Il est difficile de dater les murets en pierre sèche du Cap-Sizun de façon précise au vu du manque de documentation probante sur leurs origines. La littérature locale et les sources consultées s’accordent cependant pour dire que leur création remonte à un passé très ancien mais que leur multiplication reste assez récente. Christian Pelras affirme dans sa monographie sur Goulien qu’on en élevait encore sur le territoire à la fin du 19e siècle, notamment dans la partie nord proche du littoral.
On constate toutefois que la majorité des murs observés en 2022 sur le secteur Pointe du Millier / Beg Nivot ne correspondent pas à des limites de parcelles signalées sur le cadastre napoléonien de la commune. On peut donc en conclure que ces murs sont postérieurs à 1837.
C’est notamment le cas dans la partie ouest du site, à Beg Nivot, où une petite dizaine de parcelles murées ont été aménagées sur une ancienne lande autrefois commune aux habitants du village de Kervoazec. Ici, selon plusieurs témoignages recueillis sur place, les murs ont été érigés jusque dans les premières décennies du 20e siècle pour créer de nouvelles parcelles cultivées (céréales, pommes de terre) et pâtures.
Le même cas a été observé côté Lillouren, à l’est du site, où on observe un chemin menant à la côte qui n’apparait pas non plus sur le cadastre ancien. Celui-ci, bordé côté est par un muret dessert plusieurs parcelles dont les limites diffèrent parfois de celles de 1837.
Certains murs du secteur, probablement plus anciens, correspondent tout de même à des limites de parcelles du début du 19e siècle. Parmi eux, un mur bien conservé axé nord-sud sépare les terres du village de Kervoazec à l’est et celles de Keriolet à l’ouest.
Omniprésents et bien visibles dans les années 1950, ces murets ont pour la plupart disparu aujourd’hui, soit sous un épais rideau de végétation, soit détruits lors du remembrement et de la modification des pratiques agricoles. Ceux qui restent encore visibles s’avèrent être les seuls témoins de l’ancienne occupation des sols du secteur (pâtures, landes, terres labourables) et de l’extrême parcellisation qui en découlait.
Cependant une petite activité de pâture persiste sur le secteur, ce qui permet de maitriser la pousse de la végétation sur quelques parcelles, notamment à l’est et à l’ouest, et de laisser certains murs bien visibles.
Précisons que l’alignement de gros blocs de granite visible sur le côté est de la route du phare a été réalisé dans les années 1970 par un particulier, alors propriétaire du moulin à eau, qui souhaitait délimiter son terrain. Les pierres proviennent de parcelles de lande situées de l’autre côté de la route.