Signalé par P. Banéat comme « ancienne retenue de la Pilonnière », cet important logis en terre remonte au milieu du 17e siècle. La façade sud a été remaniée, en particulier les anciennes fenêtres des deux tiers ouest de l´étage ont été remplacées au 19e siècle par des gerbières. La façade arrière du logis, au nord qui conserve ses fenêtres d´origine à traverse et vantaux à petits panneaux montre bien qu´il s´agissait à l´origine d´un étage habitable, ce que confirme également l´épaisseur de la souche de cheminée médiane qui abrite vraisemblablement quatre conduits.
Bien qu´il n´ait pas été possible de visiter l´édifice, la lecture de la façade, permet d´identifier au rez-de-chaussée, à l´ouest un cellier ou une étable associé à l´habitation du fermier, à l´est une pièce à feu directement accessible depuis la cour, qui semble avoir commander l´accès vers les chambres de retenue à l´étage. L´ancien escalier conduisant vers l´étage devait se trouver dans cette dernière pièce entre la cheminée et le mur de façade. Il semble
L´autre intérêt de la Pilonnière est de présenter une évolution du système de maison partagée qui révèle au moins trois étapes principales entre le milieu du 17e siècle et la deuxième moitié du 19e siècle.
L´état ancien dans lequel le propriétaire se réserve les deux tiers du logis une chambre basse à l´est et deux autre chambres à l´étage a probablement duré jusqu´au début du 19e siècle, puisque sur le cadastre de 1812, un seul et unique jardin est représenté au nord du logis. La porte arrière, actuellement murée au nord, associée à l´armoire murale de la salle du fermier ne devait pas donner dans ce jardin réservé au propriétaire, mais dans un petit appentis, en terre ou en pan de bois, représenté sur les deux plans de 1812 et de 1842. L´ancienne grange, en pan de bois subsiste sur le côté ouest de la cour : elle abrite aujourd´hui un pressoir.
En 1842, la situation est différente : d´une part la cour elle-même au sud est divisée en deux parties avec usage commun du puits, et le jardin au nord est également divisé en deux, la majeure partie qui forme un carré à l´est étant réservé au propriétaire. A cette date la propriété est partagée, le logis lui-même est divisé verticalement en deux. Les deux tiers du côté ouest sont désormais réservés au fermier et l´ancienne chambre de l´étage est déclassée en grenier. Le tiers restant, à l´est est conservé par le propriétaire. Cet état représenterait une deuxième étape de l´évolution de l´édifice.
Enfin, dans un troisième temps, sans doute dans la deuxième moitié du 19e siècle, deux fermiers différents se partagent le rez-de-chaussée de l´édifice. Une porte est alors percée à mi-hauteur dans la façade sud, immédiatement à l´est du refends pour permettre un accès direct à la chambre de retenue de l´étage. Cette dernière est agrandie au nord par l´ajout d´un appentis à étage accolé près du pignon est. Une nouvelle grange en terre, non représentée sur le plan de 1842, est alors construite sur le côté est de la cour, pour répondre aux besoins du deuxième fermier.
La maison de la Pilonnière est à comparer à celle des Hauts-Talus toute proche. Les deux édifices sont sensiblement contemporains, entièrement construits en bauge, tous deux sont des maisons de retenue et sont couverts d´un toit à croupes. Les différences sont toutefois importantes. Alors qu´à la Pilonnière c´est un mur de refends en dur qui porte les quatre cheminées superposées et adossées, aux Talus les cheminées sont reportées dans les pignons et le volume est recoupé par une simple cloison en pan de bois et torchis. Autre différence, celle du nombre de cheminées, quatre à la Pilonnière contre trois seulement aux Talus.