Conçu par l'agence parisienne Talma & Béguin, en application de la loi Loucheur, le programme comprend 136 logements collectifs répartis dans trois immeubles et 59 logements individuels.
Conforme aux exigences de la standardisation, qui doit permettre de réaliser des logements économiques, les logements individuels sont répartis dans des maisons à plusieurs unités d'habitation.
Le projet vise également à mettre à la disposition des habitants des logements aux normes d'hygiène qui s'appuient sur une définition des conditions de vie.
Le projet s'inscrit dans le but de standardisation et d'économie préconisé par la loi Loucheur, comme l'indique l'architecte dans un courrier adressé au bureau d'hygiène le 27 juin 1931.
La hauteur réglementaire sous plafond de 2,80 m pour le rez-de-chaussée et le premier étage, applicable aux immeubles, n'est pas jugée nécessaire pour les maisons individuelles entourées de jardins. La hauteur est donc fixée à 2,70 m, donnant un cubage supérieur à celui exigé par le règlement.
La surface minimum exigée par la loi Loucheur est de 9, 2 m2 pour les chambres et de 5, 2 m2 pour la cuisine (article 33/84).
L'architecte rappelle, en ce qui concerne les cuisines, qu'"il ne s'agit point en effet de cuisines proprement dites, mais d'un prolongement de la salle commune, avec baie libre et cloison basse d'adossement à claire-voie, de façon à avoir un plafond continu, une aération indirecte, et une vue permanente. C'est l'alcôve-cuisine préconisée par les "règles et réglements" de la loi Loucheur, chapitre II, art. A, où il est demandé une surface d'alcôve de 3 à 6 m2, suivant l'importance des logements."
Le lotissement de la rue Arthur-Fontaine, contemporain des premières cités construites par l'office d'Habitations à Bon Marché, est remarquable à plusieurs titres.
Il est exemplaire du rôle de l'office départemental dans le développement du logement social jusqu'à la fin des années quarante, suivant une simple procédure de lotissement. Le plan dessiné par Raymond Talma et Roger Béguin s'apparente très exactement aux lotissements de type poche, où les lots sont desservis par une impasse. Ici la situation et la taille du terrain permettent la création d'un réseau de voies qui s'apparente à une cité jardin, protégée du boulevard par deux immeubles qui en marquent l'entrée. Ce plan sera réutilisé par Testard du Cosquer, en 1937, pour son projet de cité, rue de Saint-Malo. Cet ensemble se distingue des réalisations contemporaines qui prennent la forme de logements collectifs, celles d'Emmanuel Le Ray en 1928, pour le Foyer Rennais, ou de Georges Lefort, en 1929, rue Pierre-Martin.
Les maisons à plusieurs unités d'habitation sont ici construites selon plusieurs plans-types, exemplaires du souci hygiéniste : la cuisine, dite laboratoire cuisine, est ouverte sur la salle commune, les WC sont accessibles depuis le porche dans oeuvre, une cave remplace le traditionnel cellier.
Les grands immeubles, très malheureusement rénovés, rappellent ceux du boulevard de La-Tour-d'Auvergne, construits quelques années plus tard par les mêmes auteurs, dont la cité constitue la première réalisation identifiée à Rennes.