Emblématique de nombreuses villes bretonnes, l'architecture en pan de bois évoque d'emblée le Moyen Age et les Temps Modernes. Elle se caractérise par une technique de construction particulière : la création d'une structure porteuse composée de pièces de bois assemblées les unes aux autres. Le terme "pan de bois" désigne plus particulièrement un "mur en charpente avec un remplissage en brique, en torchis, en plâtre, etc., appelé hourdis" [1].
Facteur d'attractivité pour les centres bourgs lorsqu'il est restauré et réinvesti durablement, c'est un patrimoine dont la diversité et les spécificités locales ne sont pas connues de manière égale à l'échelle de la Bretagne. En outre, l'architecture en pan de bois fait face à des problématiques de préservation, d'entretien et de revalorisation particulièrement sensibles en milieu urbain.
C'est pourquoi la Région Bretagne engage une étude d'Inventaire dont le périmètre chronologique s'étend du XIIe siècle - début du Second Moyen Age - à nos jours. L'enquête souhaite en effet mettre l'accent sur les processus de transformation et de résilience des bâtiments identifiés mais aussi sur les évolutions de cette architecture, jusque dans les imitations de l'esthétique du pan de bois. Les maisons à ossature bois sont en revanche exclues du périmètre car il ne s'agit pas de systèmes "poteaux-poutres".
Le choix d'une étude thématique régionale permet de faire varier les échelles d'analyses, du micro-local (la rue, le quartier) au local (la ville et son territoire), jusqu'au supra-local en proposant une vision d'ensemble. L'objectif est d'interroger l'architecture urbaine en pan de bois dans son rapport à l'espace à travers son implantation (intra/extra muros, type de façade sur rue, etc.) et ses relations aux différents réseaux (circulation, commerce, etc.) [2].
Plus d'une centaine de bourgs ou villes comportant du pan de bois ont été identifiés et le corpus est susceptible d'évoluer au cours de l'enquête. Le caractère urbain a été déterminé en fonction de la densité et de la diversité des habitats au cours du temps, ce qui permet d'écarter par exemple des bâtiments en pan de bois ruraux ou isolés aujourd'hui intégrés dans un tissu urbain. Environ la moitié des villes sont labellisées (Villes d'art et d'histoire, Petite cité de caractère, Ville historique, Commune du patrimoine rural de Bretagne) et plusieurs d'entre elles sont impliquées dans des projets de revitalisation des centres urbains.
Professionnels du patrimoine et habitants sont associés à la démarche d'Inventaire, coordonnée par la Région, afin de mettre en place un réseau et une dynamique autour de la connaissance et de la valorisation de ce patrimoine. Plusieurs moyens d'actions sont activés : les opérations en régie directe, les partenariats et les aides régionales. Les actions comportent du recensement, de la collecte documentaire, de la collecte mémorielle, des analyses du bâti et des études dendrochronologiques notamment. Par ailleurs, des actions de communication et de médiation sont régulièrement organisées tout au long de l'enquête afin de diffuser les connaissances et valoriser l'avancement de l'enquête.
[1] Pérouse de Montclos J.M., Architecture : méthode et vocabulaire. Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, 2004.
[2] Les analyses spatiales se font au moyen d'un SIG (Système d'Information Géographique).