Le recensement de l'ensemble du patrimoine bâti antérieur au milieu du 20e siècle a permis l'établissement de 107 dossiers individuels concernant des maisons et des fermes ; celles-ci sont appréhendées de manière globale, leurs parties constituantes, les parties agricoles, les puits ou les fours, par exemple, ne sont pas traités séparément. Leur nombre représente environ 61 % des immeubles recensés par l'Insee en 1946. Ces bâtiments ont fait l'objet d'une analyse typologique dont les résultats permettent de dégager un certain nombre d'observations générales présentées ci-après. Les édifices restants (54) sont traités collectivement dans le dossier intitulé Maisons et fermes non analysées.
Les matériaux
Si les ressources du sous-sol local ont pu être ponctuellement utilisées, comme au lieu-dit du Rocher où l'extraction d'une pierre de grès a servi aux constructions environnantes, la majorité des matériaux de construction utilisés sur la commune provient de carrières plus importantes situées sur les communes de Saint-Germain-sur-Ille et Gahard.
Les édifices les plus anciens sont systématiquement construits en pierre, généralement un moellon de grès. L'emploi de la bauge apparaît au cours du 19e siècle, combiné à la maçonnerie traditionnelle. Au-dessus d'une maçonnerie de moellon de grès montant sur toute la hauteur du rez-de-chaussée, la terre est généralement utilisée au niveau du surcroît du comble ; son utilisation se limite parfois à la partie supérieure des murs, à des surélévations, ou encore, aux parties agricoles isolées du logis lorsque celui-ci est construit en pierre. La mise en oeuvre traditionnelle de la bauge au-dessus d'un solin de pierre, telle que l'on peut l'observer dans le bassin rennais à la même époque, reste exceptionnelle.
Cette utilisation partielle de la bauge, en particulier au cours de la 2e moitié du 19e siècle, semble correspondre à la période de diffusion la plus faste de cette technique de construction, cependant les maçons locaux, soit faute d'un véritable savoir-faire ou plus certainement par attachement à la maçonnerie de pierre -d'importantes dépendances agricoles comme des granges sont en effet totalement élevées en terre -, ne l'utilisent majoritairement que dans les parties supérieures des murs.
En effet, un grand nombre de bâtiments reste à cette période entièrement construit en pierre, tandis qu'à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, certaines constructions utilisent un moellon de grès soigneusement taillé en un petit appareil régulier, les encadrements de baies et les chaînes d'angle étant en pierre de taille de granite.
La typologie
L'analyse typologique des logis de fermes met en évidence un type récurrent que l'on retrouve sous différentes formes depuis la fin du 16e siècle jusqu'à la fin du 19e siècle. Ce type est celui du logis à fonctions combinées avec, pour les édifices les plus anciens, une pièce unique et une étable surmontées d'un grenier, puis au 19e siècle, une combinaison plus complexe se déclinant généralement en longueur par la juxtaposition d'une pièce d'habitation et de parties agricoles (étable à vaches, étable à chevaux, laiterie, cellier, grange) surmontées de greniers et construites sous le même toit. Certaines dépendances sont parfois construites en appentis latéral ou postérieur, la porcherie et le fournil étant presque toujours construits de manière isolée.
Quelques logis, pour la plupart construits au milieu du 19e siècle, présentent une distribution plus complexe engendrée par la présence d'un étage : au-dessus du rez-de-chaussée occupé par une salle et une étable (ou un cellier), le niveau supérieur du bâtiment se divise en une chambre chauffée plafonnée, quelquefois au-dessus de l'étable, et un grenier.
A la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, le logis à fonctions combinées tend à disparaître : le logis devient à seul usage d'habitation (une ou deux pièces), les dépendances, en particulier celles abritant des animaux, sont construites dans des bâtiments indépendants et plus éloignés.
Moins nombreuses que les fermes, les maisons recensées à Andouillé-Neuville présentent assez peu de variété typologique. Il s'agit dans la majorité des cas de maisons à pièce unique, plus rarement de maisons à deux pièces. La présence d'un étage carré, généralement associé à une composition à travées, est également rare ; elle se manifeste uniquement dans le bourg à la fin du 19e siècle.
La chronologie
La répartition chronologique des édifices repérés permet de constater qu'une forte majorité des maisons et des fermes d'Andouillé-Neuville ont été construites au cours du 19e siècle. En effet, seul un faible nombre d'édifices sont antérieurs à cette période, les vestiges les plus anciens conservés sur la commune remontant au 16e siècle. Une période assez faste semble pouvoir être identifiée au 17e siècle avec 17 maisons ou fermes comportant au moins des éléments de cette époque et quelques bâtiments bien conservés comme aux Louvières ou à Princé. Le 18e siècle est bien peu représenté avec seulement 5 bâtiments. En revanche, 69 maisons et fermes ont été construites ou reconstruites au 19e siècle, avec une forte augmentation du nombre de constructions à partir du milieu du siècle et ce, jusqu'au 1er quart du 20e siècle.
Photographe à l'Inventaire