Dossier collectif IA35019259 | Réalisé par
  • inventaire préliminaire, Paimpont
Les maisons et les fermes sélectionnées sur la commune de Paimpont
  • Dénominations
    maison, ferme
  • Aires d'études
    Ille-et-Vilaine
  • Adresse
    • Commune : Paimpont

Le texte ci-dessous a été établi à l'issue du Pré Inventaire normalisé de la commune de Paimpont réalisé en 1982, sous la direction de Jean-Pierre Ducouret, dans le cadre de l'étude Le Pays de Paimpont.

Les "observations générales" ci-dessous ont été élaborées d'après les informations recueillies sur un collectif de 147 maisons ou fermes. 14 édifices représentatifs, accessibles en bas de page dans la rubrique Voir, ont été sélectionnés et font l'objet d'un dossier individuel.

I- RECENSEMENT

Population :

1846 : 3452

1975 : 1270

nombre total d'immeubles INSEE 1975 : 590

Inventaire

Repérage : 147

Sélection : 14

Type A -plan massé- : 58

Type B -plan rectangulaire allongé- : 68

Type C -présence d'un étage carré- : 21

Matériaux de gros oeuvre :

Les murs :

schiste : 147

grès : 125

terre : 8

Les linteaux :

schiste : 34

grès : 6

granite : 4

II- CARACTERES ARCHITECTURAUX

Les situations

Les bâtiments ruraux sont regroupés en hameaux. En effet sur quatorze maisons et fermes sélectionnées, douze se situent dans un écart ; les deux autres sont isolées. Cette concentration de l'habitat rural en petites unités indépendantes peut s'expliquer par la présence de la forêt. Nous pouvons remarquer à l'aide d'une carte que les lieux privilégiés d'implantation sont des clairières situées au périmètre de la forêt. L'organisation de ces unités indépendantes s'articule autour d'un mode de vie sinon communautaire du moins organisé, comme en témoigne la fontaine, la chapelle, la mitoyenneté des bâtiments avec cour et aussi des communs, de sorte que le cadre de l'unité d'exploitation familiale est dépassé ; ce phénomène n'est pas réellement original mais plus sensible ici que dans d'autres régions de Bretagne ; la présence de la forêt, qui n'est pas habitée, entraîne une limitation de l'espace disponible, donc une densité plus forte des constructions qui elle-même impose une organisation plus grande, fût-elle spontanée.

L'orientation des bâtiments habituelle, avec le logis le plus souvent ouvert vers le sud. Toutefois trois maisons et fermes sont orientées à l'ouest. Il s'agit des bâtiments de l'Épinette et du Pertuis Néanti. Il n'est pas impossible que, à l'Épinette, l'orientation de la façade antérieure soit commandée par la proximité de la route.

Les matériaux

Les matériaux utilisés proviennent du sous-sol local et sont : le schiste pourpre de Montfort et le grès armoricain. La carte géologique fait apparaître l'étendue de ces deux matériaux sur la commune. Ces deux roches offrent quelques variantes quant à leur utilisation.

Elles peuvent être utilisées indépendamment l'une de l'autre. Pour le schiste nous observons un seul cas seulement et pour le grès trois cas qui apparaissent dans le tableau ci-joint.

Elles peuvent être utilisées ensemble. Deux possibilités se présentent : l'appareillage mixte (un assemblage de moellons de schiste et de grès) est majoritaire dans la région.

L'appareillage alterné (superposition d'assises de schiste et de grès) est peu représenté. Son effet décoratif dû aux couleurs différentes des matériaux, de doit pas être négligé.

La terre est le troisième matériau présent sur la commune ; sans doute minoritaire, il concerne principalement des dépendances (les Rues Simon, dont les deux logis sont en pierre) ou des agrandissements tardifs (les Rues Baudais, un appentis en pierre est agrandi en terre) mais aussi la ferme de l'l'Épinette, construction tardive et homogène de la fin du XIXe siècle bâtie en pierre et terre. Comme partout ailleurs les bâtiments en terre ont toujours un soubassement en pierre sur une hauteur d'un mètre environ qui a pour but de renforcer la construction et de préserver la terre de l'humidité. Le four à pain des Rues d'en Haut est aussi construit en terre.

