Le Val Armor est situé dans le domaine de la Vicomté en retrait de la plage aux moines. Cette villa de style régionaliste, de l´architecte Yves Hémar, a été commencée en 1939, son agencement intérieur et son portail d´entrée terminés en 1950. Elle est représentative de la production domestique de cet architecte qui propose ici, pour la façade sur cour, un modèle issu de l´architecture manoriale bretonne des XVIe et XVIIe siècles. Il en reprend, la composition générale des volumes avec un corps latéral légèrement en avancée, la tour d´escalier à pans coupés demi hors-œuvre recouverte d´une toiture polygonale et la tourelle en encorbellement sur l´angle avec sa toiture conique ainsi que le répertoire de modénatures de cette période pour la porte et les lucarnes. Un auvent en ardoise avec des aisseliers de bois était initialement prévu au-dessus de l´entrée. L´absence de cet appendice renforce l´austérité de la façade principale entièrement maçonnée de moellons de granite. Cette référence historique régionale est cependant moins visible en façade nord sur mer qui est davantage percée de larges ouvertures et s´adapte aux concepts de l´architecture balnéaire : recherche de la clarté et des éléments paysagers. Ainsi, le grand salon-bibliothèque est agrandi d´un bow window qui sert également de terrasse pour la chambre de l´étage, la fenêtre à double meneaux de la salle à manger est volontairement étirée comme l´est également la porte cintrée d´ample dimension. S´y retrouvent néanmoins toujours quelques clins d´œil à l´architecture seigneuriale comme le décor sculpté de la grande lucarne latérale, la tour carrée dans œuvre de l´office et la grande porte cintrée qui évoque les anciens passages cochers. La référence anglo-normande présente dans les élévations des toutes premières villas d´Yves Hémar (villa Les Lutins à Paramé, Château Richeux à Saint-Meloir-des-Ondes et villa Kilmalieu à Saint-Lunaire) n´apparaît plus ici, seule la distribution renvoie aux modèles anglais : un vaste hall de réception traverse le corps du bâtiment et sépare la salle à manger des salons dont l´un servait également de bibliothèque. Ainsi le langage architectural d´Yves Hémar se définit au travers de cet exemple par un retour aux formes et aux matériaux traditionnels (granite et ardoise de la région), et par une écriture également moderne, notamment dans les ouvertures qui sont nombreuses et variées et permettent d´appréhender le dehors que l´on vient rechercher à la saison estivale.