Le moulin de Guémain est situé, sur le Couesnon à Vieux-Vy, près d'un ancien gué romain sur la route de Corseul à Jublains. Il tient son nom de Main 1er, comte de Bretagne, chargé d'arrêter les invasions normandes. En 1734, il y a, à Guémain, deux moulins dans 2 corps de bâtiments jointifs, l'un à papier, l'autre à foulon. Le propriétaire est probablement Julien Barbe qui doit exploiter le moulin à foulon avec ses fils. Ses filles se marient avec des papetiers. A cette date, Michel Dupré et son épouse Françoise Chatel en sont les fabricants le temps d'un bail, avant d'aller au moulin de Pont-Brard.
Charles Aubrée, maître-papetier épouse en 1735, Jeanne Barbe et succède à Michel Dupré. Dès 1737, il prend par bail à son beau-père, la direction du moulin à foulon. En 1737, Pierre Jean Roussin du Val en devient le fermier jusqu'à son départ aux Grands Moulins en 1745. La succession est assurée en 1747 et jusqu'à son décès en 1761, par Jean François Chatel et Renée Damy. Il a également, pendant cette période, acquis la pile de Jeanne Barbe et exploite comme fermier celles de Anne et Pierre Barbe ainsi que celle de Marguerite Morel, veuve de René Barbe. Six cents rames de papier grand raisin et bâtard fin y sont fabriqués en 1756. Après le décès de ce papetier, le moulin est repris à ferme par Jean Louis Roussin.
Le rapport de 1772 du subdélégué d'Antrain, donne 600 rames de production de papier pour emballage des fils de couleur et autres merceries vendus sur les marchés environnants. En 1776, le moulin a 5 piles, ou plutôt 4 piles à maillets ferrés et une pile à affiner. L'enquête indique un seul propriétaire, Julien Morel époux de Julienne Barbe. Le moulin produit alors 800 rames, sur 6 mois dans l'année. Celui-ci le tient jusqu'à son décès en 1791. Ses enfants lui succèdent. Ceux-ci sont indiqués comme propriétaire du moulin à papier sur le cadastre de 1824 (parcelle B 498).
Puis le moulin à papier est cédé en 1839 à Pierre Baudry qui l'exploite en 1840. Le moulin à fouler appartient, à cette date, à Julien Barbier. Celui-ci devient propriétaire de l'ensemble en 1845 et demande en 1857 l'autorisation d'installer un second moulin à foulon à plusieurs piles, actionné par une roue hydraulique. La fabrication du papier par les descendants de Julien Barbe a donc pris fin vers 1856. Les bâtiments sont alors pourvus, l'un de deux paires de meules servant à la mouture des céréales, le second comporte un broyeur à chiffons pour la fabrication du papier. Le moulin à grain est signalé en 1860, le site comprend deux vannages de décharge et un déversoir. En 1885, dans un procès-verbal de recollement, il est précisé que le moulin principal, qui était pourvu de deux paires de meules, n'existe plus, seul le broyeur à chiffons est en activité. Le travail du papier a repris de 1875 jusqu'à 1887 environ. Les Frères Radigois déjà propriétaires des Grands Moulins à Vieux-Vy, y font fonctionner un broyeur à chiffons. Le moulin est, en 1888, la propriété de Monsieur Jolivet, maire de Vieux-Vy.
En 1932, s'y installe une minoterie qui fonctionne jusqu'en 1995. De nos jours les bâtiments, après avoir été transformés en hôtel-restaurant, sont devenus le siège d'une société de motoculture de plaisance.
Au fil du Queffleuth et de la Penzé – enquête thématique régionale « Les moulins à papier et papeteries industrielles en Bretagne » 2014-2015
Photographe à l'Inventaire