Ancienne abbaye de bénédictines. L´abbaye à ses débuts était un établissement double, abritant une communauté de femmes et une communauté d´hommes établie à environ 500 mètres de la première. Les moniales et frères condonats étaient placés sous l´autorité de l´abbesse. Au 14 ou 16e siècle, la communauté d´hommes disparaît. Notre-Dame du Nid-au-Merle est l'une des quatre abbayes féminines que comptait la Bretagne à l´époque médiévale avec celles de Saint-Georges à Rennes, Locmaria à Quimper et la Joie à Hennebont. Rattachées à l´ordre de Fontevrault, les moniales suivaient la règle bénédictine. A quelques centaines de mètres du bourg actuel, l´ancienne abbaye borde la route menant à Liffré. Cet établissement religieux fut fondé en plein coeur de la forêt rennaise. Les anciens bâtiments conventuels sont aujourd´hui occupés par l´association les Papillons Blancs. Etant donné les destructions d´archives occasionnées par les incendies dont eut à souffrir l´abbaye, nous ne conservons pas d´acte de fondation. Les historiens ont ainsi fourni plusieurs hypothèses, Dom Anger plaçait la fondation en 992 lorsque Conan Ier régnait sur la Bretagne. Dom Morice proposait quant à lui la date de 1115. A. de la Borderie la fixait en 1120. Il est impossible de trancher entre ces différentes propositions. On sait par contre de manière certaine qu´en 1117 l´établissement était fondé puisque une charte datée de cette même année atteste de multiples donations d´églises et prieurés faites à l´abbaye nouvellement fondée. C´est en ce début de 12e siècle que deux des compagnons de Robert d´Arbrissel, Raoul de la Fustaye et Aubert quittent leur monastère de Saint-Jouin de Marne dans le Poitou pour venir fonder sous la règle fontevriste l´abbaye de Saint-Sulpice ou Nid de Merle. Le nouvel établissement suit donc le modèle adopté à Fontevrault, c´est-à-dire qu´il existait à Saint-Sulpice deux monastères distincts, l´un pour les femmes, le second pour les hommes ou frères condonats. Ces deux communautés étaient distantes d´environ 500 mètres et les moines étaient établis au lieu dit la Butte aux moines. Les deux communautés étaient placées sous l´autorité de l´abbesse et les hommes ainsi soumis aux religieuses. Ces deux communautés suivaient la règle de Saint-Benoît. On ne conserve aujourd´hui aucune trace matérielle de l´existence du monastère masculin. L´abbaye est placée sous la protection des ducs Conan III et IV qui contribuent à la prospérité de la communauté par de nombreuses donations. Les possessions de Saint-Sulpice s´étendaient en Bretagne, Pays de Loire et jusqu´en Angleterre. A partir du 14e siècle l´abbaye connaît des difficultés, à commencer par les conséquences néfastes de la guerre de succession de Bretagne. L´abbaye est détruite puis pillée à plusieurs reprises. Les moniales n´échappent pas non plus à l´épidémie de peste noire de 1583, qui les oblige même à quitter le monastère durant un certain temps. Par la suite, ce sont les incendies à répétition qui posent souci aux religieuses. En 1556, un premier feu détruit les bâtiments ; en 1616 une tempête endommage l´église. En 1651 un second incendie ruine à nouveau les bâtiments n´épargnant que l´église abbatiale. Enfin, en 1701, l´abbaye affronte un ouragan puis un nouvel incendie source de problèmes financiers importants pour la communauté. La réforme Mauriste est introduite à Saint-Sulpice par l´abbesse Marguerite d´Angennes au 17e siècle. Cette dernière participe également à la restauration complète des bâtiments. Suite à la Révolution, les religieuses sont contraintes de quitter l´abbaye mise en vente en 1792. Puis, se succèdent de nombreux propriétaires et, au cours du 19e siècle, le monastère sert de carrière de pierre. C´est en 1970 que l´association Les Papillons Blancs rachète l´ensemble des édifices puis cède en 1989 les ruines de l´ancienne abbatiale au Conseil Général d´Ille-et-Vilaine. Une première inscription à l´Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques a lieu en décembre 1926 concernant les vestiges de l´abbaye. La chapelle Notre-Dame-sur-l´eau est classée en 1992, les vestiges de l´église et les sols de celle-ci et de l´ancien cloître sont également classés en 1993. Notons enfin qu´une campagne de fouilles s´est déroulée sur le site en 1982 et que durant plusieurs années une importante campagne de consolidation et de restauration des vestiges de l´ancienne abbatiale a été menée sur le site, aujourd´hui ouvert au public. De l'époque médiévale on conserve les ruines de l´ancienne abbatiale datée du 12e siècle ; la chapelle Saint-Raoul qui lui est accolée au Sud du transept ; la porterie du 15e siècle ; un moulin banal de la fin 14e début 15e siècle ainsi que la chapelle Notre-Dame-sur-l´eau du 15e siècle. D´autres bâtiments monastiques sont encore en place aujourd’hui mais datent des 17 ou 18e siècle : il s´agit d´un pavillon situé à l´est du bâtiment de la porterie et de l´ancienne infirmerie servant de locaux à l´association.
Mélanie Cros, Enquête thématique régionale, 2006.
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