La commune de Livré-sur-Changeon est l'une des rares à avoir conservé quelques spécimens de maisons à porches en Bretagne. Il existe quelques autres exemples à Vitré ou La Guerche-de-Bretagne ou encore à Dinan dans les Côtes d'Armor. Ce type de maisons ne subsiste le plus souvent qu'à l'état de vestiges, en effet, nombreux sont les cas où il ne reste qu'un ou deux spécimens dans une rue ou sur une place. Pourtant, à l'origine, ces maisons à porches étaient accolées les unes aux autres, le but étant de créer un passage couvert continu le long d'une rue ou d'un côté d'une place. En effet, ces maisons étaient avant tout des lieux de commerce, le rez-de-chaussée abritait l'ouvroir, atelier dans lequel le propriétaire fabriquait les marchandises qu'il proposait à la vente sous le porche. Le porche était donc un espace destiné à l'entreposage des marchandises destinées à la vente ; cet espace couvert permettait d'abriter les marchandises et les acheteurs des intempéries tout en permettant un gain de place à l'intérieur de la maison. Le mode d'achat de cette époque était en effet bien différent du mode d'achat actuel qui consiste à entrer dans une boutique pour acheter des marchandises. A la fin du Moyen Age, les acheteurs restaient à l'extérieur du bâtiment pour acheter puisque le rez-de-chaussée était l'atelier de fabrication du propriétaire. L'étage de ces bâtiments était réservé à la sphère privée, il s'agissait de la maison d'habitation du propriétaire. A Livré-sur-Changeon, ce sont les Jésuites qui obtinrent du Roi en 1607 l'établissement d'un marché tous les samedi et de quatre foires annuelles (1er février, 1er juillet, 14 août et 7 décembre) à Livré. Sous l'Ancien Régime, neuf maisons à porches s'élevaient sur la Place du Prieuré et témoignaient, par leur existence, d'une activité commerçante importante à Livré-sur-Changeon. En 1813, Julien Reuzeau, chirurgien demande à détruire son porche car, d'après ses dires, il n'y a plus de marché. La maison construite, qui a remplacée l'ancien porche, se trouve au numéro 13 de la Place du Prieuré. En 1854, le conseil municipal décide de l'alignement des maisons le long de la route principale Dol-Vitré, ce qui implique la démolition des porches. Cet aménagement entraîne également le déplacement du cimetière qui était jusqu'alors autour de l'église et l'aménagement d'une place. La place sera empierrée en 1864. Actuellement, il ne subsiste véritablement qu'un porche, au numéro 12 de la place du Prieuré. Une autre maison, dont le porche a été fermé, se trouve au numéro 9 de la place.