• inventaire topographique, Rennes
Ancien hôtel Janvier, 16 rue Dupont-des-Loges (Rennes)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Rennes ville - Rennes ville
  • Commune Rennes
  • Adresse 16 rue Dupont-des-Loges
  • Cadastre 1980 BP 389
  • Dénominations
    hôtel
  • Parties constituantes non étudiées
    remise, jardin, clôture de jardin

Construit en 1890, l'hôtel que se construit Jean Janvier, entrepreneur en ciment et plâtrerie à Rennes, a vraisemblablement été conçu par l'ingénieur Guidet. Cette attribution se base sur l'analogie stylistique de l'édifice avec des oeuvres comme l'hôtel Galicier de 1893, où l'on retrouve une composition similaire, la juxtaposition une tour sur l'angle et d'un pavillon relié par un balcon saillant ou encore l'accent porté sur les parties hautes.

Bien que légèrement remanié par la fermeture du balcon du 1er étage et la modification de la distribution des chambres à ce niveau, l'ancien hôtel Janvier conserve l'ensemble de ses dispositions et de son décor d'origine. Ce dernier apparaît comme particulièrement soigné tant à l'extérieur (souche de cheminée, balcons) qu'à l'intérieur où le morceau de bravoure du travail de plâtrerie du salon, conçu à l'imitation d'un ensemble d'ébénisterie de la plus belle qualité, est le plus flagrant exemple de la volonté démonstrative du savoir-faire de l'entrepreneur qui, installé à son compte depuis seulement 3 ans, cherche à asseoir une clientèle.

MONOGRAPHIE : L'hôtel Janvier

Originaire de la région de Fougères, Jean Janvier est fils d'ouvrier plâtrier ; suivant la voie de son père, il apprend le métier, s'embauche comme compagnon du tour de France de 1876 et 1879, puis revient travailler à Rennes en 1884. Opiniâtre et volontaire, le jeune homme se met rapidement à son compte et accroît bientôt son affaire en achetant un terrain dans le quartier de la Californie. Ce secteur, dont le développement est lié à l'activité industrielle suscitée par la proximité de la gare, attire de nombreux artisans et entrepreneurs. Installant son chantier sur les bords d'une dérivation de la Vilaine en 1889, Jean Janvier fait vraisemblablement appel à l'ingénieur-architecte Guidet pour la conception de sa maison d'habitation, les deux hommes ayant sans doute en commun la volonté de valoriser l'utilisation du ciment dans la construction et d'afficher ainsi leur modernité et leur savoir-faire.

Inaugurant un parti que l'on retrouvera, à une échelle monumentale, à l'hôtel Galicier (1893), la maison de l'entrepreneur se signale par une tour sur l'angle reliée par un balcon à un pavillon saillant, mais surtout par une façade en ciment moulé recevant un décor d'inspiration néogothique. Janvier en soigne l'exécution, en particulier dans la travée de baies géminées du corps en pavillon, où il multiplie les frises de fleurs, de mouchettes et de cabochons, en relief ou en creux, rehaussées de polychromie, les décrochements de moulurations, les incrustations de carreaux de céramique. La finesse du travail soutient la comparaison avec la taille de pierre, et l'entrepreneur ne manque pas d'apposer ses initiales au-dessus de la porte et du portail d'entrée.

Si la maîtrise du ciment est affichée à l'extérieur, celle du travail du plâtre l'est plus encore dans l'hôtel où l'entrepreneur réalise grandeur nature un " catalogue " de son savoir-faire. Les pièces, du salon aux petites pièces de dégagement reçoivent différents types de plafonds, avec ou sans adoucissement, ornés de semis de fleurettes, de frise de feuillage ou de moulurations baroques. Les pièces maîtresses du décor intérieur sont sans conteste la cheminée et le plafond du salon qui est occupé par une impressionnante rosace de plâtre, au réseau polylobé rehaussé de polychromie.

Ainsi que le note l'entrepreneur et futur maire de Rennes dans ses mémoires, l'exécution de " travaux en ciment et en plâtre de la plus grande difficulté, donnèrent aussitôt confiance absolue, non seulement aux propriétaires habitant Rennes, mais aussi à ceux de la campagne [ ...]. J'eus vite acquis de ce fait une forte clientèle ". L'architecte Guidet réalisera quant à lui plusieurs constructions dans le quartier (hôtel 8 quai de Richemont, hôtel Picard - détruit au n°14) et s'attache une clientèle de commerçants en créant un type intermédiaire entre la maison de ville et le petit hôtel, où le décor en ciment, plus économique, permet l'accès à un certain standing.

Dans ses mémoires, Jean Janvier, entrepreneur, mentionne l'achat de 700 mètres de terrain rue Dupont-des-Loges en 1889 et la construction de sa maison d'habitation près de son chantier. L'hôtel est construit en 1890 d'après la date portée en façade. L'écurie et la remise sont déclarées comme construction neuve dans les matrices cadastrales en 1910. C'est également à cette date que sont démolis les chantiers, situés au n°14, qui appartiennent à l'entrepreneur.

