Les vestiges de cette ancienne abbaye de Cisterciens ont dans l´ensemble peu évolué depuis le début du 19e siècle. L´église qui formait le sud du quadrilatère du cloître a été détruite avec ce dernier sous la Révolution. Quelques chapiteaux de granite à feuillages plats stylisés, caractéristiques du style cistercien, retrouvés dans les ruines, permettent d´en situer la construction vers le milieu du 12e siècle. L´unique bâtiment subsistant de l´abbaye du Moyen Âge est une salle à deux vaisseaux, couverte de voûtes d´arêtes qui retombent sur des colonnes monolithes. Un "collage" transversal bien visible dans la voûte, de même qu´une différence dans le style des chapiteaux et des bases, corbeilles lisses et bases simples au sud, corbeilles à feuillages stylisés et bases à griffes au nord, indiquent une construction en deux phases, au cours des 1ère et 2ème moitiés du 12e siècle. Sous la partie nord de cette salle, une dérivation du ruisseau de Landal pouvait, selon une disposition propre aux abbayes cisterciennes, recevoir l´égout des latrines du dortoir des moines situé à l´étage pour ensuite se déverser dans des viviers, à l´ouest et rejoindre le Guyoult au moulin de l´abbaye.
A l´ouest de cette grande salle, l´ancien bâtiment des moines, très largement reconstruit au 17e siècle est aujourd´hui à demi-ruiné. Sa moitié ouest, encore habitable, abrite au rez-de-chaussée une ancienne cuisine, avec grande cheminée à colonnes du début du 15e siècle, un réfectoire avec chaire de lecteur intégrée dans son mur nord au début du 17e siècle. Dans la moitié ruinée se trouvait l´ancien chauffoir ou scriptorium surmonté de salles chauffées, dont les cheminées à mouluration prismatique, d´un style gothique tardif, remontent à la fin du 16e siècle.
L´aile ouest, dans laquelle subsistent quelques beaux décors tels cheminées peintes, escalier de la deuxième moitié du17e siècle, lambris et buffet d´attache du 18e, semble avoir changé d´affectation ; elle occupe probablement l´emplacement de l´ancien bâtiment des convers, comme l´indique une étroite fenêtre à chanfrein retourné sur l´appui du début du 15e siècle, visible près de l´angle sud-est, au-dessus du larmier de toiture de l´ancien cloître.
Accès et parties constituantes :
L´accès ancien à l´abbaye se faisait par le sud (c´est encore le cas sur le cadastre de 1812) par une avenue coupée depuis par la voie de chemin de fer ; cette avenue desservait d´abord la métairie de la Porte de la Vieux Ville à droite, passait plus loin le long d´un grand logis construit en 1804 (cf. dossier lié) avec des remplois des anciens bâtiments de l´abbaye, pour aborder l´enceinte claustrale proprement dite par son angle sud-ouest où se trouvait l´entrée de l´église. Un alignement de dépendances qui borde l´angle sud-ouest du jardin actuel devant le logis abbatial conserve la trace de cette ancienne disposition. A l´ouest l´ancien moulin à eau paraît remonter au 16e siècle.
L´église de l´abbaye de la Vieux Ville renfermait avant la Révolution un très riche mobilier dont subsistent quelques beaux éléments dispersés dans les environs, comme le maître-autel de l´église d´Épiniac.
Photographe à l'Inventaire