La mise en oeuvre

La mise en oeuvre en moellons sans chaîne en pierre de taille est la règle générale ; ceci s'explique non pas tellement par la nature du matériau (le grès est une pierre qui peut se tailler) mais par la relative pauvreté de l'habitat de la commune qui utilise des techniques peu élaborées, donc plus économiques.

Les quelques maisons utilisant la pierre de taille sont des maisons plus importantes que la moyenne (type C) et généralement plus anciennes. Au Ruisseau, on observe une mise en oeuvre en "feuille de fougères", qui est une singularité à effet décoratif qu'on trouve à quelques exemplaires sur la commune.

Linteaux et encadrements des baies

Alors que la maçonnerie apparaît très irrégulière, par contre un traitement particulier est donné à l'encadrement des baies : en témoignent les portes en plein cintre de Bonamenay et celle de la Folle Pensée, deux bâtiments du XVIIe siècle.

Le bois est régulièrement utilisé comme élément porteur (11 maisons sur 14 l'emploient). Une longue poutre peut servir de linteaux à la fois pour la porte et la fenêtre. Nombreux exemples repérés aux Rues Gaspais, au Gaubu, au Pertuis Néanti, à la Métairie Neuve, etc. Le schiste et le grès sont aussi utilisés comme élément porteur, ainsi que le granite qui est exceptionnellement employé, il apparaît à Bonamenay et à la Ruisselée.

III- LES STRUCTURES

L'un des caractères déterminants de la maison rurale est sa double fonction ; résidence et exploitation agricole ; trois grandes catégories peuvent être dégagées :

1) Le type A : correspond au plan massé proche du carré avec comble à surcroît. A1 : pièce unique ; A2 : variante sans fenêtre.

2) Le type B : correspond au plan rectangulaire allongé avec comble à surcroît. B1 : regroupement des hommes et des bêtes sur un plan horizontal et stockage dans le comble à surcroît. B2 : pièces d'habitation séparées par un refend ou une cloison.

3) Le type C : correspond lui aussi à un plan rectangulaire, allongé, mais avec un étage carré ; possibilité d'une aile en retour sur façade postérieure.

Le type A1 : il s'agit d'une petite maison à pièce unique, séparée par une cloison de bois limitant une pièce d'habitation d'un débarras. Dans ce débarras était conservée une barrique de cidre (ferme du Pertuis Néanti).

Une variante A2, dont trois exemples sont sélectionnés ; (la Ruisselée, les Rues Baudais, le Pertuis Néanti), consiste en des maisons généralement petites, dépourvues de fenêtre. Ces logis sans fenêtre sont une originalité de la commune de Paimpont où elles ont été identifiées pour la première fois. Il est très probable que, dans les régions voisines, des maisons de ce type existent ; elles sont parfois difficiles à repérer car presque toujours abandonnées et servent actuellement de remise ou étable ; l'exemple du Pertuis Néanti est particulièrement intéressant car encore habité de nos jours et pourvu de son mobilier (avec des remaniements).

Le type B, est le plus répandu : 50 % des sélections. En effet, le plan rectangulaire allongé est typique de l'habitat rural en Bretagne.

Le type B1, est celui de la ferme de l'l'Épinette ainsi que la plupart des fermes de la commune : il y a cohabitation ou proche voisinage entre logement des hommes et logement des bêtes ; la séparation est soit un mur de refend soit une cloison de bois ; souvent il existe un passage latéral pour aller directement de la salle à l'étable. Dans les types A et B, l'accès au grenier est toujours extérieur (réf. les Rues d'en Haut) par une échelle mobile.

