Bien que partiels et en grande partie vidés de leur contenu, les vestiges du Grand Breil sont encore suffisamment parlants pour donner une idée du luxueux logis construit dans les premières années du 16e siècle par le riche Thomas Feillée, contrôleur général des deniers de la ville. Il s´agit d´un vaste logis à salle basse unique, montant de fond jusqu´au comble, directement issu du type sous charpente. Il est probable que dans le cas du Grand Breil, cette grande salle, largement éclairée au nord et au sud par deux baies à croisée de bois, était plafonnée dès l´origine et non selon l´ancien usage des 14e et 15e siècles surmontée d´une charpente apparente. La disparition de la cheminée de cette salle, dont la richesse est signalée par P Banéat, lors du démontage des murs de refends au début du 20e siècle ne permet pas de trancher absolument cette question. Au delà du mur de refends disparu qui fermait la salle à l´ouest et portait la cheminée se trouvaient deux chambres sur caves : les murs gouttereaux sud et nord gardent la trace de leurs anciennes portes de communication. Ainsi le « somptueux édifice » construit par Thomas Feillée (1), ne comportait pas moins de trois chambres, une cuisine, une vaste salle et deux caves, luxe relatif si on le rapporte aux imposant ensembles contemporains de la Haute-Martinière, de la Motte au Chancelier et de la Prévalaye, mais sans doute réel en considération de l´extraction roturière de ce personnage, bourgeois enrichi dans la gestion des comptes de la ville et non encore anobli. La formule choisie au Grand Breil, celle du logis à salle basse unique, est également celle retenue à la même époque au logis de Villeneuve, dont un dessin de 1830 nous donne une image fidèle.
Au début du 19e siècle le manoir est demeuré inchangé, comme le montre le cadastre de 1812. Celui de 1842 par contre figure, greffé contre le pigon est de l´ancien logis, un tout nouvel alignement. Détail d´importance, ce plan marque une ligne de séparation qui empiète sur la masse de l´ancien logis et incorpore, immédiatement à l´est du perron d´accès à la grande salle, la partie de l´édifice incluant au rez-de-chaussée la cuisine et à l´étage une des chambres du manoir.
(1) Article du Dr Gérard Sèvegrand « une ancienne seigneurie de Saint Grégoire, Launay Romelin au XVIe siècle » in Bull et mem de la soc arch d´Ille et Vilaine t CI, 1998.