Les sites de villégiature sont équipés de nombreux commerces, boutiques, cafés qui permettent aux touristes de flâner après la plage. Ces zones commerçantes sont aménagées à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle pour les estivants qui font du « shopping » un nouveau loisir au même titre que les distractions mondaines offertes dans les casinos et les grands hôtels de la station. Hormis les quartiers balnéaires de Saint-Malo-Paramé, proches de la ville intra-muros, de ses magasins en tous genres, galeries parisiennes et marchés couverts, on trouve dans les autres stations balnéaires de la Côte d´Emeraude, plus particulièrement à Dinard, Saint-Lunaire et Saint-Briac, de nouveaux quartiers commerçants situés dans le centre-ville où à proximité des plages. Ceux-ci regroupent pour la plupart des boutiques de luxe, comme la bijouterie Van Cleef située en face du casino de Dinard, ou des boutiques de souvenirs et d´articles de plage comme l´Hermine à Saint-Briac-sur-Mer. Ils sont également souvent regroupés au sein de passages, le Palais des Glaces à Dinard, ou d´arcades commerciales, la chapelle Pouliquen appelée également the Breton House à Dinard, les galeries Duponchel à Saint-Cast, et deviennent par leur regroupement une composante fondamentale de la station balnéaire.
A Dinard, aux abords du casino, se sont créés ainsi plusieurs ensembles de boutiques à l´anglaise, comme celui situé à l´angle de la rue Winston-Churchill et du boulevard du Président-Wilson signé de l´architecte Lucien Joubin et daté de 1907. Le journal de la Côte d´Emeraude des 13 et 14 janvier 1906 signale, le long du boulevard de l´Ecluse, face à la plage, la future construction d´une vingtaine de magasins, sous la conduite de l´architecte Joubin et précise que ces boutiques sont à louer sur plans, chez Legendre à Saint-Enogat ou chez l´architecte, 6 bis rue Coysevox à Paris. La reconstruction en ciment armé en 1906 d´une partie du casino (précédemment construit en briques), situé sur le trottoir d´en face, a vraisemblablement fait changer le parti décoratif de quelques magasins, traités en ciment-pierre, pour être en harmonie avec le nouveau décor du High-Life Casino. Le Café anglais, dit Novelty Dancing Tango, situé dans l´angle, a bénéficié d´un traitement particulier. L´entrée en hémicycle est ponctuée de colonnes cannelées à chapiteaux ioniques qui soutiennent une corniche moulurée formant entablement. Les huisseries en bois travaillées et les fenêtres à guillotines à petits carreaux soulignent l´évidente référence anglo-saxonne du bâtiment. Des garde-corps à balustres en bois agrémentent l´élévation et scindent visuellement et fonctionnellement les arcades abritant la boutique surmontée d´une réserve en entresol et l´étage réservé au logement. Ce dernier ne possède pas de cheminée et témoigne du caractère saisonnier de ce type de commerce que l´on retrouve avec une disposition similaire dans les mêmes années sur le boulevard de la Houle à Saint-Briac-sur-Mer. Vers 1928, à la Vicomté, les architectes Lesage et Charles Miltgen ne conçoivent pas leur projet de station sans quartier commercial. Comme à la station de Sables-d´Or les Pins, conçue en 1924 par Roland Brouard, les différents relevés de groupement commercial prévoient des emplacements pour les automobiles et sont révélateurs de l´évolution des modes et de l´ambition touristique de ces promoteurs-investisseurs. Les portiques de Saint-Cast, ensemble de commerces sous arcades avec logement à l´étage, de style régionaliste, réalisés en 1932 par le Parisien Boleslas de Jankovski, deviennent, en l´absence de casino et de grand hôtel sur la plage, la construction balnéaire structurante du centre ville.
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