Le type B2, caractérise un logis jumelé et séparé par un mur de refend : la maison du Gué, la ferme des Rues Baudais, la ferme des Rues d'en Haut. Cet habitat rural semble le mieux adapté à une vie " communautaire ".

Le type C, se rapproche du manoir.

Dans notre sélection il est important (5 maisons et fermes sur 14) alors que pour l'ensemble de la commune il est minoritaire.

IV - LES ELEVATIONS EXTERIEURES

Il n'existe pas de modèles particuliers, les façades sont irrégulièrement organisées. Cependant quelques traits dominants peuvent être mis en évidence :

Le regroupement des baies, celui-ci ne correspond pas à un choix esthétique, mais peut-être à une volonté de fonctionnalisme ? Un exemple de ce regroupement décentré vers la gauche, est donné par la maison de la Folle Pensée.

Le type des baies, elles sont pour la plupart rectangulaires. On rencontre peu de portes en plein cintre sur la commune ; quelques exemples sont notés, de même que la présence d'oculus. Ces portes en plein cintre (la Folle Pensée) appartiennent à des maisons relativement anciennes (XVIIe siècle) qui sont peu nombreuses de nos jours, du fait principalement des reconstructions intervenues au XIXe siècle.

La simplicité, le décor est pour ainsi dire absent ou réduit à sa plus simple expression, on le rencontre sur un appui de fenêtre, (aux Hachais simple mouluration) ou encore sous la forme d'une accolade travaillée dans un linteau ; aux Rues d'en Haut, nous avons déjà signalé la présence d'appareil alterné avec effet décoratif ; les exemples de la commune restent cependant sommaires.

L'accès au grenier, se fait par des fenêtres de service ou gerbières, baies assez grandes et dont l'appui est situé au niveau du plancher du comble, (ce détail permet à coup sûr de les différencier des fenêtres donnant sur une pièce de logis). Selon la hauteur du surcroît et la grandeur de la baie, la fenêtre de service est plus ou moins comprise dans le mur, elle peut être pendante (éventuellement couverte par la sablière formant linteau) ou passante et forme lucarne - dans ce cas elle est couverte par un toit à une pente avec de petites jouées latérales. Le même édifice peut présenter plusieurs types de fenêtres de service (réf. les Rues d'en Haut).

V - LES COUVERTURES

La forme générale est la toiture à longs pans. Les pignons sont couverts et le matériau utilisé pour la couverture est l'ardoise. Les charpentes sont simples, de type à poinçon. Il existe plusieurs variantes dans la retombée des arbalétriers sur les murs gouttereaux - soit portés par le sommet du mur avec ou sans blochet soit engagés dans le surcroît, la partie du mur dépassant le niveau du plancher.

C'est pourtant dans le domaine des charpentes que le recensement de la commune révèle le spécimen le plus original ; il s'agit d'un bâtiment à usage de remise situé au lieu-dit Sur l'Ille (réf. dossier), qui présente une charpente très exceptionnelle en Bretagne, dite en cruck. Selon l'expression anglaise, ce type de charpente consiste en une parie d'arbalétriers cintrés à la base et reposant directement sur le sol au pied des murs latéraux qui, de ce fait ne sont pas porteurs et font écran. Les charpentes en cruck (il n'existe pas d'équivalent français) sont très bien connues par les travaux de nos homologues (cf. Houses of the Welsh Countyryside. P. Smith. 1975) ; le spécimen recensé à Paimpont est tout à fait exceptionnel ; sa présence s'explique difficilement : singularité du constructeur, adaptabilité à un bâtiment en rez-de-chaussée (voir la conclusion de cette étude).

