L’hippodrome de Marville, situé à l’est de Saint-Malo, accueille plusieurs fois par an des courses de trot et d’obstacle. Les premières courses de Saint-Malo furent créées en 1840 à l’initiative de riches propriétaires anglais et locaux. Pour ces premières courses, le financement vint du roi, du ministre de l’Intérieur, du conseil général et du conseil municipal, ainsi que d’une souscription ouverte aux habitants, qui permit aux organisateurs de choisir deux hippodromes. Le 16 octobre 1840, à 13 heures, une première course aux clochers (steeple-chase) d’environ 2 km, jalonnée d’un vaste fossé et de vingt obstacles, fut organisée sur le marais Rabot du bas des Masses à Paramé et remportée en huit minutes par Fanny-Hill, montée par son propriétaire M. Darcy. Le lendemain, une seconde journée est organisée avec au programme une course aux barrières en partie liée (épreuve qui se court deux fois, voire trois fois s’il y a une belle), et une course de haies sur la grève du Sillon. Les courses de steeple-chase et de barrières étaient dotées de 800 francs de prix, tandis que la course de haie était récompensée de 400 francs.
Deux ans plus tard, le 15 juillet 1842, la société des courses de l’arrondissement de Saint-Malo est créée avec M. Louis Hovius, maire de la Ville comme premier président. Les 8 et 9 septembre étaient organisées deux réunions de courses. En 1857, deux réunions de courses sont organisées, les 23 et 24 août. La première comporte deux courses de steeple-chase sur la prairie de Marville tandis que la seconde journée comporte une course de trot en partie liée et une course de haies organisée sur la grève du Sillon. Le 16 août 1858, après un tirage au sort entre Rennes et Saint-Malo, c’est la cité corsaire qui accueille le Grand derby de l’Ouest sur la plage. En 1870, la guerre étant déclarée, les courses des 13 et 14 août n’ont pas lieu sur le nouvel hippodrome des grèves de Chasles. Il faudra attendre 1872 pour la reprise des courses. En 1876, les courses ont de nouveau lieu sur la grève du Sillon. De trains amènent les spectateurs de Paris. Par la suite, les courses se dérouleront sur la grève de Chasles.
Malheureusement, ce terrain se transforme en un vaste marécage dès qu’il pleut. La société des courses de Saint-Malo décide donc de déménager l’hippodrome. Les terrains convoités sont ceux de Marville appartenant à la famille Surcouf et dont la Ville a déjà acquis une parcelle. Le 9 janvier 1904, le Conseil municipal décide d’aider la Société, alors présidée par Arthur Leroux, afin qu’elle puisse acheter ce terrain. L’arrangement stipule qu’au terme de l’amortissement, soit à la fin des trente années de l’emprunt, la Ville de Saint-Malo en deviendra le propriétaire. L’inauguration du nouvel hippodrome a lieu le 15 août 1904. Un meeting aérien et trois courses sont organisés. Il est situé à proximité des terrains marécageux de la grève de Chasles, sur la prairie de Marville et sur l’enclos des Hauts-Sablons. On construit une tribune pouvant accueillir 660 spectateurs et 12 boxes. Une piste de 1 200 mètres est dessinée. En 1906, on construit une deuxième tribune avec 10 boxes aménagés sous les gradins.
En 1908, la Société des courses achète l’abattoir et la ferme de la Ville-Alis pour pouvoir agrandir le site et construire de nouvelles tribunes en béton armé à l’ouest de celles existantes. Au cours des années le nombre de réunion va augmenter. En 1925, cinq journées de courses sont organisées, l’année d’après compte une réunion supplémentaire. En 1929, une septième journée est ajoutée. En 1939, l’hippodrome de Dinard, créé en 1885, ferme, laissant ses courses à Saint-Malo. En 1970, les courses de Matignon sont organisées à Marville. Au début des années 2000, d’importants travaux de rénovation sont entrepris. Avec ces nouveaux aménagements l’hippodrome se classe en première catégorie et accueille des courses PMU (Pari mutuel urbain). Aujourd’hui, grâce à l’implication des bénévoles, la société des courses de Saint-Malo organise quinze journées de courses par an, dont neuf « Premium », en avril, mai, juin, juillet, août et novembre, en trot, galop plat et obstacle (haies).
[Philippe Bonnet, étude d'inventaire, 2014]
En 2021-2023, l'hippodrome est l'objet d'importants remaniements : la tribune est et ses 10 boxes est détruite en 2021, suivie en cela par la buvette et les anciens boxes au sud, remplacés par des immeubles de logement en 2022. Des boxes neufs, un nouveau rond de présentation sont projetés pour 2023.
[Lionel Besnard, étude d'inventaire topographique, 2023]