tout le confort moderne pour ses occupants.

Durant la Seconde Guerre mondiale, la maison a été réquisitionnée, vraisemblablement par un officier de l’Allemagne nazie qui y a fait construire dans la cave un bunker - abri antiaérien à l'abri des regards. Le plancher du premier étage a sans doute était déposé afin de permettre sa construction. Les petites dimensions du bunker (4,9 m2) permettent d’y installer un lit ou de précieuses archives en cas de bombardements aériens. Il est orné d’une maxime (voir description).

Adjacent aux deux entrées du bunker de la cave se trouvait un "lieu de vie" chauffé et orné d’une grande peinture murale.

De l’autre côté de la rue se trouvaient une autre demeure de notable et un ensemble fortifié (numéroté "B 26") constitué d’au moins quatre bunkers. Selon le rapport Pinczon du Sel, l’avenue de l’Ecole navale est dotée d’un "corps de garde important dans la villa Kerascol". "Les murs du jardin sont crénelés, un bunker barre la porte d’entrée et dans le parc deux abris bétonnés conduisent par des tranchées à des postes de tir de mitrailleuse. Un projecteur D.C.A. [défense contre avion] est à cinquante mètres, à un carrefour de sentiers".

Les murs en maçonnerie de la cave et la peinture murale semblent avoir été masqués un certain temps avant de réapparaitre.

Ce bunker a été étudié par les membres de l’association GERFAUT 29 dont l'acronyme signifie Groupe d’Études et de Recherches des Fortifications de l'Atlantique et des Unités sur le Terrain. Olivier Doher fait l’hypothèque que cette maison aurait pu accueillir la Standortkommandantur Saint-Pierre Nebenstelle.

Une photographie de la grande peinture murale a été publiée en 2018 dans Forteresse de Brest. Maillon du Mur de l'Atlantique. Occupation - vie quotidienne – libération dirigé par Alain Chazette.

Cette maison de notable, couverte en pavillon, entourée d’un jardin et close de mur est située dans le quartier de Saint-Pierre-Quilbignon à Brest. C’est sous cette maison, dans la cave accessible par un escalier [remanié], que se trouvent un bunker - abri antiaérien et une pièce adjacente que l’on peut identifier comme un "lieu de vie" durant la Seconde Guerre mondiale en cas de bombardements aériens.

Le bunker est inséré dans la maçonnerie de la cave dont le mur de refend mesure 0,5 m ce qui donne des murs périphériques en béton armé de 1,1 m (ce et qui correspond également à la longueur du couloir d’entrée du bunker). Le couloir d’accès de 0,73 m de largeur est protégé par un mur de 0,82 m de d’épaisseur pour 2,77 m de longueur. Le bunker dispose d’une minuscule pièce de 2,45 m de longueur pour 2 m de largeur et 1,81 m de hauteur de plafond avec un passage de porte de 0,65 m seulement. Sur le mur sud se trouve un accès au soupirail, probablement une sortie de secours [en l’état, murée par du Placoplatre et une grille d’aération].

Les quatre murs du bunker sont blanchis à la chaux.

Le mur nord porte une grande maxime en lettre gothique de couleur noire, sauf la première lettre de chaque mot (à la manière des manuscrits), peinte en rouge carmin [plus fragile, la couleur a passé]. On peut transcrire en allemand : Es frieret selbst im wärmsten Rock, den Säufer und den Hurenbock ! (avec une rime) que l’on peut traduire par : "Ça gèle même dans le manteau le plus chaud, de l’ivrogne et du coureur de putain !"

Dans la cave, se trouvait également un "lieu de vie" d’environ 20 m2 identifiable par la présence d’un conduit de poêle dans le pignon nord et par une grande peinture murale située sur le mur de protection de l’entrée du bunker (à l’ouest). Le mur en béton mesure 2,77 m de largeur pour 2,11 m de hauteur. Sur le béton du mur est appliqué une couche de plâtre de 10 à 25 mm sur laquelle a été réalisée la peinture.

La grande peinture murale est peinte en ocre rouge et en brun dans le style sanguine. Elle figure au deuxième plan, à hauteur du regard, trois lansquenets (soldats mercenaires, en allemand Landsknechte) assis jouant aux dés sur un tambour et un quatrième lansquenet, debout, lance à la main et épée au ceinturon montant la garde. Cheveux longs, barbu pour au moins l’un d’entre eux, ils arborent des vêtements de la Renaissance : souliers, chausse courte bouffante à mi-cuisse, pourpoint, toque et épée au ceinturon. A droite de la composition se trouve représenté un arbre feuillu.

Au premier plan se trouve, à gauche des armoiries constituées de trois blasons de couleur écarlate (du gueules en héraldique) et à droite, sur ce qui semble être une table : un plat et une cruche. Les armoiries ont été identifiées par Jeremiah29 (pseudonyme) comme celles de la ville de Schiltach située en Forêt-Noire en Bade-Wurtemberg.

A l’arrière-plan se voit une tente militaire portant un pavillon et ce qui semble être deux charrettes.

Un visage a été effacé et recouvert.

Les parties périphériques de la peinture sont détruites ce qui entraine une perte d’information. La partie haute de la peinture - en arc segmentaire - semble constituée d’un cartouche. La partie basse de la peinture est délavée.

  • Murs
    • béton béton armé
  • Toits
    béton en couverture
  • Couvertures
    • terrasse
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier droit
  • État de conservation
    bon état, inégal suivant les parties
  • Techniques
    • peinture
  • Représentations
    • scène militaire, soldat, paysage, tambour, arbre, armoiries, cruche
  • Statut de la propriété
    propriété d'un établissement public intercommunal, édifice appartenant à Brest Métropole Habitat (Bmh).
  • Intérêt de l'œuvre
    vestiges de guerre, à signaler
  • Éléments remarquables
    blockhaus, abri

Une protection du bunker et des deux peintures murales est recommandée.

Documents d'archives

  • Rapport Pinczon du Sel sur les installations du Mur de l'Atlantique (1946-1949). "Le Mur de l'Atlantique. Livre IV : du Mont Saint-Michel à la Laïta" (collection : Service Historique de la Défense de Brest).

    Service Historique de la Défense de Brest
    p. 132-133

Bibliographie

  • LÉCUILLIER, Guillaume (dir.), BESSELIÈVRE, Jean-Yves, BOULAIRE, Alain, CADIOU, Didier, CORVISIER, Christian, JADÉ, Patrick. Les fortifications de la rade de Brest : défense d'une ville-arsenal. Rennes : éditions Presses Universitaires de Rennes, collection Cahiers du patrimoine, 2011, n° 94, 388 p.

    Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel)
  • CHAZETTE, Alain. MANTEY, Olivier. DESTOUCHES, Alain. TOMINE, Jacques. PAICH, Bernard. SOLERA, Mario. REBERAC, Fabien. Forteresse de Brest. Maillon du Mur de l'Atlantique. Occupation - vie quotidienne - libération. Vertou, éditions Histoire et fortifications, 2018, 208 p.

    p. 199
Date(s) d'enquête : 2024; Date(s) de rédaction : 2024
(c) Région Bretagne
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.