VI - DISTRIBUTION INTERIEURE

Seulement 50 % de l'habitat sélectionné a pu être visité ; des dominantes apparaissent :

. Le sol en terre battue

. Les murs enduits (dans les pièces d'habitation)

. La cheminée en pignon

. La circulation intérieure rudimentaire

. La desserte extérieure des greniers

La plupart de ces habitats possèdent une pièce unique qui fait office de cuisine, de chambre, de salle commune. Cette pièce sert de cadre à la vie familiale, on s'y retrouve non seulement pour manger, mais pour y dormir, pour se regrouper autour de la cheminée. Généralement cette pièce est sans division intérieure sauf au logis 2 du Pertuis Néanti où la pièce du logis est séparée d'un coin débarras par une cloison en bois intégrant une armoire. Il existe des communications latérales : entre l'étable et la pièce commune (ex. : la Ruisselée) - entre les logis jumelés (ex. : le Gué) avec une porte de communication dans le mur de refend.

La distribution des aménagements intérieurs a souvent été modernisée (ex. les Ruisseaux), de même les meubles n'ont pas conservé leur place d'origine. Ainsi du fait de ces récentes transformations, il nous est difficile de prendre en compte l'organisation actuelle de la salle commune.

CONCLUSIONS

L'habitat rural de la commune de Paimpont est relativement homogène et peu différencié. Ceci s'explique par une séquence chronologique peu étendue : XVIIIe et surtout XIXe siècle. Cette période de renouvellement de l'habitat, laisse peu de traces de constructions précédentes dont seuls quelques spécimens du XVIIe siècle ont été recensés. Le même caractère d'homogénéité se manifeste dans l'aspect général des bâtiments : la nature et la mise en oeuvre des matériaux, la structure très répétitive du bâtiment avec grenier à surcroît. Ces éléments concourent à produire des constructions simples, voire modestes, dans leurs dimensions. Leur qualité de mise en oeuvre et de décor, s'expliquent simplement par la modestie des moyens engagés, eux-mêmes reflet d'une certaine pauvreté économique.

Cependant il est à noter que cette relative pauvreté peut engendrer des phénomènes originaux comme les maisons sans fenêtre, reconnues pour la première fois de façon claire sur la commune de Paimpont. Peu nombreuses de nos jours, ces maisons donnent des spécimens particulièrement simplifiés, intéressants. De même serait intéressante une étude plus générale de l'habitat en Bretagne de maisons " rudimentaires " qui sont celles des populations rurales les plus pauvres.

Dans un autre domaine, la charpente originale en forme de " cruck " (découverte lors de cette enquête au lieu-dit Sur l'Ille) acquiert un intérêt majeur dans l'étude des systèmes de charpente. Ce type de charpente, formellement très proche du type dit " cruck " très répandu dans les Iles Britanniques, avec de nombreuses variantes, n'existe qu'en peu d'exemplaires en Bretagne et sur des dépendances plutôt que sur des maisons. Il ne faut pas voir cependant dans le spécimen de Paimpont une quelconque influence venue d'Outre-Manche ; sa présence en ce lieu pose le problème de l'adaptabilité de certaines formes architecturales traditionnelles au contexte social ou économique ou technologique. Dans le cas qui nous occupe, et en attendant des études plus approfondies, on peut imaginer une adaptation singulière des charpentes à combes à surcroît à un bâtiment en rez-de-chaussée.

La présence de la terre utilisée en gros oeuvre, de dépendances et de maisons (l'l'Épinette) apporte des informations intéressantes sur la répartition géographique de ce matériau, qui dépasse largement le bassin de Rennes contrairement à ce que l'on dit trop souvent.

On constate donc que l'habitat rural de la commune de Paimpont globalement très modeste, répétitif et assez tardif, n'est pas pour autant dépourvu d'intérêt et apporte dans certains domaines des informations précieuses pour la connaissance de l'habitat de cette région Centre Est de Bretagne assez délaissée jusqu'à présent.

  • Période(s)
    • Principale : 17e siècle
    • Principale : 18e siècle
    • Principale : 19e siècle
  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • repérées 15
    • étudiées 0
Date(s) d'enquête : 1982; Date(s) de rédaction : 2000