L'édifice est implanté dans l'alignement de la rue Dupont-des-Loges, sur une parcelle irrégulière bordant un ancien bras de la Vilaine à l'ouest ; isolé, il est bordé du côté du canal d'un petit jardin, tandis qu'à l'est, un passage fermé sur la rue par un portail, donne accès à la cour et à la remise située en fond de parcelle. Sur la rue, l'hôtel présente deux corps de bâtiments perpendiculaires d'un étage carré et étage de combles sur rez-de-chaussée surélevé, le corps principal, en léger retrait, étant encadré d'un pavillon carré à l'ouest et d'une tourelle sur l'angle couverte en poivrière à l'est. A l'arrière, un corps en rez-de-chaussée également couvert en pavillon prolonge le corps principal, formant un plan en L. Le bâtiment, couvert en ardoise, est construit en moellon de schiste enduit, la façade sur rue en ciment moulé. Elle présente un décor de style néo-gothique avec des rehauts polychromes et des incrustations de carreaux de céramique, en particulier au niveau de la travée de baies géminées du pavillon saillant, de la balustrade du balcon reliant ce dernier à la tourelle et de la porte d'entrée au-dessus de laquelle un médaillon porte les initiales du propriétaire et de son épouse (Janvier-Chauvel). Au rez-de-chaussée, un vestibule distribue le salon et la salle-à-manger ; il est prolongé par des espaces de dégagement ouvrant sur une descente vers le jardin, un bureau et la cuisine au sud ; l'accès aux étages se fait depuis la salle-à-manger par l'escalier à vis de la tourelle. Le balcon, aujourd'hui fermé, ouvre sur deux chambres et une salle de bains au 1er étage, tandis qu'un couloir distribue deux pièces sous le comble. L'ensemble de la décoration intérieure est conservé : il s'agit de moulages de plâtre d'une grande finesse ornant les plafonds et leurs adoucissements moulurés (frise de feuillage, semi de rosettes). Dans le salon, le plafond est occupé par une rosace néo-gothique en fort relief dont l'adoucissement reçoit un décor de crochets ; le manteau de la cheminée est également surmonté d'une rose et de deux lancettes encadrées par de fines colonnettes. Cet ensemble, complété par une frise de motifs trilobés courant autour de la pièce à hauteur d'appui, est rehaussé de peinture polychrome dans les tonalités ocre, marron et vert.

  • Murs
    • schiste
    • ciment
    • enduit
    • moellon
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble
  • Typologies
    hôtel sur rue

Données complémentaires architecture Rennes

  • DENO
  • HYPO hôtel maison
  • PHYPO
  • NOTA décor en relief décor polychrome ; épis de faîtage ; cheminée ; remise
  • SCLE1 1890
  • IMPA parcelle sur rue
  • CBATI isolé
  • IMBATI sur rue
  • PERP
  • PASSAGE passage latéral
  • ESPAL absence
  • ESPAP jardin en fond de parcelle
  • TAPA
  • BOUTIQ
  • NACC
  • AUTO
  • ACC1
  • ACC2
  • ESCAFO
  • ESCAPO
  • RDC
  • ETAGE
  • ENTRESOL
  • COMBLE
  • ATTIQUE
  • TRAV1
  • TRAV2
  • TRAVANGLE
  • MUR
  • ANGLE
  • ORIEL
  • BALCON
  • IAUT nsp
  • ICHR typicum
  • IESP unicum aire d'étude
  • ICONTX structurant
  • ITOPO site d'industrie
  • PINTE Édifice daté, construit sur une parcelle baignée par un ancien bras de la Vilaine, témoin du goût des principaux entrepreneurs rennais. Les initiales du commanditaire sont visibles au dessus de la porte de cette élégante demeure, proche du petit hôtel urbain, sans doute dessinée par l'architecte Guidet, auquel on doit plusieurs petits hôtels néo gothiques dans Rennes. On retrouve un procédé fréquent chez cet ingénieur, qui juxtapose une tour d'escalier hors oeuvre et des volumes appuyés par des décrochements de façade ou encore de profonds balcons. Ici, on peut remarquer un traitement particulièrement soigné du décor : souches de cheminées, motifs polychromes et importance du relief mais aussi une belle clôture de jardin et une remise à voitures en pan de bois.
  • POS 3
  • SEL sélection requise
  • PART
  • NATURE
  • RESEAU
  • MORPHO
  • IMPBA
  • SURF
  • LOTS
  • VOIES
  • PRESC
  • VEGETAL
  • OBS
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • [1902-1911]. A. C. Rennes. Matrices cadastrales ; registre 34. Ville. Propriété bâtie (1902-1911) .

    Archives communales de Rennes
  • ANDRIEUX Jean-Yves, LAURENT Catherine (éd.). Quelques souvenirs, Jean Janvier, Maire de Rennes. Rennes : P.U.R., 2000.

    p. 41
Date(s) d'enquête : 1996; Date(s) de rédaction : 1999
Dossiers de synthèse
Articulation des dossiers