Mairie-école
La loi de 1833 (loi Guizot) est la première loi organisant l’enseignement primaire publique en France. Elle instaure notamment l’obligation pour les communes de plus de 500 habitants d’entretenir une école primaire et un instituteur. En vertu de cette loi, le conseil municipal de Plougonven prévoit dès la fin des années 1830 la construction d’une maison d’école. La lenteur du processus de construction de cet édifice est dû, en partie, aux problèmes financiers de la commune, qui cherche des fonds pour cette construction qui ne sera réalisée qu’en 1850. Le bourg est pourtant déjà doté d’un instituteur au moins dès les années 1830, puisqu’un certain Hervé (Nuz ?), instituteur de 52 ans, marié et père de trois enfants, est présent au bourg de Plougonven sur le recensement de la population de 1836.
A partir de 1841, et ce pour quatre années consécutives, la commune bénéficie d’une autorisation du préfet pour « imposer extraordinairement à partir de 1841, par addition et au principal des contributions directes, une imposition extraordinaire de 7 centimes ½ pendant 4 années consécutives, pour aider aux dépenses de la construction d’une Maison d’école ». Le conseil communal fait également des demandes de subventions sur le budget général de l’Etat et sur les fonds départementaux.
En 1847, un plan général du bourg de Plougonven est dressé par l’architecte d’arrondissement de Morlaix, sur lequel est projeté l’emprise de la future maison d’école, correspondant à une partie de l’actuelle mairie. Le corps central de l’actuelle mairie a été construit en 1850. Un plan du 18 avril 1849 intitulé « projet de maison pour écoles et mairie pour Plougonven », dressé par l’architecte d’arrondissement à Morlaix associe alors école et mairie. L’état de situation définitive des ouvrages exécuté pour la construction d’une maison devant servir pour École et mairie à Plougonven, présentant un devis total 15531,73 francs, est dressé le 6 mars 1851 à l’issu des travaux. Dès les années 1870, le bâtiment est jugé trop petit et insalubre. Le 21 aout 1876, des « Plans, coupes et élévations pour la construction de deux nouvelles classes, avec un mur de clôture, des lieux d’aisance pour les deux sexes et des caves », dressé par l’architecte à Morlaix, prévoit l’agrandissement de la mairie-école. Ces travaux ont été réalisés autour de 1880, conférant à la mairie-école sa silhouette actuelle, associant à l’origine de part et d’autre du corps central du bâtiment deux classes, une pour garçons et l’autre pour filles.
L’édifice est caractéristique de la construction publique de la deuxième moitié du 19e siècle. Les matériaux standardisés et importés de communes voisines (pierres de taille de granite, moellons, enduit…), une volonté de monumentalité et de symétrie ainsi qu’une rationalisation des façades et espaces intérieurs sont autant d’éléments qui caractérisent les nouvelles manières de construire à partir des années 1840. De la mairie-école se dégage un modèle architectural répondant à la fois à des principes pratiques et symboliques : préoccupations pédagogiques, hygiène, et surtout à partir des années 1870 représentation et affirmation de la République dans les campagnes. Ces modèles sont largement diffusés par les architectes départementaux. Ce modèle se diffuse dans tout le Finistère et suit un mouvement national. Les mêmes plans sont visibles dans de nombreuses communes rurales du département, telle la mairie de Sizun, construites en 1845, qui suit le même modèle.
École Sainte-Anne
L’école libre de jeunes filles, au sortir du bourg, sur la route de Plourin, est construite en 1878. Le bâtiment comporte un corps de logis central, abritant anciennement les bureaux et logements des institutrices, et structuré par un escalier arrière en demi hors œuvre. Deux salles de classe sont positionnées de part et d’autre du corps central, surmontées de combles ayant servi à l’origine de dortoirs. Au 20e siècle, les bâtiments ont été agrandis d’un sous-sol servant de cuisine et réfectoire.
Écoles de Kermeur et de Saint-Eutrope
Au début des années 1880, deux nouvelles écoles sont projetées pour assurer une meilleure desserte des campagnes de Plougonven, au nord de la commune près de Saint-Eutrope, et au sud, dans la région isolée de la « montagne », proche de Kermeur. Ces dispositions font suite aux loi Jules Ferry de 1881-1882 sur l’enseignement primaire public et gratuit. La population écolière de Plougonven est alors importante, pour une population qui, en 1882, compte 731 enfants de 5 à 13 ans. Le rapport de l’inspecteur d’académie du Finistère du 11 juin 1882 montre bien le problème d’une commune qui n’a pas moins de 16 à 17 kilomètres d’une extrémité à l’autre, et celui-ci note qu’il est « impossible que des enfants de 6 à 13 fréquentent dans de semblables conditions l’école du bourg, placée au centre un peu plus vers le nord [de la commune] ». Le Conseil Départemental de l’instruction publique décide ainsi de la création de deux groupes scolaires et accorde les subventions nécessaires pour l’exécution des travaux.
Trois écoles primaires existaient déjà sur la commune au bourg : l’école publique de garçons et l’école publique de filles, dans l’actuelle mairie, et l’école libre de filles, au sortir du bourg. En 1882, ces écoles accueillaient respectivement 190, 108 et 69 élèves, soit un total de 385 élèves pour un nombre de places estimé à 343.
La même année, une surface de 35 ares est cédée gratuitement à la commune par « les époux Le Saoult, au convenant Helary » au hameau de Kermeur. L’endroit avait été choisi pour être le « point le plus central et le plus facile d’accès de toute la section de la montagne ». Le besoin est alors de pouvoir réunir commodément les enfants des hameaux du sud de la commune, à Kermeur, Kergorre, Kergreis, Kerdréoret et Kervézec. A Saint-Eutrope la nouvelle école prévoit une fréquentation de 125 à 130 garçons et filles. Les plans sont dressés par l’architecte de Morlaix, Théophile Nédélec. L’école de Kermeur présente une aile centrale flanquée de deux salles de classe. La disposition n’est pas sans rappeler celle de la mairie-école. A Saint-Eutrope, l’école est divisée en deux édifices distincts. Les édifices sont construits en moellons et pierres de taille de granite. Les travaux sont achevés en 1885.