Extrait de : Théodore CHALMEL, p.89.

Description des marais salants.

En 1736, le comte de la Garaye créa des salines à la Goutte. Elles occupaient deux cents journaux de terre en Saint-Père et en Saint-Suliac. On en distingue encore tout le système. Il comprenait dix-huit compartiments, alimentés par le jeu des grnades marées et communiquant entre eux au moyen d'écluses et de " nocques ". Chaque bassin, peu profond, revêtu de terre glaise battue, était entouré de larges levées sur lesquelles se disposaient les "mulons" ou tas de sel. L'eau de la mer pénétrait d'abord dans la grande vasière où elle se débarassait des corps étrangers : vase, sable, goémon, coquillages, matières végétales ou organiques. Ensuite, elle passait dans la saline, circulait dans la série des oeillets, se concentrait peu à peu sous l'action combinée de l'air et du soleil. A la suite de cette évporation, elle arrivait dans le champ du paludier très chargée de sel environ 27 à 28 kgs par mètre cube. Avec une " lousse ", les femmes recueillaient le sel blanc qui flottait en fins cristaux au-dessus de la couche. Le saulnier manoeuvrait sa " lasse " et récoltait le sel grisâtre resté au fond. Il le disposait en " mulons " au bord des " oeillets ". Ces petits tas, massés en un seul, étaient transportés au bout de la " Digue des Ormes " où s'opéraient les chargements, à destination des villes voisines.

Le sel de la Goutte, tendre, de saveur agréable, était très estimé. La production ne suffisait pas à satisfaire toutes les commandes. Cependant les armateurs ne l'utilisaient pas. On prétendait qu'il se dissolvait trop rapidement et donnait trop de poids à la morue.

Cette industrie avait necessité la création d'un poste de douaniers, dont la mission était de surveiller les travaux et sauvegarder les droits de l'Etat. A un moment donné, on comptait 20 hommes sous les ordres d'un lieutenant, de deux brigadiers, commandés par un capitaine.

Extrait de : Théodore CHALMEL, p.90.

Les paludiers.

Le travail du paludier ne consistait pas seulement dans l'extraction du sel, mais aussi dans l'entretien des vasières, digues, levées, écluses, nocques et oeillets. A titre de rémunération, le paludier avait droit à tout le sel blanc, à un quart du sel gris, aux trois quarts du poisson, aux pâturages des levées et digues. La pêche des anguilles, en Carême, étaient d'un bon rapport. Tous ces avantages réunis constituaient un gain rémunérateur. Aussi le paludier, jouissait-il d'une aisance relative et d'une certaine considération. Dès les débuts, les paludiers du bourg de Batz, du Croisic et de Guérande vinrent exploiter les premières salines. Ils se fixèrent au pays et donnèrent naissance aux familles Beliot, Coët, Daniel, Delacroix, Friard, Landays, Lebert, Millot, Pelliard, Olliveaux, Quélavoine, Rouxel, qui empruntèrent les prénoms de la région malouine : Malo, Servan, Suliac, Lunaire, Nicolas, Guinoux, etc..., transmis à leurs descendants.

20063517145NUCA : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine

20063517149NUCA : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine